Après l’annonce des suppressions d'emplois chez Arkema, les syndicats dénoncent «un effet d'aubaine»

Les salariés et les représentants syndicaux d'Arkema ont fait part de leur inquiétude et de leur colère mercredi, au lendemain de l'annonce de la suppression de 154 emplois sur les 344 que compte le site de Jarrie en Isère. Une conséquence, selon le chimiste, de la nécessité de «recentrage sur les activités eau oxygénée, chlorate et perchlorate» face aux difficultés de Vencorex, son voisin et fournisseur de sel, principale matière première du site d'Arkema Jarrie. Les salariés sont en grève partielle depuis le mois de décembre, et ont voté la grève totale du site le 13 janvier dernier. En cause, le «manque de garanties» et de «visibilité» sur la pérennité du site, visé principalement sur sa partie sud (production de chlore, soude, chlorure de méthyle et fluides techniques) par le plan de sauvegarde de l'emploi.

«Nous n'avons aucune garantie sur l'avenir, sur la partie nord (qui produit l'eau oxygénée, les chlorates et perchlorates, NDLR). Aujourd'hui, la totalité du site est sur la sellette», dénonce Alexandre Fiat, secrétaire CGT d'Arkema Jarrie. Les syndicats accusent la direction du groupe de profiter d'un «effet d'aubaine» avec les difficultés de Vencorex pour justifier la fermeture d'une partie du site. «Ils en profitent pour fermer une usine qu'ils voulaient fermer depuis longtemps, parce qu'elle ne gagne pas assez d'argent selon eux», estime Alexandre Fiat. Selon les syndicats, la fermeture est d'autant moins justifiée que les ateliers ciblés pourraient continuer de fonctionner sans le sel de Vencorex, avec un approvisionnement extérieur de chlore liquide.

Des représentants de la direction d'Arkema doivent se rendre jeudi sur le site de Jarrie pour présenter le PSE aux salariés. «Un PSE se fait sur trois mois, donc on est dans l'incertitude», pointe Quentin Morant, élu CFDT. «De quoi sera fait l'avenir ? On a des familles, on a des enfants, donc c'est un peu inquiétant». De son côté, la direction assure qu'«une cellule d'accompagnement et d'aide au repositionnement professionnel sera mise en place sur le site dès que possible» pour aider au reclassement des salariés. Depuis la mise en redressement judiciaire le 10 septembre 2024 de Vencorex, entreprise pivot de la vallée de la chimie en Rhône-Alpes, le secteur retient son souffle car toutes les activités sont dépendantes l'une de l'autre, et l'absence de sel affecte beaucoup d'industriels du secteur.