Prêt à appliquer le plan « révolutionnaire » de Trump pour Gaza, Benyamin Netanyahou met en danger le cessez-le-feu

De la « première bonne idée » entendue à propos de Gaza au projet « révolutionnaire », Benyamin Netanyahou ne cesse de profiter de la bénédiction émise par Donald Trump. Depuis son passage par la Maison Blanche, mardi 4 février, le premier ministre israélien multiplie les superlatifs à propos du projet colonisateur envisagé par le président des États-Unis, qui souhaite « prendre le contrôle » de la bande de Gaza, déplacer de force la population vers l’Égypte ou la Jordanie, puis raser la zone pour la transformer en une « Riviera » du Moyen-Orient.

Placé sur piédestal, conforté dans son entreprise génocidaire, Benyamin Netanyahou a réalisé un retour triomphal auprès de son cabinet. Il a aussi suggéré, jeudi 6 février, dans une interview qu’un État palestinien pourrait être établi sur le territoire saoudien, suscitant la colère de Ryad. Donald Trump « n’a jamais dit qu’il voulait que les troupes américaines fassent le travail. Devinez quoi ? Nous allons faire le travail », a-t-il également lancé sur Fox News samedi 8 février, tout en maniant un hallucinant retournement : « Faites sortir la population, laissez-les partir. Pas d’expulsion forcée, pas de nettoyage ethnique – faites sortir les gens de ce que tous ces pays et ces bienfaiteurs appellent une prison à ciel ouvert. Pourquoi les gardez-vous en prison ? ».

Une remise en cause de la justice internationale

Outre les propos de Donald Trump, qui ont alerté la communauté internationale comme une partie de sa propre administration, le dirigeant israélien peut compter sur la puissance des États-Unis pour remettre en cause la moindre accusation.

Dernier exemple en date : un décret signé jeudi 6 février par l’ancien promoteur immobilier, qui prévoit des sanctions à l’encontre de la Cour pénale internationale (CPI), accusée de s’être engagée dans « des actions illégales et sans fondement contre l’Amérique et notre proche allié Israël ». Ses membres – des dirigeants aux employés – sont ainsi interdits d’entrée aux États-Unis, tout comme les membres de leurs familles ou toute personne suspectée d’avoir aidé la CPI dans ses démarches. Un choix politique qui remet en cause la justice internationale, comme l’État de droit, et qui fait suite aux mandats d’arrêt émis par la CPI à l’encontre de Benyamin Netanyahou pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Surtout, Benyamin Netanyahou semble prêt à fragiliser la trêve négociée par Israël et le Hamas, le 19 janvier 2025, dans la bande de Gaza – dévastée par seize mois de bombardements et d’exactions. Selon les informations du journal israélien Haaretz, le Qatar a exprimé « son inquiétude » quant à la bonne tenue de l’accord qui concerne la libération des otages et prisonniers. L’échec de l’envoi d’une délégation lundi 3 février – des représentants israéliens sont finalement arrivés à Doha dimanche 9 février pour entamer les négociations -, comme les multiples déclarations du premier ministre, ont été au centre de « messages de colère », annonce Haaretz.

« La preuve en est venue vendredi dernier lorsque le Hamas a retardé la publication des noms des otages libérés, résume le journal israélien. Si les négociations de la deuxième étape ne sont pas accélérées, des retards similaires pourraient se produire vendredi prochain, et même une escalade, comme des retards dans les libérations elles-mêmes, pourrait se produire. »

Doha s’inquiète ainsi d’une nouvelle escalade motivée par le projet expansionniste de Trump et Netanyahou. « L’État du Qatar condamne dans les termes les plus forts les déclarations provocatrices du premier ministre israélien concernant la création d’un État palestinien sur les territoires du Royaume d’Arabie saoudite, a fustigé le ministère qatari des Affaires étrangères, dimanche 9 février. Le Qatar considère ces déclarations comme une violation flagrante du droit international et une violation flagrante de la Charte des Nations Unies. »

Pendant ce temps à Gaza, Israël a achevé dimanche son retrait du couloir de Netzarim, qui coupe le territoire d’est en ouest, entraînant d’immenses files de Palestiniens rentrant chez eux au nord comme au sud, à bord de véhicules surchargés de bagages. « Les forces israéliennes ont démantelé leurs positions et postes militaires (…) du couloir » permettant aux véhicules de circuler librement, a annoncé un responsable du ministère de l’Intérieur dirigé par le Hamas.

Ce couloir, établi en décembre 2023, avait été rouvert fin janvier et avait déjà permis à des centaines de milliers de déplacés de regagner le nord du territoire. Dans un quartier de Gaza-ville (nord), Mahmoud Al-Sarhi, qui a découvert sa maison détruite, a expliqué à l’Agence France-Presse ne pas se sentir en sécurité : « La zone est impropre à une vie normale. C’est très dangereux. »

Cette réouverture intervient au lendemain d’un cinquième échange d’otages israéliens contre des prisonniers palestiniens. Selon un haut responsable du Hamas, Israël devait se retirer du couloir de Netzarim après le cinquième échange, selon les termes de la première phase de six semaines de l’accord de trêve. Reste maintenant à savoir si la prochaine phase pourra se dérouler comme prévu.

Pour une information libre sur la Palestine

Nous avons été l’un des premiers médias français à défendre le droit des Palestiniens à disposer d’un État viable dans le respect des résolutions de l’ONU. Et nous avons inlassablement défendu la paix au Proche-Orient. Aidez-nous à continuer de vous informer sur ce qui se passe là-bas. Grâce à vos dons.
Je veux en savoir plus !