En Birmanie, une frappe de la junte juste après le séisme a fait sept morts chez les rebelles
Sept rebelles birmans ont été tués dans une frappe de la junte qui s'est produite quelques heures après le séisme vendredi, a confié dimanche à l'AFP le représentant d'un groupe ethnique armé de l'Etat Shan (nord-est).
Cinq avions de la junte birmane ont attaqué vendredi une base de l'armée de libération du peuple Danu, l'un des groupes appartenant à une minorité ethnique de l'Etat Shan, dans le district de Naungcho, tuant sept combattants, dont au moins cinq femmes, a déclaré l'un de leurs officiers à l'AFP. «Nos soldats ont essayé de rejoindre les bunkers lorsqu'ils ont entendu le bruit des avions,» a-t-il indiqué, préférant s'exprimer sous couvert de l'anonymat. «Mais une grosse bombe a frappé un bunker où cinq soldates ont été tuées sur le coup», a-t-il ajouté.
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D'autres cas de frappes aériennes depuis le séisme ont été rapportés, mais l'AFP n'a pas été en mesure de les vérifier.
Larguer des bombes après un séisme dévastateur est «tout simplement ahurissant», a déclaré à la BBC le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l'Homme en Birmanie, Tom Andrews.
La junte multiplie les frappes aériennes
La junte birmane, au pouvoir depuis le coup d'État de 2021, a de plus en plus recours aux frappes aériennes, alors qu'elle lutte pour prendre le dessus contre une myriade de groupes représentant des minorités ethniques ou l'opposition pro-démocratie.
L'armée a subi des revers au cours des 18 derniers mois, mais elle conserve une supériorité aérienne grâce à des avions de combat de son principal fournisseur, la Russie.
Le nombre de frappes aériennes sur les civils a augmenté d'année en année pendant la guerre civile, selon l'ONG Armed Conflict Location and Event Data (ACLED), atteignant près de 800 en 2024.
Ce chiffre est plus de trois fois supérieur à l'année précédente, et l'ACLED pense que la junte continuera à y recourir car elle se trouve «sous une pression militaire croissante sur le terrain».
Des combattants anti-junte ont déclaré samedi un cessez-le-feu partiel de deux semaines à partir de dimanche afin de faciliter les opérations de secours, a annoncé le Gouvernement d'unité nationale (NUG), un organe d'opposition fondé par d'anciens députés du parti pro-démocratie d'Aung San Suu Kyi, pour beaucoup en exil.
Le séisme de vendredi a fait au moins 1700 morts, 3400 blessés et 300 disparus, selon la junte, mais les experts craignent un bilan fortement revu à la hausse ces prochains jours. Les généraux ont émis un appel à l'aide auprès de la communauté internationale, une démarche rare qui laisse craindre l'ampleur massive des destructions.