J. D. Vance profite de la mort de Charlie Kirk pour annoncer un nouveau maccarthysme

J. D. Vance est décidément le théoricien de la bande. À Munich, il avait fait la leçon aux dirigeants européens, accusés de censure et de non-respect du « free speech » (liberté de parole), et livré une déclaration de soutien de l’administration Trump à toutes les extrêmes droites du Vieux Continent, de l’AfD allemande au Britannique Tommy Robinson.

Lundi, en direct de la Maison-Blanche, il a annoncé le lancement d’une offensive sans précédent depuis le maccarthysme contre la gauche. Le vice-président se trouvait derrière le micro du show habituel de Charlie Kirk, afin d’animer une émission à la mémoire de son ami assassiné le 10 septembre et pièce essentielle de la galaxie trumpiste.

Quelques heures après l’annonce du décès de l’influenceur d’extrême droite, le président nationaliste avait accusé la « gauche radicale ». Moins d’une semaine après, son bras droit met en musique cet assaut.

Il a accusé « un mouvement extrêmement destructeur d’extrémisme de gauche » d’avoir contribué à ce meurtre. Alors que l’enquête se poursuit et que le mobile demeure incertain, selon le gouverneur républicain de l’Utah, Spencer Cox, J. D. Vance a décrété que l’auteur du coup de feu fatal avait une « idéologie de gauche ».

Cette affirmation sans fondement sert de prétexte au démantèlement des institutions de gauche. « Ce n’est pas un problème qui touche les deux camps », a tenté de justifier en juillet 2024, ainsi que la fusillade de 2017 contre le leader républicain de la Chambre des représentants, Steve Scalise, il a omis quelques épisodes : les attaques contre le mari de l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, l’incendie criminel contre la maison du gouverneur de Pennsylvanie Josh Shapiro ou le meurtre de la députée de l’État du Minnesota Melissa Hortman, sans parler des défilés racistes et antisémites de Charleston en 2017.

La Maison-Blanche tient une liste des « organisations de gauche »

La répression devrait commencer par le « traitement fiscal généreux » dont bénéficient la Fondation Ford et les Open Society Foundations de George Soros, cibles privilégiées de l’extrême droite, des suprémacistes blancs états-uniens au premier ministre hongrois, Viktor Orbán. Elles sont accusées de financer The Nation, qui a publié un « article répugnant » qui, selon J. D. Vance, a été utilisé pour justifier la mort de Kirk.

Si la Fondation Ford a accordé une subvention de 100 000 dollars au magazine de gauche en 2019 pour un programme de stages, elle n’a plus versé un cent depuis, selon des informations disponibles en ligne rapportées par le Washington Post. Sur X, Bhaskar Sunkara, président de The Nation (fondé en 1865), a réagi : « Je ne sais pas d’où il tire ses informations, mais J. D. Vance ment au sujet du magazine The Nation. Nous acceptons volontiers les dons de toute personne qui respecte notre indépendance éditoriale, mais nous ne recevons pas un centime de Soros ou de l’Open Society Foundation. »

George Soros constitue la cible privilégiée de l’extrême droite qui, sur fond de tropes antisémites, en fait le grand argentier et l’organisateur en chef d’une gauche pêle-mêle « radicale », « woke » et pro-palestinienne.

La Maison-Blanche a confirmé l’établissement d’une liste des « organisations de gauche » qu’elle tente de lier à la violence politique. L’une des armes utilisées pourrait être la remise en cause leur statut d’exonération fiscale, mais pas seulement.

Donald Trump envisage également d’utiliser la loi fédérale Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act, destinée à lutter contre le crime organisé. Elle viserait les manifestants qui s’opposent aux raids violents de la police de l’immigration comme aux femmes qui l’ont qualifié d’« Hitler de notre époque » dans un restaurant la semaine dernière.

Enfin, le président en exercice a également déclaré qu’il était « à 100 % » favorable à la désignation du mouvement Antifa comme organisation terroriste. Une qualification déjà envisagée lors de son premier mandat, mais qui se heurte à des obstacles juridiques.

Ces nouvelles attaques complètent celles déjà lancées par l’administration Trump contre les universités et par les majorités républicaines dans les États qu’elles dirigent, notamment en Floride et au Texas, qui interdisent nombre d’ouvrages dans les bibliothèques scolaires, d’un roman de Toni Morrison à des ouvrages sur le féminisme ou le racisme.

Touche après touche, profitant des circonstances pour accélérer ses projets, l’administration Trump tente de mettre en place un État autoritaire. « On n’en est peut-être même plus au stade où il faut parler d’un État autoritaire, soulignait l’historienne Sylvie Laurent lors d’un débat à la Fête de l’Humanité. Mais à la mise en place d’un État fasciste. »

Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !

C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. Et c’est ce que nous faisons chaque jour dans l’Humanité.

Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons entendre une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.
Je veux en savoir plus.