Euro 2025 : Alexia Putellas, un retour sur le devant de la scène de la double Ballon d'or pour mener l'Espagne vers son premier titre continental

Sans faire de bruit, Alexia Putellas rayonne depuis le début du mois de juillet avec l'Espagne. Sacrée Ballon d'or en 2021 et 2022, la milieu offensive de 31 ans arrive pleine bourre avant le quart de finale de son équipe à l'Euro contre l'hôte suisse, vendredi 18 juillet, au stade du Wankdorf de Berne. Elue joueuse du match à deux reprises en phase de poule contre le Portugal (5-0) et la Belgique (6-2), avant d'être de nouveau précieuse face à l'Italie (3-1), la Barcelonaise totalise déjà trois buts et quatre passes décisives. Autrement dit, elle est sans conteste la joueuse la plus décisive du tournoi jusqu'ici.

Une belle manière de rattraper le temps perdu pour "la Reine", qui avait manqué le dernier championnat d'Europe il y a trois ans à cause d'une rupture du ligament croisé du genou gauche survenue lors d'un entraînement en amont de la compétition. "On passe d'un niveau de jeu stratosphérique à l'incapacité de marcher, à l'incompréhension. On se souvient comment on jouait la dernière fois, et maintenant on ne peut plus faire de passe, se retourner, contrôler", a-t-elle décrit en juin dernier auprès du Guardian.

Ecartée des terrains pendant près de dix mois, elle était revenue à temps pour disputer et remporter la Coupe du monde, mais sans être un élément-clé du titre ibère. Et ce, avant une nouvelle opération, pour son ménisque cette fois, comme c'est souvent le cas après ce genre de blessure. Résultat ? Une autre absence de novembre 2023 à mars 2024. "C'était une période difficile, cela vous permet de tirer des leçons, d'apprendre à profiter de chaque instant. Je profite de chaque jour ici au championnat d'Europe", a détaillé la numéro 11 auprès de l'AFP la semaine passée à propos de cette longue période de doutes.

"Je vois tout le jeu en avance"

Depuis l'été dernier, Alexia Putellas est revenue à son meilleur niveau, enfin débarrassée des pépins qui la parasitaient. Son but marqué en finale de la Ligue des champions 2024 pour sécuriser la victoire du Barça contre Lyon (2-0), trois minutes après être entrée en jeu, a d'ailleurs agi comme un vrai déclic. "Tu peux être en forme, mais si mentalement tu n'es pas là, si tu es tendue, tu ne peux plus te contrôler comme avant. Ce jour-là, je ne me suis pas dit : 'Je peux le faire'. Mais plutôt : 'C'est fini, le moment est venu'. Le ligament croisé, le ménisque, toute la blessure : la boucle est bouclée. Je me suis sentie libre et depuis, je me sens super bien", a-t-elle encore raconté au Guardian.

Il y a bien eu ce pénalty manqué aux Jeux olympiques, qui a offert la médaille de bronze à l'Allemagne. Mais ses 22 buts et 16 passes décisives en 39 rencontres disputées pour les Catalanes cette saison, avec un triplé national Liga-Copa-Supercopa à la clé, témoignent de son retour sur le devant de la scène. "Je réfléchis très vite, je vois tout le jeu en avance", a-t-elle même avoué en zone mixte après son récital contre la Belgique (deux buts et deux passes décisives).

"J'ai eu ce sentiment tout au long de la saison, ce n'est pas seulement à l'Euro. Il s'agit maintenant de le prolonger le plus possible pendant tous les matchs du tournoi."

Alexia Putellas

dans un entretien à l'AFP le 9 juillet

Un atout majeur pour le groupe de Montse Tomé, tandis que l'autre leader historique, Aitana Bonmati, n'a pas pu peser sur le début de la compétition en raison d'une hospitalisation fin juin pour une méningite virale. Au vu de son importance, celle qui se fait appeler seulement "Alexia" sur le maillot semble ainsi en pole pour décrocher un troisième Ballon d'or en septembre, devant sa compatriote Mariona Caldentey, qui lui a pourtant soufflé la C1 cette année avec Arsenal (1-0).

Mais la vice-capitaine espagnole, qui ne cesse de mettre en avant ses coéquipières, sur le terrain par ses caviars déposés, comme en dehors avec des appréciations toujours laudatives, n'en fait pas une affaire personnelle pour l'heure. "Chacune a son rôle à jouer, nous sommes très claires là-dessus, car nous pensons que c'est ce qui nous mènera loin (...) Quand je vois que l'équipe fonctionne bien, que nous nous trouvons, que nous nous associons, cela se reflète sur moi. De par ma position, j'ai pour rôle de créer des occasions, parfois je finis ou les autres finissent", a jugé Alexia Putellas après le match contre les Red Flames, défendant l'idéal d'une "fluidité" dans le jeu prônée par sa sélectionneure.

"Seules les bonnes choses arrivent aux bonnes personnes. Elle mérite tout ce qu'elle reçoit. Il faut arrêter de lui mettre la pression pour qu'elle puisse en profiter. Alexia trouve tout le monde, elle a le don de faire des passes à l'intérieur… Elle trouverait n'importe qui. Elle distribue très bien le jeu, c'est une personne très généreuse", la félicitait alors Esther Gonzalez, qui venait de marquer sur un de ses services.

Après trois échecs consécutifs en quarts de finale, l'Espagne - archi favorite contre la Nati, diminuée ces derniers jours par un rhume - compte bien rejoindre la France ou l'Allemagne dans le dernier carré pour continuer de croire à son rêve de doublé Mondial-Euro. Si la Suissesse Géraldine Reuteler a fait mieux qu'Alexia Putellas en s'adjugeant trois trophées de femme du match en trois rencontres depuis le début de l'Euro, c'est donc bien la maître à jouer de la Roja qu'il faudra scruter de près ce vendredi.