« Nous avons eu un avant-goût d’un monde à 1,5 °C » : 2024 est bien l’année la plus chaude jamais enregistrée, selon Copernicus
L’observatoire européen Copernicus l’avait annoncé dès le mois de décembre, et cette fois c’est bel et bien confirmé : la planète continue à bon train sa marche vers le mur de la catastrophe climatique. L’année 2024 a ainsi été la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1850, selon le bilan publié vendredi 10 janvier par le Service changement climatique (C3S) de Copernicus. Une donnée qui repose sur l’ensemble des températures jusqu’au 31 décembre dernier.
Et ce n’est pas tout, la seule année 2024 mais aussi la moyenne des deux années 2023-2024 ont dépassé 1,5 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, soit avant que l’utilisation massive du charbon, du pétrole et du gaz fossile ne modifie en profondeur le climat. « Cela souligne le fait que les températures mondiales grimpent au-delà de ce que les humains modernes ont connu », rappelle l’observatoire quand les scientifiques estiment que le réchauffement du climat actuel est inédit depuis au moins 120 000 ans.
Les événements extrêmes renforcés
Si cela ne signifie pas pour autant que la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris – observée sur au moins 20 ans – a été franchie, selon Copernicus, il s’agit d’un « sérieux avertissement », alerte auprès de l’AFP Johan Rockström, directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat (PIK). « Nous avons eu un avant-goût d’un monde à 1,5 °C, avec des souffrances et des coûts économiques sans précédent pour les gens et l’économie mondiale, en raison d’événements extrêmes renforcés par l’activité humaine comme les sécheresses, les inondations, les incendies et tempêtes », explique-t-il.
Le cyclone Chido qui a ravagé Mayotte, les incendies en cours à Los Angeles, les inondations dévastatrices de Valence en Espagne, celles historiques en Afrique de l’Ouest et centrale ou encore les 1 300 morts en juin lors de chaleurs extrêmes pendant le pèlerinage de La Mecque n’en sont que quelques exemples. Or, contenir le réchauffement à 1,5 °C plutôt qu’à 2 °C – la limite haute de l’accord de Paris – permettrait de limiter significativement ses conséquences les plus catastrophiques, selon le Giec, les experts du climat mandatés par l’ONU.
Mais, déjà insuffisante, la réduction des gaz à effet de serre marque le pas dans certains pays riches : seulement -0,2 % aux États-Unis l’an dernier, selon un rapport indépendant. Et alors que les pays doivent annoncer cette année leurs nouvelles feuilles de route climatiques, remises à jour tous les cinq ans dans le cadre de l’accord de Paris, ce n’est pas près de s’arranger avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et après la très décevante COP29 de Bakou.
Certes, 2025 ne s’annonce pas record, mais l’Office météorologique britannique a pour sa part prévenu que l’année devrait être l’une des trois plus chaudes enregistrées sur la planète. Surtout, « chaque année de la dernière décennie est l’une des dix plus chaudes jamais enregistrée », rappelle Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S de Copernicus. « Le futur est entre nos mains – une action rapide et décisive peut toujours dévier la trajectoire de notre climat futur », martèle donc – une fois de plus – le directeur du service de Copernicus sur le changement climatique, Carlo Buontempo.
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