Guerre en Ukraine : Kiev accepte l’idée d’une trêve de 30 jours, Washington lève le gel de l’aide militaire dans l’attente d’une réponse de Moscou

Les bords de la mer Rouge vont-ils être le point de départ d’un processus de paix en Ukraine ? L’Arabie saoudite accueille depuis mardi 4 mars, à Djedda, une première rencontre charnière entre les administrations ukrainienne et états-unienne. « Depuis l’invasion russe le 24 février 2022, il s’agit d’un vrai changement diplomatique à un tel niveau dans le but de mettre un terme à la guerre », constate un diplomate européen.

La délégation américaine est représentée par le secrétaire d’État, Marco Rubio, l’émissaire au Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le conseiller à la sécurité nationale, Mike Waltz. Pour l’administration ukrainienne, les membres présents se trouvaient être le ministre des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, le ministre de la Défense, Rustem Umerov, Andriy Yermak, qui dirige le cabinet présidentiel, et un membre de l’état-major, le colonel Pavlo Palisa.

Un cessez-le-feu partiel

Pour Kiev, les attentes sont élevées avec l’objectif de sortir des relations tendues avec les États-Unis et d’obtenir un certain nombre de garanties pour se projeter vers la paix. Pari en partie réussi : Washington a annoncé qu’il levait immédiatement la suspension de l’aide militaire et le gel des renseignements. « La rencontre avec l’équipe des États-Unis a été très constructive ; nous travaillons en faveur d’une paix juste et durable », a tenu à rassurer Andriy Yermak depuis Djedda

Si les pourparlers ont débuté alors que Kiev semble à la peine dans le Donbass, vers Soumy et dans la région russe de Koursk, la Russie a essuyé mardi une attaque aérienne sans précédent. Le ministère russe de la Défense a annoncé avoir détruit 337 drones aériens, dont 91 dans les environs de Moscou, qui ont fait trois morts. C’est « un signal supplémentaire adressé à Poutine pour l’inciter à une trêve aérienne », a affirmé Andriy Kovalenko, porte-parole du Centre gouvernemental ukrainien contre la désinformation.

L’Arabie saoudite, un acteur clé

En Arabie saoudite, la délégation ukrainienne a présenté une proposition de cessez-le-feu partiel avec Moscou qui serait une trêve « dans les airs » et « en mer », ainsi qu’un échange de prisonniers. Une première étape vers un règlement pacifique qui serait facile à « mettre en place » et « à surveiller », estime Kiev.

Une idée retenue par le secrétaire d’État américain, qui a déclaré qu’« une proposition pour un cessez-le-feu immédiat de trente jours » et « des mesures pour établir une paix durable » ont été acceptées par l’Ukraine et seront soumises à Moscou. Kiev approuve aussi l’ouverture de « négociations immédiates avec la Russie ».

Volodymyr Zelensky, arrivé lundi en Arabie Saoudite, a réagi : « la partie américaine comprend nos arguments, accepte nos propositions, et je tiens à remercier le président Trump pour le caractère constructif de la conversation. » Avant d’ajouter : « il reste à convaincre la Russie ». Le président ukrainien a échangé la veille avec le prince héritier Mohammed ben Salmane « sur les étapes et les conditions nécessaires pour mettre fin à la guerre et garantir une paix fiable et durable ».

Le dirigeant aurait évoqué des étapes clés pour conforter les efforts diplomatiques, dont la libération des prisonniers et le retour des enfants ukrainiens déportés, avec une médiation de l’Arabie saoudite. L’émirat se place en véritable acteur diplomatique. L’année dernière, Riyad avait joué un rôle central dans un échange de prisonniers complexe entre les États-Unis et la Russie. Récemment, Moscou et Riyad ont soutenu la possibilité que Washington rejoigne – sous une forme à inventer – l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole).

Le cadre d’un accord ?

Dès son arrivée lundi à Djedda, Marco Rubio a estimé prometteuse l’idée d’un cessez-le-feu partiel. « Je ne dis pas que cela seul sera suffisant, mais c’est le genre de concession nécessaire afin de mettre fin au conflit », a-t-il insisté, avant d’avertir que les deux parties devront faire des compromis.

Marco Rubio a réaffirmé que « les Russes ne peuvent pas conquérir toute l’Ukraine, et il est évident qu’il sera très difficile pour l’Ukraine, dans un délai raisonnable, de forcer les Russes à revenir là où ils étaient en 2014 ». Le secrétaire d’État, qui a refusé de donner les grandes lignes d’un accord potentiel, a prévenu que « les deux parties devaient comprendre qu’il n’y a pas de solution militaire ».

Ces premiers pourparlers qui ont débuté mardi visent à « définir un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial » entre la Russie et l’Ukraine, selon l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff. À la fin de la semaine, des échanges vont également avoir lieu avec Moscou. Steve Witkoff devrait s’y rendre pour rencontrer Vladimir Poutine et déterminer ce que la Russie est prête à concéder.

Le plan d’Istanbul ressorti

Ces trois dernières années, les autorités russes ont toujours plaidé pour la signature d’un accord de paix qui prévoit la neutralité militaire de l’Ukraine, sa démilitarisation et sa non-adhésion à l’Otan. « La Russie a toujours été opposée, depuis l’échec des pourparlers d’Istanbul en avril 2022, à un cessez-le-feu (…), mais pourrait accepter l’idée », admet le directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe, Igor Delanoë.

L’autre demande récente porte sur la levée des sanctions. Après les deux séries de pourparlers en Arabie saoudite et en Turquie, une troisième devrait débuter dans les prochains jours. La Maison-Blanche a déjà demandé au département d’État et au ministère des Finances de soumettre une liste de sanctions qui peuvent être atténuées dans le cadre des négociations.

Après sept rounds de négociations en Turquie, les délégations russe et ukrainienne avaient été près de signer un cessez-le-feu entre la fin du mois de mars et avril 2022. Les États-Unis et le Royaume-Uni avaient pesé pour éviter une signature devant la déroute de Moscou. Aujourd’hui, ce projet est ressorti des limbes. À l’époque, les garanties de sécurité à l’Ukraine étaient assurées par les cinq membres du Conseil de sécurité des Nations unies, à condition pour Kiev de renoncer à ses ambitions atlantistes, d’accepter un statut de neutralité permanente et dénucléarisée, et pour Moscou d’abandonner un certain nombre de conquêtes.

« Nous sommes passés très près d’une signature, et je pense que nous utiliserons ce cadre comme point de repère pour parvenir à un accord de paix entre l’Ukraine et la Russie », avait relevé en février Steve Witkoff sur CNN. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a laissé entendre que « le protocole d’Istanbul pourrait servir de base pour un accord de paix ». Les Ukrainiens se sont montrés plus sceptiques.

L’Europe, grande absente ?

Dans cette accélération diplomatique en faveur de la paix, les dirigeants européens ne semblent aucunement participer à ces pourparlers. Depuis trois ans de guerre qui ont fait près de 1 million de pertes (morts, blessés et disparus) russes et ukrainiennes, l’UE n’a pas défini de « ligne européenne dans le cadre des négociations sur la paix », dénonçait l’ancien ambassadeur Jean de Gliniasty.

Pis, elle semble développer une vision uniquement sécuritaire et non diplomatique. Au même moment, la France accueillait à Paris plusieurs chefs d’état-major de 30 pays de l’UE et de l’Otan, ce mardi. Pour Sébastien Lecornu, cette réunion à huis clos est venue « poser une première pierre sur ces garanties de sécurité », le ministre des Armées affirmant refuser « toute forme de démilitarisation de l’Ukraine ».

30 chefs d’état-major à Paris pour contribuer à la sécurité de Kiev

À Paris, le président de la République Emmanuel Macron a profité de la deuxième édition du forum de défense et de sécurité pour échanger, mardi soir, avec trente chefs d’état-major des armées de l’Union européenne et de l’Otan sur l’Ukraine. L’objectif, selon l’Élysée, est de contribuer aux garanties de sécurité en faveur de Kiev en cas de cessez-le-feu. Si les discussions se font à huis clos, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a tenu à préciser qu’« il s’agit de se projeter et de réfléchir à ce que doit être l’armée ukrainienne à l’avenir, et donc repartir du principe que la première des garanties de sécurité reste l’armée ukrainienne, que nous refuserons toute forme de démilitarisation de l’Ukraine ». Les échanges devaient également porter sur l’instauration d’une trêve dans les airs et en mer et le déploiement de troupes européennes en Ukraine. Une seconde réunion se tiendra mercredi avec les ministres de la Défense du groupe E5 (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Pologne), ainsi que des représentants de l’UE et de l’Otan et, en visioconférence, le ministre ukrainien de la Défense.

À Paris, le président de la République Emmanuel Macron a profité de la deuxième édition du forum de défense et de sécurité pour échanger, mardi soir, avec trente chefs d’état-major des armées de l’Union européenne et de l’Otan sur l’Ukraine. L’objectif, selon l’Élysée, est de contribuer aux garanties de sécurité en faveur de Kiev en cas de cessez-le-feu. Si les discussions se font à huis clos, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a tenu à préciser qu’« il s’agit de se projeter et de réfléchir à ce que doit être l’armée ukrainienne à l’avenir, et donc repartir du principe que la première des garanties de sécurité reste l’armée ukrainienne, que nous refuserons toute forme de démilitarisation de l’Ukraine ». Les échanges devaient également porter sur l’instauration d’une trêve dans les airs et en mer et le déploiement de troupes européennes en Ukraine. Une seconde réunion se tiendra mercredi avec les ministres de la Défense du groupe E5 (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Pologne), ainsi que des représentants de l’UE et de l’Otan et, en visioconférence, le ministre ukrainien de la Défense.

À Paris, le président de la République Emmanuel Macron a profité de la deuxième édition du forum de défense et de sécurité pour échanger, mardi soir, avec trente chefs d’état-major des armées de l’Union européenne et de l’Otan sur l’Ukraine. L’objectif, selon l’Élysée, est de contribuer aux garanties de sécurité en faveur de Kiev en cas de cessez-le-feu. Si les discussions se font à huis clos, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a tenu à préciser qu’« il s’agit de se projeter et de réfléchir à ce que doit être l’armée ukrainienne à l’avenir, et donc repartir du principe que la première des garanties de sécurité reste l’armée ukrainienne, que nous refuserons toute forme de démilitarisation de l’Ukraine ». Les échanges devaient également porter sur l’instauration d’une trêve dans les airs et en mer et le déploiement de troupes européennes en Ukraine. Une seconde réunion se tiendra mercredi avec les ministres de la Défense du groupe E5 (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Pologne), ainsi que des représentants de l’UE et de l’Otan et, en visioconférence, le ministre ukrainien de la Défense.

À Moscou, le dirigeant du mouvement russe de la paix, Oleg Bodrov, déplore « la stratégie européenne », qui a enfermé, « derrière un nouveau rideau de fer, à l’intérieur du pays, les représentants de la société civile et les opposants au régime russe ». Faute d’échanges et de contacts au niveau européen entre les forces progressistes, écologistes et pacifistes, on assiste à « une militarisation de la pensée et à une propagande de guerre », constate-t-il, alors qu’« aujourd’hui il est impossible de parvenir à la victoire par les armes dont on parle en Europe et en Russie. La sécurité ne peut être que partagée et se construire en respectant les intérêts de toutes les parties ».

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