Elections législatives au Canada : ce qu'il faut retenir des résultats, après la victoire du Premier ministre libéral, Mark Carney
Un résultat qui semblait impossible en janvier. Donné largement perdant il y a quelques mois, le Parti libéral a remporté les élections législatives anticipées au Canada, lundi 28 avril. Selon les projections de médias locaux, dont la radio publique CBC, la formation du Premier ministre Mark Carney est assurée d'avoir assez de sièges pour former un gouvernement. Elle n'obtient en revanche pas la majorité à la Chambre des communes, selon les résultats partiels, mardi à 10 heures françaises, et dépendra donc des choix d'autres partis pour gouverner. Voici ce qu'il faut retenir du scrutin.
Les libéraux assurés de conserver le pouvoir...
Un incroyable retournement. Alors qu'il accusait 20 points de retard dans les sondages en janvier, le Parti libéral est arrivé en tête des élections législatives au Canada. Selon les projections de plusieurs médias locaux, la formation de Mark Carney est assurée d'obtenir le plus de sièges à la Chambre des communes.
Les libéraux remportent ainsi un quatrième mandat successif à la tête du pays, "une rareté dans la politique canadienne", selon la CBC. Ils sont néanmoins au coude à coude avec le Parti conservateur, avec respectivement 43,5% et 41,4% des votes, selon des résultats partiels donnés par la radio canadienne à 9 heures françaises.
Il s'agit d'un véritable tour de force pour le gouvernement sortant. Il y a encore quelques mois, le Parti conservateur de Pierre Poilievre semblait assuré de remporter les législatives, initialement prévues en octobre. L'opposition bénéficiait en effet d'une large popularité auprès des Canadiens, lassés du Premier ministre Justin Trudeau, au pouvoir depuis près de dix ans. La démission du libéral, poussé vers la sortie par son propre parti, a changé la donne.
Novice en politique, Mark Carney a accédé au pouvoir début mars, à l'issue d'un vote interne pour désigner le remplaçant de Justin Trudeau. Cet ancien gouverneur des banques centrales du Canada et d'Angleterre a aussitôt déclenché des élections anticipées. L'économiste a fait campagne sur sa promesse de tenir tête à Donald Trump, en plein milieu d'une guerre commerciale entre les deux pays alliés. Mark Carney a obtenu son premier mandat de député, en remportant le scrutin dans la circonscription de Nepean, en banlieue de la capitale Ottawa.
... mais en minorité à la Chambre des communes
Si les libéraux sont certains d'avoir plus d'élus que tout autre parti, ils n'obtiendront pas les 172 sièges requis pour atteindre la majorité à la Chambre des Communes – à la suite d'une réforme électorale, l'assemblée compte 343 élus en 2025, contre 338 en 2021. Selon les projections de la CBC, basées sur des résultats partiels, le parti au pouvoir ne remporterait le scrutin que dans 168 circonscriptions. Mark Carney serait ainsi contraint de former un gouvernement minoritaire, et de diriger le pays avec l'appui d'une ou plusieurs autres formations politiques.
Lors du précédent mandat, les libéraux avaient pu compter sur les progressistes du Nouveau Parti démocrate pour faire voter leurs textes au Parlement fédéral. En forte baisse par rapport aux législatives de 2021, la formation sociale-démocrate n'obtiendrait cette fois que sept sièges, selon les projections de la CBC. Défait dans sa propre circonscription, le leader du NDP a annoncé qu'il quitterait la direction de sa formation.
Le Parti conservateur disposerait, quant à lui, de 144 députés, soit 25 de plus qu'en 2021, selon la radio publique canadienne. "Nous avons gagné plus de 20 sièges et obtenu notre plus haut pourcentage de vote depuis 1988", s'est félicité le leader du mouvement, Pierre Poilievre. Enfin, le Parti vert n'obtiendrait qu'un unique siège.
Mark Carney appelle à l'unité contre Donald Trump
Dans son discours de victoire, le chef du Parti libéral a déclaré que l'"ancienne relation avec les Etats-Unis était terminée". La campagne pour les élections législatives a été marquée par un élan de patriotisme au Canada, face aux menaces répétées de Donald Trump contre son partenaire historique. Dès son premier jour au pouvoir, le président américain a ouvert une guerre commerciale contre son principal allié, en imposant des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et d'automobile. Depuis le mois de novembre, le président américain a aussi plusieurs fois menacé de faire de son voisin du nord le "51e Etat américain".
"Les Etats-Unis veulent nos terres, nos ressources, notre eau. Ce ne sont pas des menaces en l'air", a mis en garde Mark Carney face à ses partisans, lundi soir. "Trump tente de nous briser pour nous posséder. Ça n'arrivera jamais", a promis le Premier ministre libéral. "Nous avons dépassé le choc de la trahison américaine, mais nous ne devons jamais en oublier les leçons", a-t-il ajouté, appelant le pays à l'unité pour les "difficiles mois à venir qui exigeront des sacrifices".
Un appel qui a été entendu par l'opposition. Dans un discours reconnaissant sa défaite, Pierre Poilievre a assuré que "les conservateurs travailleront avec le Premier ministre et tous les partis pour défendre les intérêts du Canada et obtenir un nouvel accord commercial qui met les droits de douane derrière nous tout en protégeant notre souveraineté".