« Merci d’avoir imposé des sanctions contre les juges politisés » : Donald Trump attaque de nouveau la Cour pénale internationale, Benyamin Netanyahou jubile

Lorsqu’elle a émis, fin novembre 2024, des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité visant Benyamin Netanyahou – mais aussi son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, et le commandant d’alors du Hamas, Mohammed Deif -, la Cour pénale internationale (CPI) a confirmé son statut de cible à abattre pour Tel-Aviv et ses alliés. Parmi ces derniers, le plus fidèle et puissant d’entre eux – les États-Unis – s’est empressé d’enchaîner les attaques à l’encontre de l’instance internationale.

Alors que le gouvernement israélien continue de nier en bloc les accusations, en dénonçant des « calomnies », la Maison Blanche dirigée par Donald Trump a décidé de porter un nouveau coup, jeudi 5 juin. Washington a sanctionné quatre magistrates de la CPI : Solomy Balungi Bossa et Luz del Carmen Ibanez Carranza, à l’origine d’enquêtes sur des crimes de guerre présumés de soldats états-uniens en Afghanistan ; mais aussi Reine Alapini Gansou et Beti Hohler, qui ont autorisé la CPI à émettre des mandats d’arrêt contre le premier ministre israélien et son ancien ministre – tous deux au centre du génocide en cours dans la bande de Gaza.

Interdiction d’entrée sur le sol états-unien et gel des avoirs

L’administration Trump estime que leurs procédures visant des soldats états-uniens ou l’exécutif israélien étaient « illégitimes » et « politisées ». Les mesures annoncées – interdiction d’entrée sur le sol états-unien, gel des avoirs détenus sur place – visent d’ordinaire des criminels ou des dirigeants politiques de pays adverses, plutôt que des magistrats.

« Nous n’avons pas pris cette décision à la légère, a ainsi lancé le ministère américain des Affaires étrangères dans un communiqué. Cela reflète la menace sérieuse que représentent la politisation et l’abus de pouvoir de la CPI. Ces quatre personnes participent activement aux actions illégitimes et infondées de la CPI ciblant les États-Unis et notre proche allié. »

Ces sanctions constituent donc une nouvelle menace pour la Cour pénale internationale. De fait, Washington s’en est déjà pris, en février dernier, au procureur de la CPI, Karim Khan, qui avait initié cette procédure contre l’exécutif israélien. Ce dernier a depuis décidé de se mettre en retrait. En cause : il est visé par une enquête pour « faute présumée ».

Membre d’Human Rights Watch, Liz Evenson estime, dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse (AFP), que les sanctions de Washington « visent à dissuader la CPI de désigner les responsables des crimes graves commis en Israël et en Palestine au moment où les atrocités israéliennes se multiplient à Gaza, y compris avec la complicité des États-Unis ». Selon elle, il est ainsi clair que « les sanctions doivent servir à mettre fin à des violations des droits humains, pas à punir ceux qui cherchent à rendre justice pour les crimes les plus graves ».

« Porter atteinte à une institution judiciaire internationale »

S’il y a bien un vainqueur dans l’histoire, c’est Benyamin Netanyahou. Le premier ministre israélien n’a pas tardé à remercier son homologue états-unien et son administration pour cette initiative. « Merci au président Trump et au secrétaire d’État Rubio d’avoir imposé des sanctions contre les juges politisés de la CPI, s’est-il réjoui, dans un message posté sur X, vendredi matin. Vous avez défendu à juste titre le droit d’Israël, des États-Unis et de toutes les démocraties à se défendre contre le terrorisme sauvage. »

La menace qui gronde sur la CPI ne semble néanmoins pas la pousser à revoir ses jugements. « Ces mesures constituent une tentative manifeste de porter atteinte à l’indépendance d’une institution judiciaire internationale qui opère sous le mandat de 125 États parties du monde entier, a-t-elle ainsi rétorqué dans un communiqué. La CPI soutient pleinement son personnel et poursuivra son travail sans se laisser décourager. »

« Cibler ceux qui œuvrent pour la justice ne contribue en rien à aider les civils pris au piège des conflits. Cela ne fait qu’enhardir ceux qui croient pouvoir agir en toute impunité », a-t-elle poursuivi. Ni les États-Unis ni Israël ne sont membres de la CPI, juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l’humanité et de crime de guerre. Ils ne reconnaissent pas sa capacité à poursuivre leurs ressortissants.

Au cours du premier mandat de Donald Trump, la CPI, en particulier sa procureure d’alors, Fatou Bensouda, avait déjà été la cible de sanctions états-uniennes – levées par Joe Biden peu après son arrivée au pouvoir en 2021.

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