Hommage à Gaza et à Fatma Hassouna, dénonciation de Trump… Ce qu’il faut retenir de la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes 2025

Du glamour et de la politique. Le festival de Cannes s’est ouvert en fanfare, mêlant la classe de Robert de Niro, l’humour pince-sans-rire de Laurent Lafitte et l’élégance de Juliette Binoche à Gaza, l’Ukraine et à la dénonciation de Trump et d’Elon Musk. On craignait pourtant le pire, échaudé par la programmation du documentaire de Bernard-Henri Lévy sur l’Ukraine, Notre guerre, dans une journée censée soutenir la lutte de son peuple.

C’était sans compter sur le maître de cérémonie, le comédien Laurent Lafitte. Il a d’abord dédié la soirée à Émilie Dequenne, « née à Cannes », avant de se lancer dans un numéro d’équilibriste bien senti en rendant hommage à des acteurs qui se sont engagés (Jean Gabin, James Stewart, Joséphine Baker, Marlene Dietrich, Richard Gere, Isabelle Adjani, Taraneh Alidoosti, Rock Hudson, Adèle Haenel pour finir avec Volodymyr Zelensky, l’acteur devenu chef de guerre).

« En leur rendant hommage, je profite de leur courage sans trop me mouiller », dit-il dans un exercice d’autodérision avant d’enchaîner plus grave, sur la réduction des libertés aux États-Unis. « Nous avons le devoir de nous demander quelle sera notre prise de parole et si nous en aurons le courage ».

Palme d’or d’honneur à Robert de Niro

L’arrivée de Juliette Binoche, présidente du jury, a donné lieu à un hommage qu’on espérait sans trop y croire. La comédienne a été impeccable en saluant la mémoire de la photo reporter gazaouie Fatma Hassouna, héroïne du documentaire de Sepideh Farsi, Put your soul on your hand and walk, sélectionné à l’ACID. « Fatma aurait dû être parmi nous ce soir », a rappelé la comédienne comme un écho à la tribune signée par 380 artistes du septième art, appelant à rompre le silence face au génocide en cours à Gaza.

Ils ont été entendus. Dans son discours où elle a aussi demandé la libération des otages du 7 octobre, elle a repris les mots écrits par Fatma Hassouna. « Ma mort m’a traversé, la balle du tireur m’a traversé et je suis devenu un ange aux yeux d’une ville immense plus vaste que mes rêves, plus vaste que cette ville. Je suis devenue une poète sainte, aux yeux d’une forêt, me faisant ermite et prenant un cyprès pour offrande ».

Après l’hommage à David Lynch par la chanteuse Mylène Farmer, Leonardo Di Caprio est apparu pour remettre à son ami Robert de Niro une palme d’or d’honneur. Bob, comme l’appelle affectueusement Di Caprio, s’est lancé dans une défense des artistes, du cinéma taclant Trump et son administration. « Nous sommes une menace pour les autocrates et les fascistes de ce monde ». Il a également critiqué la taxe douanière envisagée par Trump pour tous les films non américains. « La créativité n’a pas de prix ». Pour finir en appelant à « agir sans violence mais avec passion et détermination ». Pour conclure la soirée, Quentin Tarantino a déclaré ouvert le festival de Cannes dans un geste punk, hurlant et gigotant, concluant la plus belle soirée d’ouverture cannoise depuis des lustres.

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