Réchauffement climatique : 2024 sera bien l’année la plus chaude, la première au-dessus du seuil de 1,5 °C
La catastrophe climatique, d’origine humaine, est bel et bien en cours. L’observatoire européen Copernicus en est sûr : l’année 2024 détrônera l’année 2023 en tant qu’année la plus chaude jamais mesurée. En effet, « il est de fait certain que 2024 sera l’année la plus chaude enregistrée et dépassera de plus de 1,5 °C le niveau préindustriel », annonce, lundi 9 décembre, le Service changement climatique (C3S) de l’observatoire.
Et la barre des 1,5 °C, est hautement symbolique. Elle correspond à la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris de 2015, visant à contenir le réchauffement bien en dessous de 2 °C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5 °C. Il s’agit toutefois d’une référence à des tendances de long terme.
En effet, la moyenne de réchauffement d’1,5°C devra être observée sur au moins 20 ans pour considérer la limite franchie. En prenant ce critère, le climat est actuellement réchauffé d’environ 1,3 °C. Le Giec estime que la barre d’1,5°C, selon ces paramètres, sera probablement atteinte entre 2030 et 2035. Et ce, quelle que soit l’évolution des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité.
Des phénomènes météorologiques extrêmes au mois de novembre
D’ailleurs, le mois de novembre 2024 a été le deuxième mois le plus chaud dans le monde. Ce mois a été 1,62 °C plus chaud qu’un mois de novembre normal à l’époque où l’humanité ne brûlait pas du pétrole, du gaz ou du charbon à une échelle industrielle.
Novembre est le 16e sur les 17 derniers mois à enregistrer une anomalie de 1,5 °C par rapport à la période 1850-1900, selon la base de données ERA5 de Copernicus. Et ce même mois a été marqué par des phénomènes météorologiques extrêmes comme une succession de typhons dévastateurs en Asie, et les sécheresses historiques en Afrique australe ou en Amazonie.
Et de manière globale, la situation est bien loin de s’améliorer. Le monde n’étant pas sur la voie d’une réduction de sa pollution carbone pour éviter une très forte aggravation des sécheresses, des canicules ou des pluies torrentielles déjà observées, coûteuses en vies humaines et en impacts économiques, selon les derniers calculs de l’ONU.
Les politiques actuelles des nations emmènent le monde vers un réchauffement « catastrophique » de 3,1 °C au cours du siècle, voire 2,6 °C si les promesses de faire mieux sont tenues, selon l’ONU Environnement. Les pays ont jusqu’à février pour soumettre aux Nations unies la révision de leurs objectifs climatiques d’ici 2035, appelées « contributions déterminées au niveau national » (NDC).
Une absence d’engagements ambitieux
Mais l’accord a minima de la COP29 en Azerbaïdjan fin novembre risque d’être suivi de faibles ambitions. Les pays en développement ont obtenu 300 milliards de dollars de promesse d’aide annuelle des pays riches d’ici 2035, soit moins de la moitié de leur demande pour financer leur transition énergétique et leur adaptation aux dégâts climatiques.
De la même manière, le sommet de Bakou s’est aussi conclu sans engagement explicite à accélérer la « transition » vers la sortie des énergies fossiles, approuvée à la COP28 de Dubaï. En 2024, les catastrophes naturelles, alimentées par le réchauffement, ont causé des pertes économiques de 310 milliards de dollars dans le monde, a estimé jeudi Swiss Re, le groupe suisse qui fait office d’assureur pour les assureurs.
La banquise à des niveaux historiquement bas
En 2023, le phénomène naturel El Niño s’était ajouté au réchauffement climatique d’origine humaine, poussant les températures mondiales à un niveau record. Celui-ci a-t-il également joué un rôle dans le nouveau pic de 2024 ? Le climatologue Robert Vautard, joint par l’AFP, indique que l’année qui suit El Niño « est fréquemment plus chaude que la première ». De plus, il explique qu’après un pic autour de décembre-janvier, « la chaleur se distribue au long de l’année ».
Mais en 2024, « il est vrai que le refroidissement est très lent et les causes devront être analysées », ajoute-t-il. « Pour le moment on reste dans les marges relativement attendues » des projections, mais si « les températures ne redescendent pas plus franchement en 2025, il faudra se poser des questions », poursuit-il.
Une étude publiée dans Science, jeudi 5 décembre, soutient qu’en 2023 la Terre a moins renvoyé l’énergie solaire dans l’espace, en raison d’une réduction des nuages de basse altitude et, dans une moindre mesure, de la diminution de la banquise. En Antarctique, celle-ci se maintient à des niveaux historiquement bas sans discontinuer depuis 2023, note Copernicus, avec un nouveau record de fonte pour un mois de novembre.
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