Déjà un «effet Trump» sur le tourisme aux États-Unis : «Les intentions de départ sont en baisse de 25%»
La politique et les déclarations de Donald Trump pourraient détourner une partie des voyageurs français des États-Unis. Alors que le Salon mondial du tourisme ouvre ses portes demain à Paris, le cabinet Protourisme dévoile la 20e édition annuelle de son «Panorama des vacances des Français 2025». Parmi les faits saillants, le recul inédit des intentions de départ des Français vers les «US» : -25% par rapport à l’an dernier. Dirigeant de Protourisme, Didier Arino avance plusieurs explications.
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LE FIGARO. – Quels sont les principaux enseignements de votre étude sur les intentions des vacanciers français cette année ?
Didier ARINO. – Nous relevons d’abord que 62% des Français prévoient de partir en vacances dans des hébergements marchands (hôtels, campings...) cette année, ce qui représente plus de 41 millions de personnes. Soit une baisse de 2 millions en trois ans, sachant par exemple que, parmi les plus petits budgets, certains basculent encore cette année vers des séjours non marchands (hébergement chez des amis, etc.). Nous relevons aussi qu’une proportion plus importante de partants envisage de visiter un pays étranger en 2025. Précisément, plus de 15 millions de nos compatriotes envisagent de séjourner en France (- 600.000 par rapport à l’an passé) et d’y réserver un hébergement marchand en juillet-août ; et 8,3 millions de Français ont l’intention de partir à l’étranger, notamment en juillet ou en août. Soit 200.000 personnes de plus que l’an passé.
Sur l’étranger, on relève un engouement pour les destinations proches, par exemple la péninsule ibérique cet été ou, parmi les destinations plus lointaines, un grand intérêt pour l’Asie (+10%), Thaïlande en tête. En revanche, la baisse des intentions de départ aux États-Unis est conséquente, à -25%. Les USA attirent habituellement entre 1,6 et 1,8 million de Français chaque année, en grande majorité à New York, en Californie et en Floride.
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On peut dire que les États-Unis sont une destination devenue très chère, au point que le rapport qualité prix, dans les hôtels ou restaurants, est parfois discutableY voyez-vous un « effet Trump » ?
C’est une photographie à un instant T, il faut rester très prudent. D’abord, rappelons que les États-Unis profitaient depuis le Covid d’un « effet rattrapage », les bases de comparaison sont très élevées. L’année 2022, notamment s’était signalée par un nombre record de voyageurs Français dans les parcs nationaux ou à New York. Ensuite, il est vrai que nous assistons en France à une forme de défiance voire d’amalgame envers certains symboles liés à Donald Trump, par exemple la mise à l’index des propriétaires de Tesla (propriété d’Elon Musk, NDLR). Concernant les séjours, ces chiffres expriment à ce stade des intentions. Il n’est pas sûr que la baisse sera aussi importante. Les voyageurs d’affaires ou ceux dont les vacances sont déjà réservées, ne remettront pas en cause leur choix.
Y a-t-il un «effet pouvoir d’achat» ?
On peut dire que les États-Unis sont une destination devenue très chère, au point que le rapport qualité prix, dans les hôtels ou restaurants, est parfois discutable désormais. En parallèle, le pouvoir d’achat des touristes français s’érode en comparaison d’autres pays. Nos compatriotes prévoient un budget en baisse par rapport à l’an dernier pour séjourner à l’étranger cet été (3231 € par foyer, soit un recul de 500 €). Il y a donc aussi une logique à voir des destinations « meilleur marché » privilégiées dans les intentions, comme l’Asie, où la vie sur place est beaucoup moins onéreuse, ou le Maghreb, qui bénéficie à son tour d’un «effet rattrapage».
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