États-Unis : Mahmoud Khalil, prisonnier politique palestinien, doit être libéré dans les prochains jours, estime la justice

Fer de lance des mobilisations en soutien à la Palestine au sein de l’université de Columbia, Mahmoud Khalil pourrait sortir de prison dès cette semaine. Le juge fédéral de l’État du New Jersey, Michael Farbiarz, a décidé, mercredi 11 juin, que la détention de l’ancien étudiant porte atteinte de manière « irréparable » à sa carrière, sa famille et à son droit à la liberté d’expression.

Il restera en détention au moins jusqu’à vendredi matin, date limite pour que l’administration Trump puisse faire appel. « La décision du tribunal constitue la plus importante défense des droits de Mahmoud à ce jour, a déclaré Ramzi Kassem, l’un des avocats du militant. Mais nous ne serons pas tirés d’affaire tant que Mahmoud ne sera pas libre et de retour chez lui avec sa femme et son enfant. »

« Je défendais une Palestine libre et la fin du génocide à Gaza »

Né dans un camp de réfugiés palestiniens à proximité de Damas, en Syrie, Mahmoud Khalil a servi d’exemple à la Maison Blanche, qui entend réduire à néant les mouvements de soutien aux Gazaouis et Cisjordaniens, victimes de la politique coloniale et génocidaire d’Israël. « Mon arrestation est la conséquence directe de l’exercice de mon droit à la liberté d’expression, alors que je défendais une Palestine libre et la fin du génocide à Gaza », résumait le principal intéressé dans une lettre envoyée au journal britannique The Guardian.

« Le cessez-le-feu de janvier étant rompu, les parents de Gaza doivent à nouveau se contenter de draps trop petits, et les familles sont contraintes de choisir entre la famine et les déplacements forcés, d’une part, et les bombes, d’autre part, condamne-t-il. Il est de notre devoir moral de poursuivre la lutte pour leur liberté totale. »

Arrêté le 8 mars dans le hall de son appartement universitaire, par le Department of Homeland Security (DHS), un service de police chargé du contrôle aux frontières, de réprimer l’immigration et de lutter contre le terrorisme, l’ex-étudiant doit être expulsé depuis trois mois. Des semaines d’attente passées dans un centre de détention fédéral situé à Jena, en Louisiane, à des milliers de kilomètres de New York, où il était domicilié avec Noor Abdalla, son épouse et leur fils, né pendant sa période de détention. « C’est la nouvelle que nous attendions depuis plus de trois mois », s’est-elle réjouie dans un communiqué publié par l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU).

Loin de se laisser abattre par la justice, l’administration Trump reste déterminée. La secrétaire à la Sécurité intérieure des États-Unis, Kristi Noem, a confirmé que la Maison Blanche avait l’intention de faire appel. « La décision d’aujourd’hui retarde la justice et vise à saper les pouvoirs constitutionnels conférés au président par l’article 2 (de la Constitution américaine), a confirmé une porte-parole, Tricia McLaughlin, dans un communiqué. Nous attendons d’une juridiction supérieure qu’elle nous donne raison. »

« Probablement inconstitutionnelle »

Le secrétaire d’État, Marco Rubio, justifiait l’arrestation de Mahmoud Khalil – comme son intention de l’expulser – par une loi rarement utilisée, qui lui donne ce pouvoir contre ceux qui représentent « des conséquences potentiellement graves pour la politique étrangère des États-Unis ». Le juge fédéral Michael Farbiarz avait pourtant statué que l’expulsion de l’activiste des États-Unis pour ces motifs était « probablement inconstitutionnelle ».

Dans sa nouvelle décision rendue mercredi, Michael Farbiarz a cité la déclaration de Mahmoud Khalil au tribunal la semaine dernière, selon laquelle la révocation de sa carte verte – et donc de son statut de résident permanent – avait compromis ses perspectives de carrière, notamment en raison de la décision d’Oxfam International de lui retirer une offre d’emploi de conseiller politique. Le juge a également souligné que cette décision dissuadait Mahmoud Khalil de participer à des manifestations protégées par la Constitution. « La Cour estime en fait que la carrière et la réputation du requérant sont endommagées et que sa liberté d’expression est entravée – ce qui constitue un préjudice irréparable », a estimé le juge.

Michael Farbiarz a noté dans sa décision que l’administration a également fait valoir que la détention et la procédure d’expulsion visant Mahmoud Khalil étaient dues à des omissions présumées dans sa demande de carte verte. Or, le juge a rappelé que la jurisprudence montrait que les détenteurs de carte verte n’étaient pratiquement jamais détenus pour de telles raisons.

Surtout, sa décision survient après la libération de plusieurs autres résidents légaux ciblés pour leur activisme, dont un autre étudiant palestinien de Columbia, Mohsen Mahdawi ; une étudiante de l’Université Tufts, Rumeysa Ozturk ; et un universitaire de l’Université de Georgetown, Badar Khan Suri. Mais, au vu de la communication de la Maison Blanche sur le cas de Mahmoud Khalil, érigé en symbole national de la résistance à l’autoritarisme de Donald Trump, sa liberté semble encore loin d’être acquise.

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