« Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza » : Donald Trump affirme son projet colonisateur et conforte Benyamin Netanyahou

Premier dirigeant étranger invité à la Maison Blanche, Benyamin Netanyahou peut être satisfait. Sa politique génocidaire dans les territoires palestiniens a été appuyée par son allié surpuissant, Donald Trump, et les déclarations de ce dernier viennent de propulser cette guerre dans une nouvelle dimension. Le président des États-Unis a pris de court le premier ministre israélien, comme la communauté internationale, en annonçant, mardi 4 février, vouloir s’approprier un « chantier de démolition » vidé de sa population et arraché à son histoire : Gaza.

« Les États-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza et nous allons faire du bon boulot avec, a ainsi lancé l’ancien promoteur immobilier, pour lequel le sort des Palestiniens compte peu face à ses ambitions impérialistes. Il pourrait s’agir de sites nombreux ou d’un grand site. Les gens pourraient vivre dans le confort et la paix et on va s’assurer que quelque chose de spectaculaire sera fait. »

« Ce n’est pas une décision prise à la légère »

Le président républicain poursuit ainsi son entreprise enclenchée ces dernières semaines, en réaffirmant vouloir contraindre les Gazaouis à vivre en Jordanie ou en Égypte, malgré l’opposition de ces pays et des Palestiniens eux-mêmes. « Ce n’est pas une décision prise à la légère », a-t-il appuyé lors d’une conférence de presse réalisée en compagnie du premier ministre israélien. Et ce, alors que de nombreux Palestiniens – déplacés par la guerre ayant causé la mort de 61 709 d’entre eux, selon les données du ministère de la Santé du Hamas – ont profité de la trêve pour retrouver leur terre, ravagée par les bombardements israéliens. Plus d’un demi-million de Palestiniens a déjà regagné le nord du territoire.

Donald Trump affirme ainsi son projet politique impérialiste et colonisateur, dont le débouché serait la création d’une « Côte d’Azur du Moyen-Orient ». Le tout sous couvert d’un « humanisme » de façade, alors que le dirigeant états-unien répète vouloir sortir les Palestiniens de cet « enfer ». Le chef d’État enterre surtout les espoirs d’un État pour des Palestiniens qui ont vu leur territoire être fracturé entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, au gré des ambitions expansionnistes d’Israël.

« Nous en prendrons possession et serons responsables du démantèlement de toutes les bombes dangereuses qui n’ont pas explosé et de toutes les armes », imagine Donald Trump, en soulignant que les États-Unis allaient « aplanir la zone et se débarrasser des bâtiments détruits », afin de développer économiquement le territoire palestinien. S’il n’a pas expliqué comment ce projet pourrait se réaliser – ni sur quel laps de temps -, le président des États-Unis a affirmé en avoir discuté avec d’autres pays dans la région du Proche-Orient, qui ont « adoré » l’idée, selon lui.

« L’Égypte a donné une réponse claire, la Jordanie a donné une réponse claire, et la réponse est un rejet d’un déplacement du peuple palestinien de la bande de Gaza », a rétorqué Riyad Mansour, ambassadeur de la Palestine aux Nations unies. Donald Trump doit recevoir Abdallah II, roi de Jordanie, dans la semaine, et s’est déjà entretenu au téléphone avec le président égyptien, Abdel-Fattah al-Sissi.

« Netanyahou peut revenir en Israël avec un plan »

De son côté, Benyamin Netanyahou en a profité pour afficher son entente avec le « meilleur ami qu’Israël ait jamais eu à la Maison Blanche ». De fait, le projet de Donald Trump « pourrait changer l’Histoire », s’est-il enjoué, alors qu’il a semblé pris de court par les annoncés de son hôte, prêt à détourner le regard sur la réalité du terrain.

Le premier ministre israélien pourrait, dans tous les cas, sortir gagnant de cet épisode. « Netanyahou peut revenir en Israël avec un plan, aussi irréaliste soit-il, qu’il pourra présenter à ses partenaires de coalition d’extrême droite dont dépend son avenir politique », estime ainsi le journal israélien Haaretz. De quoi espérer conserver Bezalel Smotrich, ministre des Finances aux positions suprémacistes, et ses soutiens au sein de sa coalition.

Le premier ministre en a aussi profité pour affirmer qu’un accord de normalisation des relations entre l’Arabie saoudite et Israël allait « se faire ». Affirmation que Ryad a immédiatement démentie : « L’Arabie saoudite poursuivra sans répit ses efforts pour l’établissement d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem-est comme capitale et n’établira pas de relations diplomatiques avec Israël sans cela. »

Les annonces des deux chefs d’État représentent une « recette pour créer le chaos » au Proche-Orient, estime Sami Abu Zuhri, l’un des dirigeants du Hamas. L’ambassadeur palestinien aux Nations unies, Riyad Mansour, a de son côté appelé les dirigeants du monde à « respecter les souhaits du peuple palestinien », à savoir : « Reconstruire Gaza, les écoles, les hôpitaux, les routes, les infrastructures, les bâtiments et les maisons parce que c’est leur place, et ils adorent vivre là. » Il ajoute, dans un échange avec la presse : « Notre pays et notre maison, c’est la bande de Gaza, elle fait partie de la Palestine. »

Les sorties de Donald Trump ont ainsi pris le pas sur de possibles annonces quant à une évolution du cessez-le-feu en cours. La première phase de la trêve a permis, jusqu’à présent, la libération de 18 Israéliens et d’environ 600 Palestiniens, comme la réouverture de la bande de Gaza à l’aide humanitaire. La deuxième phase doit permettre la libération des derniers otages et la fin définitive de la guerre.

Le Hamas a annoncé, mardi 4 février, que « les contacts et négociations pour la deuxième phase » du cessez-le-feu avaient « commencé ». Le gouvernement israélien a quant à lui expliqué qu’il enverrait « en fin de semaine » une délégation au Qatar, l’un des trois pays médiateurs avec les États-Unis et l’Égypte, pour discuter de la poursuite de la trêve, dont la fragilité ne cesse d’être remise en lumière.

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