« L’organisme des enfants est particulièrement vulnérable » : Un élève sur sept dans le monde victime du dérèglement climatique en 2024, alerte l’Unicef

Les enfants sont, eux aussi, en première ligne face au dérèglement climatique. Typhons, canicules, inondations… Des événements météorologiques extrêmes ont perturbé la scolarité de près de 250 millions d’enfants dans le monde, en 2024, alerte le Fond des Nations unies (ONU) dédié à l’enfance, l’Unicef. Cela représente un élève sur sept, résume un rapport publié par l’agence onusienne, vendredi 24 janvier. Une estimation jugée « prudente », en raison de lacunes dans les données disponibles.

« Les enfants sont plus vulnérables aux impacts des crises liées aux événements météorologiques, notamment aux vagues de chaleur, aux tempêtes, aux sécheresses et aux inondations, qui sont plus intenses et plus fréquentes » en raison du réchauffement de la planète, a regretté la directrice de l’Unicef, Catherine Russell.

171 millions d’écoliers concernés par la chaleur extrême

« L’organisme des enfants est particulièrement vulnérable. Leur température augmente plus rapidement et redescend plus lentement que celle des adultes, car ils transpirent de manière moins efficace, ajoute-t-elle. Les enfants ne peuvent pas se concentrer dans des classes qui n’offrent aucun répit face à la chaleur étouffante, et ils ne peuvent pas non plus se rendre à l’école si la route est sous l’eau ou si leur établissement a été emporté par les crues. »

La chaleur extrême a été la principale cause de perturbation, avec au moins 171 millions d’écoliers concernés, dont 118 millions rien que durant le mois d’avril 2024. Le mois de septembre, qui marque la rentrée des classes dans un grand nombre de pays, a également été très impacté, avec une suspension des cours dans 18 pays, notamment en raison du dévastateur typhon Yagi en Asie de l’Est et dans le Pacifique.

L’Asie du Sud a été, plus largement, la région la plus touchée par ces interruptions de scolarité, avec 128 millions d’écoliers concernés, en 2024. Par pays, l’Inde arrive en tête (54 millions d’élèves en raison de canicules), devant le Bangladesh (35 millions, pour la même raison). Et ces chiffres risquent de grimper dans les années qui viennent si le monde ne fait pas suffisamment pour freiner le dérèglement climatique.

Sept fois le seuil toléré par l’Organisation mondiale de la santé

Aux Philippines, l’envolée des températures fait notamment courir des risques importants d’hyperthermie aux enfants. De quoi obliger les autorités à restreindre l’accès à des milliers d’écoles non climatisées. Plus récemment, la capitale de la Thaïlande, Bangkok, a été victime de la pollution de l’air. Vendredi 24 janvier, plus de 350 écoles ont ainsi dû fermer leurs portes. La concentration de microparticules PM 2,5 – les plus dangereuses car elles se diffusent directement dans le sang – dépasse plus de sept fois le seuil toléré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La moitié des enfants dans le monde, soit environ un milliard, vivent dans des pays à très haut risque de chocs climatiques et environnementaux. Et si la trajectoire actuelle des émissions de gaz à effet de serre se poursuit, environ 8 fois plus d’enfants devraient être exposés à des canicules en 2050 par rapport à 2000, 3,1 fois plus pour les inondations extrêmes ou encore 1,7 fois plus pour les incendies, selon des projections de l’Unicef.

Au-delà de l’impact temporaire, l’agence s’inquiète que des suspensions prolongées des cours augmentent les risques d’une déscolarisation complète de certains enfants, en particulier les filles. « Le changement climatique aggrave la crise mondiale de l’apprentissage et menace la capacité des enfants à apprendre. Aujourd’hui, selon les estimations, deux-tiers des enfants de 10 ans à travers le monde ne peuvent pas lire et comprendre » un texte simple, insiste le rapport. « Les risques climatiques aggravent cette réalité. »

« L’éducation est l’un des services les plus fréquemment perturbés par les aléas climatiques. Or, c’est un domaine souvent négligé dans les discussions malgré son rôle dans la préparation des enfants à l’adaptation aux changements climatiques, a déploré Catherine Russell. L’avenir des enfants doit être au cœur de l’ensemble des plans et des actions en matière de climat. »

L’Unicef appelle ainsi à investir dans une meilleure rénovation des salles de classe, dans la construction de nouveaux bâtiments, plus résistants aux changements qui s’annoncent. Le cyclone Chido, apparu en décembre dernier, en est le parfait exemple, alors que 1 126 salles de classe ont été endommagées au Mozambique et que 117 226 élèves se retrouvent dans l’incertitude à Mayotte.

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