Vin, avions, acier… Ces produits européens surtaxés par Donald Trump lors de son premier mandat

Donald Trump en mars 2018. NICHOLAS KAMM / AFP

Les États-Unis imposent depuis ce mardi 4 mars des droits de douane sur les produits venant du Mexique, du Canada et de Chine. L’Europe est la prochaine sur la liste. Entre 2018 et 2020, le président américain avait déjà ciblé des milliards d’euros d’importations européennes.

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Analyser le passé permet parfois de mieux anticiper l’avenir. C’est particulièrement vrai dans le cas du second mandat de Donald Trump à la Maison Blanche, qui est en train de rééditer sa politique mise en œuvre entre 2017 et 2021, mais en poussant les curseurs encore plus loin. En matière commerciale, le président américain a commencé à mettre à exécution ses menaces, en imposant dès ce mardi 4 mars des droits de douane de 25% sur les produits provenant du Mexique et du Canada - à l’exception des hydrocarbures venant du voisin nord-américain, désormais taxés à 10% - et de 20% supplémentaires sur les produits chinois importés. La semaine dernière, le dirigeant républicain a également annoncé qu’il taxerait «prochainement» à 25% les produits en provenance de l’Europe.

Durant son premier mandat, après sa victoire surprise à la présidentielle 2016 face à la favorite démocrate Hillary Clinton, Donald Trump avait attendu un peu plus d’un an avant de lancer sa guerre commerciale contre l’Europe et la Chine. Conformément à ses promesses de campagne, il avait imposé en 2018 des droits de douane de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium en provenance de plusieurs régions du monde, dont l’Union européenne, arguant de la prétendue nécessité de protéger la sécurité nationale.

L’UE avait alors répliqué en imposant «des droits de douane sur 2,8 milliards d’euros de produits américains importés. En ciblant des produits symboliques : les Harley Davidson, le jus d’orange, le bourbon, notamment produits dans des États où l’électorat républicain était important», a récemment rappelé sur Sud Radio Elvire Fabry, chercheuse en géopolitique du commerce à l’Institut Jacques Delors. En 2018, Donald Trump avait par ailleurs effrayé les constructeurs automobiles européens, en particulier allemands, en menaçant de porter à 25% les droits de douane sur les importations de véhicules. Finalement, cette menace ne sera jamais mise à exécution.

Litige Boeing-Airbus

L’année suivante, deuxième salve. En octobre 2019, Washington avait imposé des droits de douane supplémentaires sur 7,5 milliards de dollars d’importations européennes. La conséquence d’un litige de longue date entre Boeing et Airbus, au sujet de subventions de l’UE accordées à l’avionneur européen, dans lequel l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a donné raison aux États-Unis. Étaient concernés par ces droits de douane les avions commerciaux Airbus, surtaxés à hauteur de 10% - puis 15% en mars 2020 -, et toute une série d’autres produits, agricoles notamment, surtaxés de 25%. Parmi eux figuraient le vin (notamment français), le fromage, le whisky, les olives, le café ou encore les saucisses de porc.

Un an plus tard, Bruxelles avait à son tour obtenu l’aval de l’OMC à des surtaxes douanières de 4 milliards de dollars sur les importations américaines. Les avions Boeing étant alors surtaxés de 15%, et un ensemble de produits agricoles, agroalimentaires et de biens industriels de 25%. Le mois suivant, en décembre 2020, Washington avait à nouveau répliqué, augmentant de 25% les droits de douane sur les vins non pétillants et les cognacs, et de 15% sur les pièces détachées liées à l’aéronautique.

La même année, en 2020, soit la dernière du premier mandat de Donald Trump, le président américain avait par ailleurs agité la menace de tarifs douaniers supplémentaires, mais cette fois-ci sur des produits uniquement français. Une réaction à l’instauration par Paris d’une taxe sur les géants du numérique américains, appelée taxe GAFA (acronyme désignant Google, Amazon, Facebook et Apple). Cet avertissement visait les produits cosmétiques et sacs à main tricolores. Finalement, en janvier 2021, à quelques jours du passage de témoin à Joe Biden, l'administration Trump avait suspendu l’application de ces sanctions.