Alors que les mobilisations citoyennes se multiplient en Europe contre les crimes de guerre commis à Gaza, un rassemblement d’Israéliens se tiendra ce soir à 17 h 30 au Trocadéro. Face à l’ampleur des massacres et à l’impunité dont bénéficie le gouvernement israélien, ces voix minoritaires demandent une réponse politique claire de la part de la France. Une majorité de Français – 75 %, selon un récent baromètre Odoxa – soutient des sanctions contre Israël, et plus de 60 % se disent favorables à la reconnaissance officielle d’un État palestinien. Présents aussi la semaine dernière devant le ministère des Affaires étrangères, ces citoyens israéliens veulent peser dans le rapport de force pour mettre fin au génocide en cours.
« Une pression française et européenne est nécessaire pour arrêter ce génocide »
© Célestine Barbances
« Nous sommes dans les rues depuis plus de 20 mois avec un message très clair. En tant qu’Israélien, nous souhaitons la fin de la guerre. Une pression française et européenne est nécessaire pour arrêter ce génocide. Il faut que la communauté internationale suspende ses livraisons d’armes à Israël, qui tue sans merci les Palestiniens. Le collectif, Israeli Citizens for International Pressure, est constitué de plusieurs petits groupes avec des identités particulières. Nous ne nous sommes pas formés en tant qu’association ou un collectif officiel, mais nous nous rassemblons pour la défense des Palestiniens ».
« Ce débat sémantique sur la qualification de génocide a contourné notre attention des atrocités commises à Gaza. Les gens meurent, les Gazaouis sont tués par les bombardements israéliens, affamés par leurs politiques de blocus. Il faut rappeler que des membres du gouvernement, dont certains membres du cabinet de sécurité de la guerre dont Bezalel Smotrich, ont ouvertement appelé à écraser Gaza, à déplacer la population et à massacrer la population. En tant qu’Israéliens et Israéliennes, nous devons appliquer une pression forte afin que ce régime fasciste soit contraint d’arrêter ces atrocités. Il nous faut nous mobiliser pour peser dans ce rapport de force. »
« La résistance dans la société israélienne est beaucoup trop petite »
© Célestine Barbances
« On est là pour aujourd’hui, en tant qu’Israélien et franco-israélien, pour dire stop à ce génocide. Il ne s’arrêtera pas avec ce gouvernement israélien fasciste et nationaliste. Il faut que la France et l’Union européenne fassent pression et prennent les dispositions pour mettre fin à cet enfer sur terre. Dès le début des massacres, on était dans la rue. Nous, on ne fait pas partie d’un collectif officiel, on est juste des Israéliens qui vivent à Paris et on manifeste. Dès 2014, on était dans la rue en solidarité avec Gaza. Depuis le 7 octobre, on est là à chaque manifestation pour la Palestine ».
« Les Israéliens sont dans une situation d’impuissance car même les familles des otages sont traitées de manière très violente par la police. C’est la même chose pour ceux qui manifestaient avant même le 7 octobre pour la préservation de la démocratie israélienne. Ça ne change rien en fait. Je crois, et c’est le cas de beaucoup de mes amis qui ne vivent plus en Israël, qu’on se sent impuissant pour influencer quoi que ce soit sur le territoire et c’est la raison pour laquelle beaucoup sont partis, pour des raisons idéologiques et politiques.
Même pour les Israéliens qui ne vivent pas en Israël, ça n’est pas une majorité mais on essaye de s’exprimer. Il est évident que la résistance dans la société israélienne est beaucoup trop petite mais la plupart des Israéliens étaient pour l’accord pour l’échange des otages. Mais le gouvernement le dit de manière claire et ouverte, ils veulent occuper Gaza et faire un nettoyage ethnique en Cisjordanie et à Gaza. Je ne sais pas si la société civile israélienne influence vraiment la réalité. »
« Il est urgent de mettre fin à ce génocide et d’arrêter toute complicité avec l’État d’Israël »
© Célestine Barbances
« Je suis venu avec un groupe d’amis israéliens installés en France. Nous sommes nombreux à nous interroger depuis longtemps sur la gouvernance de Netanyahou, bien avant le 7 octobre. Cela fait deux ans que nous manifestons, à Tel-Aviv ou Jérusalem. Nous nous sommes déjà mobilisés pour la libération de la Palestine et contre l’occupation. Aujourd’hui, il est urgent de mettre fin à ce génocide, d’exercer une pression internationale et d’arrêter toute complicité avec l’État d’Israël. Netanyahou est en train de détruire l’État de Palestine et de causer la mort de dizaines de milliers de personnes. Sans intervention extérieure, aucune solution ne sera possible. »
« Nos positions ne représentent pas la majorité des Israéliens, et c’est loin d’être facile. Mais il est crucial que nous soyons présents, dehors, dans la rue, pour montrer à nos concitoyens palestiniens que nous voulons vivre ensemble, en coexistence. Nous croyons à la nécessité de libérer la Palestine, malgré l’influence croissante de l’extrême droite et des colons qui ravagent l’État d’Israël et plongent les Palestiniens dans la misère depuis la création de l’État en 1948. »
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