Droits de douane américains : Donald Trump annonce des taxes pour des îles australiennes habitées par... des manchots

Un pingouin qui boude, un autre adressant un doigt d'honneur à Trump... Les réseaux sociaux s'en sont encore donné à cœur joie, après la diffusion par la Maison Blanche de la liste des nouveaux droits de douane imposés prochainement par les États-Unis. Comme le rapporte notamment le journal britannique The Guardian, "un groupe d'îles volcaniques stériles et inhabitées près de l'Antarctique, couvertes de glaciers et abritant des pingouins, ont été emportées par la guerre commerciale de Donald Trump".

Les îles Heard et McDonald sont "frappées d'un droit de douane de 10% sur les marchandises", explique le journal. Ces îles, qui "forment un territoire extérieur à l'Australie", comptent pourtant "parmi les endroits les plus reculés de la planète, accessibles uniquement par un voyage en bateau de deux semaines depuis Perth, sur la côte ouest australienne. Elles sont totalement inhabitées, la dernière visite humaine remontant à près de dix ans", précise The Guardian.

À 1 600 km de l'Antarctique

Ce que confirme le site de l'Unesco. "Les îles Heard et McDonald sont des îles volcaniques subantarctiques isolées qui se trouvent au sud de l’océan Indien, à mi-distance à peu près entre l’Australie et l’Afrique du Sud et à un peu plus de 1 600 km de l’Antarctique. Le bien a une superficie totale de 658 903 hectares, dont 37 000 hectares terrestres environ, le reste correspondant à la zone marine", peut-on lire. "Les îles Heard et McDonald présentent une valeur particulière pour la conservation, du fait de l’absence totale de plantes et d’animaux exotiques comme d’impact humain", indique également l'organisation onusienne.

D'après le journal anglais, "selon les données d'exportation de la Banque mondiale, les États-Unis ont importé pour 1,4 million de dollars américains de produits des îles Heard et McDonald en 2022, dont la quasi-totalité était constituée de 'machines et appareils électriques'", sans que la nature de ces biens ne soit précisée. Pourtant, "le territoire abrite certes une pêcherie, mais aucun bâtiment ni habitation humaine", indique The Guardian.

L'information n'a pas échappé non plus au site québécois Science presse. Il rapporte que l'un des documents fournis par la Maison Blanche aux journalistes indique que les "îles Heard and McDonald font partie de ceux qui 'taxent' les États-Unis sous la forme de 'manipulation du cours de la monnaie et barrières commerciales'. Une action qui semble très improbable de la part des manchots et des éléphants de mer", ironise le média canadien.

"Nulle part à l'abri" de Trump

Interrogé par The Guardian, le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a réagi en estimant que "cela montre et illustre le fait que nulle part au monde n’est à l’abri de cette situation". Une autre minuscule île australienne, l'île Norfolk, s'est en effet vue infliger des droits de douane de 29%. "Il n'existe aucune exportation connue de l'île Norfolk vers les États-Unis, et aucun droit de douane ni barrière commerciale non tarifaire n'est connu sur les marchandises entrant sur l'île Norfolk", a pourtant rappelé George Plant, l'administrateur de l'île Norfolk, au Guardian. "Je ne suis pas certain que l’île Norfolk, de ce point de vue, soit un concurrent commercial de la gigantesque économie des États-Unis", abonde Anthony Albanese.

D’autres territoires qui ne sont pas des pays figurent également sur les listes fournies par la Maison Blanche, comme Gibraltar (territoire britannique), Svalbard (norvégien) ou La Réunion (français), "mais ils ont au moins l’avantage d’être habités et d’avoir une activité économique", s'amuse Science presse.