Cannes 2025 : « L’Intérêt d’Adam » de Laura Wandel, un thriller pédiatrique asphyxiant
La 64e Semaine de la critique frappe fort pour son ouverture. Le Syndicat français des critiques de cinéma, qui pilote cette section parallèle de la compétition, a choisi l’intense L’Intérêt d’Adam, de la Belge Laura Wandel, pour lancer les festivités. En immersion le temps d’une nuit dans le service pédiatrique d’un hôpital, on assiste au face-à-face entre une infirmière usée (Léa Drucker) et une mère isolée maltraitante (Anamaria Vartolomei) qui fait subir ses propres névroses alimentaires à son fils Adam, lequel se trimbale d’inquiétantes carences.
Plongée douloureuse dans une équation insoluble
Ramassé sur une heure quinze, caméra épaule flanquée aux basques des protagonistes, le récit est maîtrisé de bout en bout, convoyé par la force de ses actrices. Plongée douloureuse dans une équation insoluble : l’infirmière voudrait aider en se consacrant à ce seul patient mais est rattrapée par les multiples urgences qui étouffent les nuits du service public ; la mère, de toute façon, refuse d’être accompagnée et de voir à quel point elle est un poison pour son enfant. Le temps nécessaire pour gagner sa confiance manque.
Laura Wandel dépeint une enfance ballottée entre deux violences, intime et socio-économique, engendrées par cette dialectique entre institutions malades : l’hôpital et la famille. La thématique de l’enfance sacrifiée était déjà au cœur de son précédent long métrage, Un monde, qui se proposait de raconter à hauteur d’enfant le harcèlement scolaire dans une école primaire. Ici, le regard est rehaussé au niveau des adultes – Adam est un enjeu plus qu’un véritable personnage –, mais le film n’en est pas moins bouleversant. Les lumières artificielles et le décorum aseptisé de l’hôpital font le reste, pour consacrer l’atmosphère anxiogène de ce thriller social dont on ne sort pas indemne.
L’Intérêt d’Adam, de Laura Wandel, Belgique-France, 1 h 15, sortie en salle 1er octobre 2025.
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