Angleterre-Espagne : malgré les embûches, les deux meilleures équipes du monde au rendez-vous d'un choc attendu en finale de l'Euro 2025
Le choc entre les deux nations favorites, que tout le monde attendait en début de tournoi, aura bien lieu. L'Angleterre et l'Espagne s'affrontent en finale de l'Euro 2025, dimanche 27 juillet au Parc Saint-Jacques de Bâle (18 heures). Deux ans après l'ultime affrontement de la Coupe du monde, qui a sacré la Roja (1-0), les Lionesses espèrent prendre leur revanche pour conserver leur couronne continentale, ce que seule l'Allemagne a réalisé dans l'histoire.
Avant un break l'été prochain en vue du Mondial 2027, cette finale de rêve promet de départager les deux meilleures équipes du monde. Il n'en restera qu'une au bout d'un mois intense, et la future lauréate restera dans les mémoires comme le porte-étendard de cette nouvelle ère du football féminin, après cinq saisons conclues par des compétitions internationales depuis le Covid.
L'affiche, que la Française Stéphanie Frappart aura le privilège d'arbitrer, a d'ailleurs tout d'un classique des temps modernes. Pour preuve, les deux groupes comptent en tout pas moins de 25 joueuses présentes à Sydney lors du Mondial 2023, quand 16 étaient sur la feuille de match de la finale de la Ligue des champions remportée par Arsenal face à Barcelone (1-0), le 24 mai dernier.
L'Angleterre revient des enfers
Et pourtant, Anglaises et Espagnoles ont dû surmonter une multitude d'obstacles pour se hisser jusqu'à cet épilogue suisse. Les Lionesses, même un peu plus que leurs rivales. Elles arrivaient dans le doute après des résultats plus poussifs, et avaient perdu trois de leurs cadres entre mai et juin avec les retraites internationales de Fran Kirby et Mary Earps, tandis que l'habituelle capitaine Millie Bright a préféré se mettre en retrait de la sélection en raison d'une fatigue mentale et physique.
Dos au mur après sa défaite inaugurale contre les Bleues (1-2), la sortie prématurée dans la poule de la mort était possible. Mais les Anglaises se sont reprises, foudroyant les Pays-Bas (4-0) et le pays de Galles (6-1). Avant que leur Euro ne bascule dans l'irrationnel pour permettre à leur sélectionneure d'aligner une cinquième finale consécutive en tournoi majeur.
"Après le match contre la France, nous croyions toujours que nous pouvions atteindre la finale. Peut-être que d'autres n'y croyaient pas, mais je pense que le fait d'avoir perdu ce match nous a rapprochées les unes des autres, nous a montré ce sur quoi nous devions travailler."
Lucy Bronze, après la qualification en finaleen zone mixte
Méconnaissables dans le jeu, les partenaires de Lucy Bronze ont forcé leur destin, arrachant deux prolongations au bord de l'élimination. Menées 2-0 à la 79e minute contre la Suède en quarts de finale, elles ont fini par l'emporter aux tirs au but (2-2, 3-2 t.a.b.). Elles ont encore montré des ressources mentales insoupçonnées contre l'Italie dans le dernier carré, revenant à la 96e minute pour se qualifier au bout de la nuit (2-1 a.p.). "C'est comme dans un film, nous revoilà", a d'ailleurs souligné Sarina Wiegman auprès de la BBC, après ce nouveau scénario renversant.
Comme pour l'Espagne contre la Suisse avec Athenea del Castillo en quarts (2-0), la solution est venue du banc pour les championnes d'Europe en titre : la jeune Michelle Agyemang (19 ans) égalisant sur les deux tours couperets, tandis que Chloe Kelly - la dernière buteuse de la finale de l'Euro 2022, déjà décisive contre les Suédoises - a mis fin au rêve transalpin d'un pénalty inscrit en deux temps.
Aitana Bonmati de retour en grâce
Les Lionesses pourront remercier les Allemandes, qui ont également poussé l'équipe de Montse Tomé en prolongations en demi-finales mercredi (1-0 a.p.). De quoi remettre les deux finalistes sur des bases de fraîcheur équivalentes. Les Ibères n'ont jamais été en position d'une virtuelle sortie, mais elles ont, elles aussi, puisé dans leurs réserves pour faire sauter consécutivement les verrous helvètes et allemands.
Si Alexia Putellas (quatre caviars, meilleure passeuse de l'Euro) a porté les championnes du monde en poules, elle s'est ensuite éteinte pour transmettre le flambeau à l'autre double Ballon d'or, Aitana Bonmati. La Barcelonaise est montée en puissance, alors qu'elle était encore hospitalisée pour une méningite virale le 29 juin, à quatre jours de l'entrée en lice de ses coéquipières.
Une talonnade magistrale sur l'ouverture du score contre le pays hôte et le but de la délivrance inscrit à la 113e minute de la demi-finale plus tard, elle semble de retour au sommet de son art.
"Nous ne savons pas quel est le plafond de cette équipe, nous avons su souffrir. Nous ne nous fatiguons pas d'écrire l'histoire. Nous voulons que les gens rêvent comme nous, nous rêvons."
Olga Carmona, après la première finale d'Euro décrochée par l'Espagneen zone mixte
En cas d'issue positive, l'Espagne - qui pourrait alors célébrer son titre sans le parasitage de l'affaire Rubiales cette fois - verrait son style de jeu consacré, avec le premier doublé Mondial-Euro réalisé depuis les voisines d'outre-Rhin (2007-2009). En face, les Lionesses leur opposeront pour autant leur "proper England", ce dogme anglais qui prône un retour aux racines du football britannique, fait de tacles appuyés et d'une ténacité à toute épreuve.
Autrement dit, ce sont deux mondes qui s'affrontent ce dimanche pour soulever le trophée. La raison donnerait peut-être un léger avantage à l'Espagne, avec la meilleure buteuse Esther Gonzalez (quatre buts), avant ce rendez-vous. Mais la résilience venue d'outre-Manche et les deux derniers duels en Ligue des nations - une victoire anglaise 1-0 en février, une victoire espagnole 2-1 en juin - rappellent combien l'affiche s'annonce équilibrée. In fine, il y aura à coup sûr une magnifique championne.