Présidentielle américaine : avortement, Sénat, Chambre des représentants... Ce que disent les résultats des autres scrutins

Si les Américains votaient principalement pour élire le prochain président des États-Unis, ils s’exprimaient également dans le cadre d’autres élections nationales et locales. Notamment pour nommer les membres de la Chambre des représentants, ainsi que ceux du Sénat. Les citoyens ont également élu de nouveaux gouverneurs dans 11 États et près de 100 référendums se sont tenus dans 41 États différents.

Les républicains s'emparent du Sénat

Le camp républicain a repris le contrôle du Sénat, l’une des deux chambres du Congrès - le parlement américain, NDLR -, qui vote les lois fédérales et possède des pouvoirs exclusifs importants comme la nomination ou la destitution des personnages clés de l’exécutif. 

Le basculement du Sénat a été rendu possible grâce à deux succès électoraux, en Virginie-Occidentale et dans l'Ohio. Dans le premier État, le gouverneur Jim Justice, soutenu par Donald Trump, est arrivé en tête face au démocrate Glenn Elliott. Une victoire républicaine était attendue en Virginie-Occidentale, État montagneux et rural, autrefois connu pour ses mines de charbon et marqué à droite.

Bernie Moreno. STEPHEN MATUREN / Getty Images via AFP

Dans l’Ohio, le républicain Bernie Moreno l'a emporté sur le fil contre le démocrate Sherrod Brown, en poste depuis 2007. Bernie Moreno est lui un ancien concessionnaire automobile de 57 ans né en Colombie. Il va devenir le premier sénateur d'origine hispanique à représenter l'Ohio au Sénat. Cet État du Midwest a par ailleurs majoritairement voté à la présidentielle pour Donald Trump. L'ex-président avait également apporté son appui à Bernie Moreno.

Le Sénat américain compte 100 sièges - deux par État - et 34 d'entre eux étaient soumis au vote lors de ce scrutin du 5 novembre. Les démocrates avaient la tâche ardue de devoir en défendre les deux tiers, un vrai défi étant donné leur courte majorité de 51 sièges contre 49. Pour la première fois dans ses 235 années d'existence, le Sénat comptera deux femmes noires : Angela Alsobrooks et Lisa Blunt Rochester, deux démocrates qui représenteront respectivement le Maryland et le Delaware dans cette chambre dominée par les hommes.

Les résultats de la Chambre des représentants toujours en attente

À l'heure où nous écrivons ces lignes, les résultats de la seconde chambre, celle des représentants, sont toujours en jeu. Le dépouillement des bulletins dans les 50 États se poursuit ce mercredi.

Ces États qui ont voté en faveur du droit à l'avortement

  • Arizona

Un référendum en faveur du droit à l'avortement, organisé en Arizona en parallèle de l'élection présidentielle américaine, a recueilli assez de voix pour l'emporter, selon des médias américains. Cette thématique est brûlante et centrale depuis que la Cour suprême a démantelé l'arrêt Roe v. Wade en 2022. Dès lors, chaque État prend librement sa décision d’interdire ou d’autoriser l’IVG.

L'amendement voté ce mardi réinstaure la possibilité de réaliser un avortement jusqu'à la viabilité du fœtus (environ 24 semaines de grossesse) au lieu de 15 semaines actuellement.

Dans l'Arizona, l'avortement est actuellement légal jusqu'à la quinzième semaine de grossesse. Passé ce délai, la loi prévoit une exception pour sauver la vie de la mère, sauf en cas de viol ou d'inceste.

  • New York

Les habitants de l'État de New York ont voté «oui» à plus de 62% (sur les 60% nécessaires) au référendum visant à préserver les protections en matière d'avortement en les inscrivant dans la constitution de l’État. La proposition établit «un droit fondamental à la liberté reproductive», défini comme le droit «de prendre et d'exécuter des décisions sur toutes les questions relatives aux soins de santé reproductive», y compris l'avortement, précise le New York Times. Si l'avortement est déjà légal à New York, cette proposition rend plus difficile toute restriction future.

Elle vise également à ajouter un texte anti-discrimination à la constitution de l'État, ajoutant l'origine ethnique, l'âge, le handicap, l'orientation sexuelle, l'identité de genre et la grossesse dans le texte. «La Constitution de l'État interdisait uniquement les inégalités de traitement fondées sur la race, la couleur, la croyance et la religion», précise le New York Times .

  • Missouri

Les électeurs du Missouri ont approuvé l’amendement au référendum visant à inscrire le droit à l’avortement dans la constitution de l’État. Des résultats surprenants étant donné que le Missouri avait été le premier État à promulguer une interdiction de l'avortement après que la Cour suprême des États-Unis a annulé Roe v. Wade en juin 2022. 

Ce vote devient donc le premier à annuler une interdiction par le biais d'une mesure de référendum initiée par les citoyens.

  • Maryland

Comme dans l’État de New York, les citoyens du Maryland ont voté «oui» à plus de 74% afin de garantir le droit à l’avortement en l’inscrivant dans la constitution de cet État de la côte-est.

  • Colorado

Le Colorado s’est exprimé en faveur d’un ajout dans la constitution de l’État d’un amendement qui garantit le droit à l’avortement. Cet amendement prévoit également d’abroger la disposition interdisant l'utilisation de fonds publics pour les avortements.

  • Nevada

Le Nevada a, lui aussi, voté en faveur d'une modification de sa constitution afin d'y établir un droit fondamental à la procédure d'avortement jusqu'à la viabilité du fœtus ou lorsque cela est nécessaire pour protéger la santé de la personne enceinte.

Les États qui se sont opposés à la levée de restrictions à l'avortement

  • Floride

Contrairement aux États précédents, le «non» l’a emporté à 57% (pour que les restrictions soient levées, il aurait fallu 60% de «oui») en Floride, où se tenait le même référendum en faveur du droit à l'avortement. Il s'agit du premier échec d'un scrutin direct sur l'avortement aux États-Unis depuis que la Cour suprême a annulé la protection fédérale du droit à l'avortement en juin 2022. C’est un coup dur pour les défenseurs du droit à l'interruption volontaire de grossesse (IVG). 

Des bénévoles se préparent à distribuer du matériel de campagne « Yes On 4 ! » sur la levée de l'interdiction stricte de l'avortement en Floride, à Orlando, en Floride, le 6 octobre 2024. OCTAVIO JONES / AFP

Depuis plus de deux ans, le droit à l'IVG l'avait en effet toujours emporté dans les urnes, même dans les États conservateurs du Kansas et du Kentucky. Les défenseurs de la mesure espéraient que la Floride, entourée d'États très restrictifs sur la question de l'avortement, puisse redevenir un refuge pour les femmes du sud-est des États-Unis.

«Une majorité d'électeurs floridiens a clairement fait savoir ce soir qu'ils voulaient retrouver leurs droits reproductifs. Mais à cause d'un seuil élevé de 60% et de la campagne de désinformation de l'État, ils doivent continuer à vivre dans la peur, l'incertitude et le refus de soins» hérités de la décision de la Cour suprême en 2022, a réagi Nancy Northup, présidente du Center for Reproductive Rights. Dans un communiqué de l'association de médecins anti-avortement Florida Physicians Against Amendment 4, Christina Pena, gynécologue à Miami, s'est au contraire félicitée du rejet d'une mesure qui «aurait été désastreuse pour les femmes et les médecins».

  • Dakota du Sud

Les citoyens du Dakota du Sud ont, eux aussi, rejeté la possibilité de prévoir un droit constitutionnel à l'avortement dans la constitution de l'État, assorti d'un cadre réglementaire par trimestre. 

Pour rappel, tous les avortements y sont actuellement interdits, sauf lorsqu'ils sont nécessaires pour sauver la vie de la mère.

  • Nebraska

Contrairement à tous les autres États, le Nebraska est le seul à avoir voté dans le but de limiter le délai légal pour accéder à l’IVG. Et ses habitants se sont exprimés en faveur de cette initiative. Il sera donc interdit d’avorter après le premier trimestre, sauf en cas d'urgence médicale ou si la grossesse est le résultat d'une agression sexuelle ou d'un inceste.

De nouveaux gouverneurs, majoritairement républicains

Plusieurs États étaient par ailleurs appelés à élire de nouveaux gouverneurs : le Delaware, l'Indiana, le Missouri, le Montana, le New Hampshire, la Caroline du Nord, le Dakota du Nord, l'Utah, le Vermont, l'État de Washington et la Virginie Occidentale. Le rôle de gouverneur est crucial puisqu'il est l'homme qui promulgue les lois locales, commande la garde nationale et peut, par exemple, gracier des condamnés à mort.

Après le scrutin du 5 novembre, huit des onze gouverneurs fraîchement élus sont républicains, dans le New Hampshire, le Vermont, la Virginie Occidentale, l’Indiana, le Missouri, le Dakota du Nord, le Montana et l’Utah. Les démocrates ont quant à eux remporté l’État de Washington, le Delaware et la Caroline du Nord.