Après le passage du cyclone Chido à Mayotte, une course contre la montre humanitaire

Deux jours après le passage du cyclone Chido, Mayotte ne peut compter ses morts. Une vingtaine officiellement retrouvés, mais probablement des centaines, voire « des milliers » de victimes seraient disparues sous les débris ou déjà enterrées par les familles, estime le préfet.

« Il faudra des jours et des jours pour avoir un bilan », a déclaré Bruno Retailleau, ministre démissionnaire de l’Intérieur, arrivé sur place lundi matin avec son homologue chargé de l’Outre-mer François-Noël Buffet et du secrétaire d’État à la Francophonie, le Mahorais Thani Mohamed Soilihi.

La population vivant sur l’archipel souffre de plus de difficultés d’accès à l’eau – déjà altéré en temps normal –, à la nourriture, à l’électricité et aux soins. Lundi, les premiers secours ont principalement été orientés vers les centres d’urgence, où « la faim et la soif » commençaient « à monter » lundi, selon la sénatrice Renaissance Salama Ramia.

Un pont aérien depuis la réunion

Un pont aérien ouvert dimanche soir a permis d’envoyer depuis La Réunion du matériel médical et des systèmes de traitement de l’eau. Des soignants, des agents de la sécurité civile ou encore des agents ERDF ont aussi été dépêchés via ce pont aérien, qui constitue la quasi-totalité des arrivées sur l’archipel, limitées par les lourds dégâts qu’a subis la tour de contrôle de l’aéroport de Mayotte-Dzaoudzi.

Des milliers de sinistrés ont rejoint ce week-end les centres d’urgence. Mais une partie de la population ne s’y rend pas, en particulier les exilés en situation irrégulière (lire ci-contre), craignant d’être arrêtés. D’autres sont trop éloignés de ces centres, d’autant que beaucoup de routes restent impraticables. Plus de 100 000 personnes se trouvaient lundi sans toit ni eau, selon la préfecture. Isolées, elles sont de plus en première ligne face aux risques épidémiques.

Le matériel envoyé est par ailleurs loin de suffire selon Solidarités International, qui demande un approvisionnement en kits d’urgence afin de déployer les aides sur tout le territoire. Le Secours populaire français, qui a débloqué un fonds de 100 000 euros, s’apprête lui aussi à envoyer une délégation sur l’archipel.

Plusieurs élus locaux ont en outre demandé le déclenchement de l’état d’urgence sur le département. Une réunion de crise présidée par Emmanuel Macron s’est tenue avec les ministres démissionnaires dépêchés sur place et les autorités sécuritaires et sanitaires mahoraises, en vue d’intensifier le déploiement des secours. Occupé à marchander un hypothétique accord de non-censure et à participer au conseil municipal de Pau à peine une heure après le début de cette réunion, François Bayrou l’a suivie à distance.

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