Robert F. Kennedy Jr, choisi par Donald Trump à la Santé, sur le grill au Sénat américain
Audition tendue au Sénat, en préalable d'un vote sur la nomination de Robert F. Kennedy Jr. Désigné par Donald Trump pour diriger le ministère de la Santé, il a été attaqué mercredi 29 janvier par les élus démocrates sur ses propos vaccinosceptiques et ses positions contradictoires sur l'avortement.
"Aujourd'hui vous niez sous serment être contre les vaccins, mais lors d'une interview à un podcast en juillet 2023, vous avez dit, je cite : 'Aucun vaccin n'est sûr et efficace'", a notamment tonné le sénateur Ron Wyden.
Quelques minutes auparavant, Robert F. Kennedy Jr avait assuré aux membres de la commission des finances du Sénat ne pas être "antivaccin" mais "pour la sécurité", suscitant la protestation d'une femme dans l'audience, rapidement exfiltrée.
Héritier de la dynastie Kennedy, l'ancien démocrate rallié depuis peu à Donald Trump a promis qu'il se rangerait derrière l'avis du républicain en matière de droits reproductifs et réévaluerait "la sûreté" d'une pilule utilisée dans la majorité des avortements aux États-Unis.
"Je suis d'accord avec le président Trump pour dire que chaque avortement est une tragédie", a soutenu cet avocat en droit de l'environnement âgé de 71 ans, qui défendait il y a encore peu l'idée que les femmes puissent avorter tout au long de leur grossesse.
Une "volte-face" fustigée par les démocrates, qui l'ont accusé d'avoir "bradé ses valeurs" pour s'assurer le soutien des républicains.
Relais de nombreuses théories du complot sur les vaccins
Au cours d'une audition de plus de trois heures, les sénateurs l'ont questionné avec insistance sur ses positions ainsi que sur les politiques qu'il compte mener, alors que de nombreux scientifiques et professionnels de la santé ont fait part de vives inquiétudes à son sujet.
Ces dernières années, Robert F. Kennedy Jr a suggéré que le sida pourrait être causé par autre chose que le virus du VIH et vanté les bénéfices du lait non pasteurisé redouté par les agences sanitaires, notamment depuis que de nombreux bovins ont été contaminés par la grippe aviaire aux États-Unis.
Il s'est fait aussi le relais de nombreuses théories du complot sur les vaccins contre le Covid-19 comme sur de prétendus liens entre vaccination et autisme, notamment par le biais de l'organisation Children's Health Defense qu'il a cofondée.
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Des positions qu'il a fortement minimisées devant les sénateurs, suscitant l'ire de plusieurs élus. "Il nous a raconté des salades", a ainsi pesté le démocrate Sheldon Whitehouse.
Tout en se défendant, notamment au sujet de ses revenus tirés de poursuites légales contre des sociétés pharmaceutiques, Robert F. Kennedy Jr s'est efforcé de faire la promotion de son programme.
"Les Américains sont les gens les plus malades sur Terre", a-t-il lancé, s'engageant à lutter contre la malbouffe, "principale responsable" selon lui des maladies chroniques.
Tâchant de convaincre les républicains sceptiques, Robert F. Kennedy Jr a toutefois assuré que tout changement se ferait en coordination avec les agriculteurs.
Une personnalité controversée
Le septuagénaire, qui fut un temps candidat indépendant à la dernière présidentielle avant de former une alliance improbable avec Trump, a aussi prôné "une transparence radicale" des autorités sanitaires, qu'il a par le passé accusées de corruption.
"Je m'engage à ne licencier aucun de ceux qui font du bon travail", a-t-il répondu à des sénateurs inquiets, tout en s'emmêlant à plusieurs reprises les pinceaux au sujet des grands programmes publics de santé.
Si sa nomination était votée par le Sénat, il prendrait la tête d'une agence fédérale employant plus de 80 000 personnes. La date de ce vote n'a pas été annoncée.
En dehors de ses positions, c'est aussi la personnalité du neveu du président assassiné JFK qui fait débat. À la veille de son audition, sa cousine Caroline Kennedy a enjoint les sénateurs à rejeter la nomination de celui qu'elle qualifie de "prédateur", et qui fut accro à l'héroïne dans sa jeunesse. "Il aimait montrer comment il mettait les bébés poulets et les souris dans un robot mixeur pour nourrir ses faucons", a-t-elle écrit dans une lettre.
Le Sénat a jusqu'ici validé chacune des nominations de Donald Trump, malgré les critiques visant certaines d'entre eux, comme Pete Hegseth, devenu ministre de la Défense et visé par des accusations d'agression sexuelle et de consommation excessive d'alcool. Dernière en date : la nomination de Lee Zeldin, choisi par Donald Trump pour diriger l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), a été approuvée mercredi par le Sénat.
Avec AFP