Présidentielle américaine : quand les résultats du duel Harris-Trump seront-ils connus ?
Le compte à rebours est lancé : dans six jours, les Américains se rendront aux urnes pour élire celui ou celle qui occupera le Bureau ovale les quatre prochaines années. La tension est à son comble dans les États-clés, où Kamala Harris et Donald Trump redoublent d’efforts pour rallier les derniers indécis. Les deux candidats sont au coude-à-coude, selon l'agrégateur de sondages FiveThirtyEight, laissant présager l’une des élections parmi les plus serrées de l’histoire des États-Unis.
Dans ce contexte, une question est sur toutes les lèvres : combien de temps attendre avant de connaître le vainqueur ? Traditionnellement, le résultat tombe dès le soir du scrutin, sauf exceptions. En 2016, il avait été annoncé à 2 h 30 (heure de la côte Est des États-Unis), une fois la plupart des "Swing States" remportés par Donald Trump face à Hillary Clinton. En 2000, Al Gore avait pour sa part dû concéder la défaite après des semaines de bataille juridique et un recomptage des voix en Floride, avant que la Cour suprême ne tranche de façon controversée en faveur de George W. Bush. Pas moins de trente-six jours avaient été nécessaires pour obtenir le résultat définitif de la course à la Maison Blanche.
Lors du dernier scrutin en 2020, il avait fallu quatre jours pour que la victoire de Joe Biden soit confirmée par les voix décisives de la Pennsylvanie, qui lui permettaient de franchir le seuil des 270 grands électeurs. Une défaite que Donald Trump n’a jamais reconnue officiellement, jusqu’à inciter ses partisans à marcher sur le Capitole, le 6 janvier 2021. Et cette fois encore, le milliardaire républicain laisse planer l’incertitude sur la réaction qu'il adoptera s'il devait être battu. Lors du débat face à Joe Biden le 27 juin, il a ainsi déclaré qu’il ne reconnaîtrait sa défaite que si l’élection se déroulait de manière "juste et légale" – une manière de laisser la porte ouverte à toutes les contestations.
Selon un sondage de l’institut SSRS pour CNN, plus de deux Américains sur trois (69 %) estiment que le républicain refusera une nouvelle fois le verdict du scrutin. Ainsi, plusieurs scénarios se dessinent pour le 5 novembre.
Une majorité claire pour Donald Trump
Si, à rebours des sondages, une majorité franche de grands électeurs se dégage rapidement en faveur de Donald Trump, le résultat du scrutin devrait être entériné dès la nuit du 5 au 6 novembre. "Les démocrates, peu enclins à contester une nette victoire de Donald Trump, accepteraient plus facilement la défaite", estime Ludivine Gilli, directrice de l'Observatoire de l'Amérique du Nord à la Fondation Jean-Jaurès.
Une majorité claire pour Kamala Harris
À l'inverse, une majorité claire pour Kamala Harris pourrait rapidement déclencher des accusations de fraude électorale et des recours de la part des républicains. Les préparatifs en vue d'une bataille juridique post-électorale sont déjà en place dans les deux camps. "Une vraie armée d’avocats a été mobilisée", précise Ludivine Gilli. "En cas de victoire démocrate, les républicains sont prêts à contester les résultats, tandis que les démocrates se préparent à défendre la légitimité du scrutin."
Une élection serrée avec des résultats différés dans des États-clés
Si l'élection se révèle aussi serrée que prévu, les résultats dans plusieurs États-clés pourraient tarder, notamment en raison des règles spécifiques de dépouillement pour les votes anticipés et par correspondance.
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En 2020, le vote par correspondance avait atteint des records avec 64 millions de bulletins enregistrés – dans le contexte de pandémie de Covid-19 –, ce qui avait considérablement retardé l’annonce des résultats. "Avant même le dépouillement, les bulletins par correspondance doivent passer par une vérification administrative consistant à contrôler la signature et s'assurer que la personne a le droit de voter", explique Ludivine Gilli. "Or, selon les États, ce processus peut démarrer avant ou seulement le jour de l’élection."
En Pennsylvanie et dans le Wisconsin, deux États qui s'annoncent disputés, le dépouillement des votes par correspondance ne commence que le jour du scrutin. Un nombre conséquent de ces votes pourrait ainsi reporter les résultats de plusieurs jours, favorisant les déclarations prématurées ou les accusations de fraude, en particulier du côté républicain. "Si les résultats se font attendre, il est possible qu’on ne connaisse le vainqueur qu’après le 7 ou le 8 novembre", estime Ludivine Gilli. "Plus le temps passe avant que les résultats officiels ne tombent, plus les déclarations de fraude de Donald Trump auront le temps de circuler."
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Les tout premiers résultats pourraient également être favorables aux républicains, les bulletins par correspondance, traditionnellement démocrates, étant décomptés plus tard. "Cela laisse le champ à Donald Trump pour déclarer une victoire prématurée, avant que le dépouillement complet ne montre un basculement vers les démocrates."
La bataille pourrait aussi se dérouler dans les tribunaux et retarder le résultat définitif de plusieurs semaines. Il y a quatre ans, Donald Trump avait déposé 61 recours pour invalider des bulletins ou contester des modifications de procédure. Il n'en a remporté qu'un seul.
Cette année, les États devront certifier leurs résultats avant le 12 décembre, pour respecter l’échéance imposée par la loi fédérale via l'Electoral Count Reform Act de 2022. Dès le 17 décembre, les grands électeurs se réuniront pour voter officiellement pour le ou la présidente et son vice-président. Mais il faudra attendre au plus tard la session conjointe du Congrès le 6 janvier 2025, où les votes du Collège électoral seront comptés, pour confirmer qui prendra place à la Maison Blanche.
