Trêve en Ukraine : Poutine fixe des conditions… sans vouloir se mettre Trump à dos
À Moscou, la prise de parole du président russe jeudi 13 mars a marqué une première confirmation : « Vladimir Poutine est prêt à négocier », souligne un journaliste sur place. Pour l’ancien ambassadeur de France en Russie, Jean de Gliniasty : « Une esquisse de scénario existe désormais pour aboutir à une trêve. On en avait eu la confirmation déjà de ces débuts timides lors des rencontres entre les délégations américaines et russes à Ryad et à Istanbul en février ».
Steve Witkoff, l’envoyé spécial du président des États-Unis a passé plus de douze heures dans la capitale. Sa rencontre avec le président russe qui a eu lieu tard jeudi a duré plusieurs heures. À l’occasion de sa rencontre quotidienne avec la presse, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov a affirmé être « prudemment optimiste » sur cette séquence et révélé que « Poutine lui a transmis des informations et des signaux supplémentaires au président Trump ». Une fois, le président des États-Unis informé, « nous déterminerons le timing pour une conversation » entre les deux dirigeants a ajouté Dmitri Peskov.
De longues négociations à venir
La veille, Vladimir Poutine avait publiquement commenté l’idée d’un cessez-le-feu complet de 30 jours obtenu par les États-Unis à Djedda, mardi 11 mars, lors de leur rencontre avec une délégation ukrainienne. Le dirigeant qui a qualifié la trêve de nécessaire et d’utile d’un point de vue humanitaire a pointé plusieurs interrogations sur sa mise en œuvre. « Comment garantir qu’une telle situation ne se reproduise pas ? (…) De quelle manière ces trente jours vont-ils être utilisés ? Les livraisons d’armes vont-elles se poursuivre ? Comment le contrôle sera-t-il organisé ? ». Le dirigeant russe entame déjà des négociations sur les contours du cessez-le-feu et les garants de cet accord : « Sur les deux mille kilomètres de ligne de front, qui va déterminer quand et par qui les accords auront été violés ? ».
Le président américain qui a évoqué « de très bonnes et productives discussions avec le président Poutine hier (jeudi) » lui a demandé « d’épargner la vie avec insistance (…) des milliers de soldats ukrainiens qui sont complètement encerclés par l’armée russe », ce vendredi sur son réseau Truth Social. Le milliardaire évoquait le sort de l’armée ukrainienne à Koursk. En conclusion, Donald Trump a estimé qu’« il y a de grandes chances que cette guerre terrible et sanglante prenne enfin fin ».
Malgré ces déclarations optimistes, le département du Trésor américain n’a pas renouvelé l’exemption accordée à un certain nombre de grandes banques russes sous-sanctions (Sber, VTB, Alfa et d’autres) qui effectuent des paiements internationaux pour l’exportation de pétrole et de gaz dans le système de paiement américain.
Vladimir Poutine essaye-t-il de gagner du temps ? « Ces négociations vont être longues. Le président veut des précisions sur le cessez-le-feu. Faute de négociations directes entre les Russes et les Ukrainiens, les États-Unis jouent les intermédiaires. Les nombreux allers-retours vont prendre du temps. Moscou qui est en position de force sur le terrain et qui n’a pas atteint l’ensemble de ses objectifs à Koursk ou dans le Donbass va en profiter », analyse Jean de Gliniasty.
Moscou ne veut pas gâcher son rapprochement avec Washington
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lui a accusé son homologue russe Vladimir Poutine ne pas vouloir « sortir de cette guerre, car il n’aurait plus rien » et de « saboter la diplomatie ». Ce dernier est allé plus loin et repris son ton martial : « J’exhorte fermement tous ceux qui peuvent influencer la Russie, surtout les États-Unis, à prendre des mesures fortes. Poutine ne mettra pas fin à cette guerre de son propre chef. Mais la force de l’Amérique est suffisante pour y parvenir ». Au Canada, les ministres des Affaires étrangères du G7 ont affirmé, vendredi dans un communiqué final, menacé la Russie de nouvelles sanctions si elle ne soutient pas la trêve.
Pour le directeur de recherche à l’IRIS, Jean de Gliniasty : « Un gain trop long de temps sera un facteur explosif. Car les États-Unis et l’Ukraine convergent pour mettre rapidement un terme à la guerre. Le premier l’a promis et veut passer à autre chose. Kiev pour sa population. Seulement, Vladimir Poutine sait qu’il a une chance historique de normaliser les relations avec les États-Unis et il ne prendra pas le risque de la gâcher ».
Plusieurs observateurs et de diplomates pointent néanmoins que pour obtenir une « paix durable » comme l’a défini le président russe, les 30 jours de trêve peuvent permettre d’aboutir à des ajustements car sur le fond, « les États-Unis ont déjà accepté un certain nombre d’éléments sur l’Otan et les territoires », notent-ils.
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