États-Unis : un juge de la Cour suprême estime «juridiquement discutable» la suspension des expulsions
Un juge de la Cour suprême américaine, le conservateur Samuel Alito, a critiqué une décision prise samedi matin par cette instance de suspendre les expulsions de migrants vénézuéliens ordonnées par le président Donald Trump, la qualifiant de «précipitée» et de «juridiquement discutable».
Par une nouvelle intervention retentissante, la plus haute instance judiciaire du pays a suspendu l'expulsion manu militari d'un groupe d'immigrés vénézuéliens par l'administration Trump, qui invoque pour ce faire une loi jusqu'alors utilisée uniquement en temps de guerre. Samuel Alito et le juge Clarence Thomas - deux des membres les plus conservateurs de la Cour suprême - ont exprimé leur opposition à cette décision.
«Juridiquement discutable»
«Littéralement, en plein milieu de la nuit, la Cour a pris une mesure sans précédent et juridiquement discutable (...) sans entendre la partie adverse, dans les huit heures suivant la réception de la demande», a écrit le juge Alito quelques heures après la décision. «Nous n'avions aucune bonne raison de penser que, dans les circonstances, publier une ordonnance à minuit était nécessaire ou approprié», a-t-il ajouté. Selon lui, il n'y avait pas d'élément «concret» soutenant les affirmations des requérants, selon lesquelles les expulsions auraient lieu samedi soir.
Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump a érigé la lutte contre l'immigration clandestine en priorité absolue, évoquant une «invasion» du pays par des «criminels venus de l'étranger», et mettant en scène les expulsions d'immigrés.
Le républicain a ravivé une loi d'exception sur «les ennemis étrangers» datant de 1798 - et n'ayant été jusqu'alors utilisée qu'en temps de guerre - pour pouvoir arrêter des immigrés qu'il accuse d'appartenir à des gangs et les expulser manu militari vers le Salvador, où ils sont incarcérés dans une prison de haute sécurité.
«Erreur administrative»
Un recours qui a ouvert un bras de fer entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire et s'est récemment cristallisé autour de l'affaire Kilmar Abrego Garcia, un immigré salvadorien expulsé à tort par les États-Unis et désormais emprisonné.
Bien qu'il ait reconnu une «erreur administrative» et ait été sommé par un juge de «faciliter» son retour, l'exécutif américain se montre inflexible et assure que ce père de famille marié à une Américaine «ne reviendra pas» dans le pays, l'accusant d'être un membre de gang, sans toutefois apporter de preuve.
Depuis la mi-mars, Washington a expulsé plus de 250 immigrés, en majorité vénézuéliens, vers le Salvador en vertu de cette loi d'exception et d'un accord inédit signé avec ce pays d'Amérique centrale.