RDC : le sommet de Dar es Salam lance un appel au cessez-le-feu pour en finir avec le bain de sang

Une accalmie s’est dessinée dimanche sur le front du Sud-Kivu, selon les autorités locales, deux semaines après l’intensification du conflit entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) d’un côté et le Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par l’armée rwandaise de l’autre. Les dirigeants d’Afrique de l’Est et d’Afrique australe réunis les 7 et 8 février au sommet crucial de Dar es Salam (Tanzanie) ont lancé un appel unanime au « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » dans l’est de la RDC « sous cinq jours », pour mettre fin au carnage.

Les chefs des forces de défense des huit pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et des 16 pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ont réaffirmé dans leur communiqué « la solidarité et l’engagement inébranlable de continuer à soutenir la RDC dans ses efforts de sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté et de son intégrité territoriale ». En préambule de cette rencontre, le chef de l’État kényan – et actuel président de l’EAC –, William Ruto, a exhorté « le M23 à cesser toute progression et les forces armées de la RDC à cesser toute mesure de représailles ».

Fusion des processus de paix de Luanda et de Nairobi

Les négociateurs, parmi lesquels le président rwandais, Paul Kagame – en visioconférence, ainsi que son homologue congolais Félix Tshisekedi –, ont accueilli avec plus ou moins d’ardeur cet appel final. Même si ce dernier répond « au besoin pressant d’une désescalade », Kinshasa regrette l’absence de condamnation de l’EAC et de la SADC visant le Rwanda, directement impliqué dans les hostilités. À Dar es Salam, les dirigeants régionaux ont ainsi exigé que des négociations directes soient établies entre les autorités congolaises et les leaders du M23. Ils ont également plaidé pour une fusion des processus de Luanda et de Nairobi, les deux processus de paix initiés séparément par l’Angola et le Kenya et qui s’étaient jusqu’alors soldés par un échec.

Les parties ont enfin exigé l’ouverture de couloirs humanitaires pour évacuer les blessés et les morts. Selon une dernière estimation de l’ONU, près de 3 000 personnes ont perdu la vie en deux semaines d’affrontements. Au Sud-Kivu, des cas de viols et d’esclavage sexuel ont été recensés, amenant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à ouvrir une enquête. Des habitants de plusieurs villages du territoire de Kabare et du chef-lieu Bukavu ont également rapporté des actes de pillage et d’extorsion commis par des militaires des FARDC et des miliciens wazalendo (« volontaires patriotes », en swahili), faits reconnus samedi par l’armée congolaise, qui a annoncé sanctionner les auteurs.

Après la prise de la cité minière de Nyabibwe mercredi, le M23 et ses alliés rwandais ont continué de gagner du terrain, se rapprochant de Bukavu. De quoi plonger quelque 1 million d’habitants dans la crainte d’une attaque et les forçant à fuir la ville. En attendant l’instauration du cessez-le-feu et son respect ou non par les deux camps, l’appel commun de Dar es Salam semble au moins faire s’éloigner la perspective d’un embrasement dans toute la région.

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