Injustement enfermé pendant 104 jours, le militant palestinien Mahmoud Khalil attaque l’administration Trump en justice
Il l’a annoncé à son retour dans l’État du New Jersey, le 21 juin dernier, après avoir été injustement enfermé pendant trois mois en prison : « Je ne cesserai jamais de protester. » Ancien étudiant à l’université de Columbia, à l’avant-garde des mobilisations en soutien à la bande de Gaza ravagée par un génocide, le Palestinien Mahmoud Khalil a déposé plainte, jeudi 10 juillet, contre l’administration Trump. Chassé par la Maison Blanche, qui souhaitait en faire un exemple, il réclame réparation après 104 jours de détention politique.
L’ex-étudiant demande 20 millions de dollars en compensation ou des excuses publiques du gouvernement états-unien, a-t-il annoncé dans un communiqué. S’il arrive à contraindre l’administration Trump à régler cette somme, Mahmoud Khalil compte user de ces dommages et intérêts « pour aider d’autres personnes visées de la même manière », annonce le Centre pour les droits constitutionnels (CCR), qui le représente en justice.
« Rien ne pourra racheter les 104 jours qui m’ont été volés »
« C’est le premier pas vers la justice, estime Mahmoud Khalil dans sa plainte. Rien ne pourra racheter les 104 jours qui m’ont été volés. » Le militant rappelle que « le même gouvernement qui m’a pris pour cible pour l’avoir dénoncé utilise l’argent des contribuables pour financer le génocide israélien en cours à Gaza ». C’est pourquoi il « demande des comptes au gouvernement américain, non seulement pour moi-même, mais aussi pour tous ceux qu’il tente de réduire au silence par la peur, l’exil ou la détention ».
Arrêté le 8 mars dans le hall de son appartement universitaire, devant sa femme alors enceinte – il n’aura jamais pu assister à l’accouchement -, le porte-voix des soutiens à la Palestine estime que les « mauvais traitements subis » lui ont causé « une grave détresse émotionnelle, des difficultés économiques, des dommages à sa réputation et une atteinte significative à ses droits ». Sa carte verte, preuve de son statut de résident permanent, a été révoquée, tandis que l’embauche qui lui était promise, conseiller politique pour Oxfam International, a été annulée.
Né en Syrie de parents palestiniens, titulaire d’une carte de résident américain, Mahmoud Khalil avait été arrêté par des agents en civil de la police fédérale des frontières (ICE). L’administration Trump l’accusait d’être un « soutien du Hamas » et justifiait la procédure d’expulsion par le risque qu’il ferait courir à la « politique étrangère » états-unienne. Il avait été ensuite transféré dans un centre de détention pour migrants en Louisiane, à des milliers de kilomètres de ses proches.
Le constat d’une arrestation politique, partagé par des centaines de soutiens ayant battu le pavé comme par ses avocats, s’est ainsi imposé. L’objectif de la Maison Blanche paraissait alors clair : museler, par l’exemple, toute contestation de la guerre génocidaire menée par Israël dans la bande de Gaza.
Le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) continue, de son côté, de qualifier ces accusations d’« absurdes ». L’administration Trump affirme agir « dans le cadre de son autorité statutaire et constitutionnelle pour détenir Khalil, comme elle le fait avec tout étranger qui prône la violence, glorifie et soutient les terroristes, harcèle les juifs et endommage des biens », a répondu une porte-parole du DHS, Tricia McLaughlin, à l’Agence France-Presse (AFP). Malgré sa libération, le combat de Mahmoud Khalil est donc loin d’être terminé. Prochaine étape : réussir à obtenir l’annulation de la procédure d’expulsion le visant, toujours en cours.
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