Comme dans un tableau antique, Disney a apporté sur un plateau la tête que réclamait le roi tout-puissant. En l’occurrence, celle de Jimmy Kimmel. La chaîne ABC a annoncé que l’émission de l’humoriste « sera suspendue pour une durée indéterminée ». Cette figure majeure du champ télévisuel états-unien, qui a présenté à quatre reprises la cérémonie des Oscars, paie ainsi ses propos, peu polémiques en réalité, sur les suites de l’assassinat de l’influenceur d’extrême droite, Charlie Kirk.
« Nous avons atteint de nouveaux sommets ce week-end, avec la clique Maga (pour Make America Great Again, le slogan trumpiste, NDLR) qui s’efforce désespérément de présenter ce jeune qui a assassiné Charlie Kirk comme quelqu’un d’autre qu’un des leurs et qui fait tout son possible pour en tirer un avantage politique », a ainsi lancé l’animateur dans son émission.
Rien qu’on ne retrouve également dans les articles du New York Times et du Washington Post. Alors que l’enquête est toujours en cours et que rien n’est établi sur les motivations politiques du tueur, Donald Trump et J.D. Vance, ont accusé la « gauche radicale » d’avoir favorisé cet assassinat en propageant un climat de « haine. » Dans un stupéfiant retour du maccarthysme, le vice-président a même annoncé une offensive visant des « organisations de gauche ».
Pour avoir simplement constaté cela, Jimmy Kimmel est donc mis sur le banc de touche, ce dont s’est aussitôt félicité Donald Trump. Fort de cette première reddition, le président nationaliste a également demandé à la chaîne NBC de virer Seth Meyers et Jimmy Fallon, deux autres animateurs pourfendeurs de son administration.
Disney va encore un peu plus loin en remplaçant le prochain « Late show », vendredi, par une émission spéciale d’hommage à Charlie Kirk, ce qu’elle n’avait pas fait pour l’assassinat de Melissa Hortman, une élue démocrate tuée dans le Minnesota en juillet dernier.
La liste noire de Donald Trump
La prise de pouvoir du trumpisme sur l’espace télévisuel américain se confirme. En juillet dernier, la chaîne CBS avait annoncé la fin de l’émission de Stephen Colbert, mobilisant des arguments financiers alors l’humoriste qui a remporté il y a quelques jours le prix du meilleur talk-show lors des Emmy Awards.
Le conglomérat Paramount, qui possède la chaîne, se trouvait alors en négociation pour une fusion-acquisition de 8 milliards de dollars avec la société de production Skydance, une opération approuvée par l’Autorité de régulation des télécommunications (FCC), dirigée par un allié de Donald Trump.
Stephen Colbert avait critiqué la société-mère Paramount pour son règlement de 16 millions de dollars avec Donald Trump début juillet, une sorte de « rançon » versée afin de lever les menaces de procès proférées par le président états-unien. Donald Trump s’était montré « ravi » de cette annulation et avait ajouté sur sa plateforme Truth Social : « Jimmy Kimmel est le PROCHAIN à partir dans le concours des late-nights sans talent et, peu après, Fallon sera parti. »
Voilà ses vœux en train d’être exaucés par les multinationales qui, à la demande de Donald Trump, sacrifient leurs émissions les plus populaires afin de préserver leur « business » et profits.
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