« Nous avons été forcés de faire un tri de la survie humaine » : faute de fonds, l’ONU réduit drastiquement son aide humanitaire

Nouvelles menaces existentielles pour les programmes d’aides humanitaires. L’Organisation des Nations unies (ONU) a annoncé lundi 16 juin revoir drastiquement l’aide humanitaire pour cette année, à cause des « pires coupes financières qui ont jamais frappé le secteur humanitaire », selon un communiqué.

Alors que les crises humanitaires se multiplient, comme au Soudan, en Éthiopie, en République démocratique du Congo, en Ukraine, en Birmanie ou à Gaza confrontée au blocus humanitaire imposé par Israël…, le nouveau plan de 29 milliards de dollars, là où l’ONU sollicitait 44 milliards pour 2025, doit « hyper-prioriser » l’aide pour 114 millions de personnes au lieu de « 180 millions de personnes vulnérables », d’après le communiqué transmis par l’agence de coordination de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA).

Un arbitrage américain

« Nous avons été forcés de faire un tri de la survie humaine », a dénoncé Tom Fletcher, le sous-secrétaire général aux affaires humanitaires. Les Nations unies ont pu récolter que 5,6 milliards de dollars, soit seulement 13 % du total.

Cette réduction drastique est la conséquence directe du désengagement des États-Unis. En février, Donald Trump a supprimé 92 % des financements des programmes à l’étranger par l’USAid, l’agence américaine pour le développement international. Il entendait ainsi faire économiser « près de 60 milliards de dollars aux contribuables » avait annoncé l’administration Trump le 26 février.

Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU avait alors prévenu : « De l’aide humanitaire vitale au soutien aux communautés vulnérables qui se remettent de la guerre ou de catastrophes naturelles, du développement à la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue, les conséquences seront particulièrement dévastatrices pour les personnes vulnérables du monde entier ».

Jusque-là, les États-Unis étaient les principaux donateurs en matière d’aide au développement sous toutes ses formes et les sévères réductions de financement ont des conséquences dramatiques pour l’aide d’urgence, la vaccination ou encore la distribution de médicament pour lutter contre le sida.

Les fonds américains représentaient une part importante des budgets des agences de l’ONU ou de diverses ONG. Le secteur humanitaire est aujourd’hui contraint de mettre fin à une partie de ses activités.

Une échelle des gravités des besoins

« Les comptes sont cruels, et les conséquences sont déchirantes. Trop de personnes ne recevront pas l’aide dont elles ont besoin, mais nous sauverons autant de vies que possible avec les ressources qui nous sont données », promet Tom Fletcher.

Pour espérer faire autant que possible avec moins de moyens, l’ONU veut mettre l’accent sur deux objectifs : atteindre les personnes et les endroits confrontés aux besoins les plus urgents et s’appuyer sur les plans d’aide déjà établis pour que les ressources soient dirigées là où elles peuvent être le plus utiles et le plus rapidement possible. Les Nations Unies vont s’appuyer sur une échelle qui classe la gravité des besoins humanitaires. Elles vont ainsi prioriser les zones classées niveau 4-5, « indiquant des conditions extrêmes ou catastrophiques ».

« Tout ce que nous demandons, c’est 1 % de ce que vous avez choisi de dépenser l’année dernière pour la guerre. Mais ce n’est pas juste un appel à l’argent, c’est un appel à la responsabilité globale, à la solidarité humaine, à un engagement pour mettre fin à la souffrance », enjoint Tom Fletcher.

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