Investiture de Donald Trump : comment les autorités et le Secret Service vont sécuriser cet événement à haut risque
Huit ans après sa première investiture, Donald Trump deviendra le 47e président des Etats-Unis lundi 20 janvier, à Washington. C'est sous la rotonde du Capitole, et non sur ses marches, qu'il prêtera serment. Une première depuis quarante ans. L'édifice ne pouvant pas accueillir plus de 700 personnes, la Capital One Arena, grande salle multisport et de concert de 20 000 places au centre de Washington, sera "ouverte lundi pour assister en direct à cet événement historique".
L'investiture sera le troisième "événement national spécial de sécurité" en seulement deux semaines, après la certification des résultats de l'élection et les funérailles nationales pour l'ancien président américain Jimmy Carter. Washington a l'habitude des événements très médiatisés et à haut risque, mais en a rarement vu autant dans un temps aussi court. Franceinfo vous dévoile les mesures prises pour sécuriser la cérémonie.
La capitale bouclée par les forces de l'ordre
Même si la cérémonie a été déplacée à l'intérieur du Capitole, en présence de 600 à 700 personnes, Washington se prépare à recevoir des dizaines de milliers de visiteurs. Quelque 220 000 personnes ont décroché un ticket pour assister la cérémonie d'investiture de Donald Trump, selon les organisateurs, et on ignore encore si le Mall, la vaste esplanade qui s'étend du Capitole jusqu'à l'obélisque du Washington Monument, se remplira malgré le froid polaire attendu.
Quelque 48 kilomètres de clôtures anti-escalade hautes de 2,40 m ont été érigées autour du périmètre de sécurité, un record. Environ 25 000 policiers et militaires sont aussi mobilisés pour protéger la ville, a annoncé Matt McCool, un agent du Secret Service, chargé de la protection des personnalités politiques. Parmi ces effectifs, la garde nationale va déployer 8 000 membres venus de 40 Etats, selon ABC News. Et le changement de plan "n'est pas une surprise", assure le major général John Andonie, à la tête de la garde nationale du District de Columbia. Dimanche, le Secret Service et les autorités locales et fédérales travaillaient encore "en coordination avec le comité inaugural présidentiel" pour "adapter le dispositif de sécurité".

Des snipers seront postés sur les toits et des drones sillonneront le ciel, selon le Secret Service. Surveillance de la foule, repérage d'éventuels véhicules suspects circulant en dehors du périmètre de sécurité... Un pilote d'hélicoptère de la police de Washington explique à CBS News que depuis son appareil, doté d'un équipement de pointe, il pourra lire une plaque d'immatriculation à plus de 300 mètres.
Des manifestations attendues, mais pas de menace caractérisée pour la cérémonie
La campagne présidentielle a été marquée par la violence. Donald Trump a notamment réchappé à une tentative d'assassinat en juillet lors d'un meeting en Pennsylvanie. Deux mois plus tard, il a été visé par une deuxième tentative d'assassinat sur un parcours de golf en Floride. Dans ces deux affaires, le Secret Service a été très critiqué.
Deux événements survenus le 1er janvier ont aussi poussé les autorités à relever le niveau de sécurité : l'attaque à la voiture-bélier qui a fait au moins 14 morts à La Nouvelle-Orléans et l'explosion d'une Tesla devant l'hôtel Trump à Las Vegas. Il n'existe toutefois à ce jour aucune menace connue et crédible pour la cérémonie, prévue à la mi-journée. "La plus grande menace pour nous tous reste celle du loup solitaire", a encore assuré Matt McCool.
Les forces de l'ordre seront aussi mobilisées pour sécuriser plusieurs manifestations anti-Trump prévues à Washington lundi, même si elles devraient être moins importantes qu'il y a huit ans, lors de la première cérémonie d'investiture du magnat de l'immobilier. Selon le Washington Post, un collectif, composé notamment de défenseurs de la cause palestinienne, de syndicats et de mouvements socialistes, qui doit protester sous la bannière "We fight back" ("Nous ripostons"), doit, par exemple, se retrouver au parc Meridian Hill, avant de marcher en direction de la place Black Lives Matter.
La sécurité avec la frontière mexicaine renforcée à El Paso
Il n'y a pas qu'à Washington que la sécurité sera renforcée en prévision de l'investiture de Donald Trump. A 3 000 kilomètres de là, des agents de la police des frontières des Etats-Unis ont installé vendredi des fils barbelés entre la ville américaine d'El Paso et sa voisine mexicaine de Ciudad Juarez, a constaté une journaliste de l'AFP. Les agents des douanes et de la protection des frontières (CBP) ont également réalisé des exercices de sécurité près du pont international reliant les deux villes. Le passage des voitures a été interrompu pendant 40 minutes. "C'est la deuxième fermeture que je vois en une semaine", a assuré à l'AFP Yadira Martínez, utilisatrice du pont international.
Ciudad Juarez est l'un des points habilités par les Etats-Unis pour que les migrants déposent une demande d'asile à travers l'application CBP One. Ce mécanisme, que Donald Trump a promis d'éliminer, a contribué à réduire le nombre de passages clandestins. Le président élu a dit après sa victoire vouloir déclarer l'état d'urgence national pour appliquer son projet d'expulsions en masse de migrants, et qu'il comptait utiliser les forces armées en ce sens.
"La menace numéro 1 pour notre sécurité intérieure, c'est la frontière sud" avec le Mexique, a encore déclaré vendredi Kristi Noem, désignée par Donald Trump pour prendre la tête du ministère américain de la Sécurité intérieure, chargé notamment du contrôle de l'immigration.