Guerre en Ukraine : Trump, Zelensky et Poutine vont-ils se retrouver à Istanbul ?

En cette quatrième année de guerre depuis l’invasion de l’Ukraine, la bataille diplomatique prend forme. Alors qu’une première rencontre directe entre les délégations ukrainienne et russe a été évoquée par Moscou dimanche 10 mai, Volodymyr Zelensky a déclaré dans la foulée sur X « attendre Vladimir Poutine jeudi en Turquie ».

Depuis le début du conflit, aucun tête-à-tête n’a eu lieu entre les deux dirigeants. « Il faut dire que Vladimir Poutine était encore persona non grata quelques mois auparavant. Le retour de Donald Trump et la volonté de relancer des négociations ont fait revenir le président russe dans le jeu diplomatique », indique un diplomate en poste à Moscou.

Parmi les médias russes, aucun doute sur un tel déplacement. « Le président ne se pliera pas à cette demande. Un format bilatéral pourrait intervenir lorsqu’un accord ou un cadre de négociations sera défini. Aujourd’hui, nous en sommes encore loin », juge un journaliste.

Moscou ouvert à un règlement pacifique

L’autre pression exercée par les Européens et Volodymyr Zelensky portait sur un cessez-le-feu « complet et inconditionnel » de trente jours à partir de lundi. Les ministres des Affaires étrangères européens ont répété la demande lundi, affirmant que, « jusqu’à présent, la Russie n’a montré aucune intention sérieuse de faire des progrès. Elle doit le faire sans tarder ».

La réponse de l’exécutif russe n’a pas tardé. « Le langage des ultimatums est inacceptable pour la Russie, il ne convient pas », a violemment réagi le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien, ce lundi. Avant de poursuivre sur un ton plus conciliant : « Nous sommes disposés à chercher de manière sérieuse des voies de règlement pacifique à long terme. »

En avril, un cessez-le-feu complet et inconditionnel de trente jours avait déjà été proposé par l’Ukraine et les États-Unis. La Russie avait rejeté cette proposition comme préalable aux négociations. « Poutine a clairement dit : d’abord, des négociations sur les causes profondes (du conflit en Ukraine – NDLR) et ensuite nous pourrons parler d’un cessez-le-feu », a rappelé la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova. Moscou plaide pour un dialogue sur une nouvelle structure de paix et de sécurité et une normalisation des relations avec les États-Unis.

Cette demande a été tempérée par Donald Trump. Le président des États-Unis a imploré les autorités ukrainiennes d’accepter la proposition russe pour des pourparlers directs, plutôt que d’insister sur un cessez-le-feu. « Au moins, ils seront en mesure de déterminer si un accord est possible ou non et, s’il ne l’est pas, les dirigeants européens et les États-Unis sauront où tout se trouve et pourront continuer en conséquence », a lancé le milliardaire sur son réseau social Truth.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a multiplié les initiatives diplomatiques. Le dirigeant républicain a fait d’une paix en Ukraine une des principales promesses de son deuxième mandat. Plusieurs échanges ont eu lieu avec l’administration russe, à Moscou, Riyad, Istanbul. Cette réunion du 15 mai à Istanbul démontre que des négociations se poursuivent malgré les combats. « Kiev, Moscou et Washington : chacun avance ses propositions. C’est au moins un point de départ pour dialoguer. Mais le manque de clarté sur le terrain entretient chez les deux belligérants la volonté de poursuivre les combats », note un diplomate européen à Kiev.

Trump envisage de se rendre en Turquie

Autre preuve que le dossier tient au président états-unien, ce dernier a déclaré « envisager » de se rendre en Turquie jeudi. Juste avant son départ pour le Moyen-Orient à partir de mardi et son déplacement dans les pays du Golfe : Arabie saoudite, Qatar et Émirats arabes unis. Donald Trump a émis cette hypothèse face aux journalistes présents à la Maison-Blanche. « J’envisage de m’y rendre par avion. Je ne sais pas où je serai jeudi. J’ai tellement de réunions, mais si je pense que des choses peuvent se produire… » a-t-il affirmé.

Si la Palestine, Gaza et l’Iran devaient être au cœur de ses visites, la paix en Ukraine et les relations avec la Russie pourraient également être discutées avec ces puissances. « Il a même été question d’une rencontre avec le président russe à cette occasion. Pour l’instant, cela n’a plus été avancé », constate une source diplomatique.

Sur place, les combats se poursuivent, alors que les services de renseignements évoquent près de 1 million de pertes russes et ukrainiennes (morts, blessés, disparus). Dans son billet hebdomadaire, le général Olivier Kempf notait que « cette activité militaire « limitée » permet de laisser du temps aux diplomates tout en préparant, éventuellement, une grande offensive qui de toute façon n’interviendra qu’après le 9 mai, jour de l’anniversaire de la victoire à Moscou ».

La Chine et la Turquie ont appelé les deux puissances à se réunir au plus vite. Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a évoqué travailler aussi à « un cessez-le-feu » alors qu’Istanbul pourrait accueillir les pourparlers jeudi. Un lieu symbolique. Trois ans auparavant, la ville avait déjà accueilli des négociations entre des délégations russe et ukrainienne qui avaient abouti à un accord proche d’un cessez-le-feu. Face à la pression occidentale, Kiev aurait quitté les pourparlers.

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