En pleine crise à Mayotte et sans gouvernement, François Bayrou préside son conseil municipal à Pau
Entre deux conseils municipaux de la ville de Pau, François Bayrou sera donc premier ministre. C’est entre deux salves de « consultations » en vue de la composition du futur exécutif (desquelles Marine Le Pen – reçue la première – est ressortie ravie, se félicitant d’avoir été « écoutée »), et alors qu’une réunion de crise sur Mayotte se déroulait sous la présidence d’Emmanuel Macron, que le locataire de Matignon s’est rendu, lundi 16 décembre au soir, dans sa commune pyrénéenne pour assurer son rôle de maire et profiter de l’occasion pour plaider en faveur du cumul des mandats…
« On s’est trompé en (rendant) incompatibles les responsabilités locales et nationales, c’est une erreur (…) Pour les membres du gouvernement, c’est autorisé, pour les parlementaires, non. Je pense qu’il faut que ce débat soit repris », a-t-il tenté de justifier. Son déplacement n’en a pas moins fait réagir.
« Indigne et irrespectueux »
« Alors même que Mayotte traverse l’une des pires tragédies et que le premier ministre doit aussi former un gouvernement, sa priorité est d’assister à son conseil municipal. Indigne et irrespectueux », a tancé le socialiste Arthur Delaporte sur X (ex-Twitter), tandis que la députée insoumise Clémence Guetté estimait que « le peuple français mérite mieux qu’un premier ministre illégitime à mi-temps ». « Mayotte compte ses morts, le premier ministre disserte sur le cumul des mandats en direct du conseil municipal de Pau… », a également fustigé le sénateur et porte-parole du PCF Ian Brossat.
À droite aussi les critiques ont fusé : « Le conseil municipal de Pau pourrait se passer de votre présence ce soir eu égard à la situation à Mayotte et à l’urgence d’avoir dans les meilleurs délais un gouvernement pour donner au plus vite à la France un budget, pour protéger les Français », a ainsi fait valoir le député LR Thibault Bazin. Sur place, l’opposition n’a pas été plus tendre estimant l’édile ni à sa place ni irremplaçable.
Sous la pression des critiques, le chef du futur gouvernement (attendu « cette semaine », aux dernières nouvelles) a tout de même annoncé qu’il se rendrait dans l’archipel de l’océan Indien (sans préciser de date) et a appelé à la « solidarité nationale », assurant avoir assisté à « distance » à la réunion de crise. De retour à Paris, le premier ministre doit y poursuivre ses « consultations » et recevoir notamment les écologistes et les communistes, alors que les socialistes sont restés sur leur « faim » lundi.
François Bayrou, qui entame son bail à Matignon avec le plus faible niveau de confiance (40 %) pour un premier ministre depuis 2017, selon un sondage BVA Xsight, doit aussi passer ce mardi son premier grand oral à l’Assemblée, où il répondra en solo aux questions des députés — les ministres démissionnaires n’y sont pas autorisés.
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