Dis-moi qui sont tes amis…
Marine Le Pen a été condamnée par le tribunal correctionnel de Paris, pour détournement de fonds publics au Parlement européen, à une peine de cinq ans d’inéligibilité et quatre ans d’emprisonnement, dont deux ferme, ainsi que 100 000 euros d’amende. Cette décision compromet sa candidature à l’élection présidentielle de 2027, à moins que la cour d’appel ne rende un arrêt plus clément avant l’échéance électorale. De façon prévisible, c’est tout le gratin international des ennemis des droits des femmes qui s’est empressé de venir à sa rescousse. Petit panorama édifiant.
Viktor Orbán, premier ministre hongrois, s’est empressé de tweeter « Je suis Marine ! ». Un soutien venant de celui qui a notamment imposé un texte obligeant les femmes à écouter les battements cardiaques avant toute procédure d’avortement. La Hongrie a également refusé de ratifier la convention d’Istanbul sur la prévention des violences faites aux femmes. Et sans pouvoir prétendre nommer ici l’exhaustivité de ces réjouissances, ayons bien en mémoire que son gouvernement pratique une politique familialiste traditionaliste.
Elon Musk n’a pas tardé à joindre sa voix au concert des soutiens. Lui dont l’entreprise SpaceX est visée par au moins sept plaintes d’anciens salariés décrivant un contexte de travail sexiste, avec son lot de commentaires à caractère sexuel et de harcèlement. Sans oublier que sur X, sa plateforme, des masculinistes comme Andrew Tate – banni de la plupart des réseaux sociaux pour ses propos misogynes mais pas de celui-ci – prospèrent impunément.
Le président américain, Donald Trump, a qualifié la condamnation de « très grave », une réaction peu surprenante venant de celui qui a nommé à la Cour suprême des juges ayant contribué à l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade, qui protégeait le droit à l’avortement. Trump qui a aussi gelé les aides internationales consacrées aux soins reproductifs pour les femmes et les minorités.
Vladimir Poutine, par l’intermédiaire du Kremlin, a déploré une « violation des normes démocratiques ». Une déclaration qui se rapprocherait du sketch, mais qui ne donne pas vraiment envie de rire. Souvenons-nous d’ailleurs que la Russie a été condamnée en 2021 par la Cour européenne des droits de l’homme du fait de sa législation sur les violences conjugales.
Dis-moi qui sont tes amis, je te dirai qui tu es. Faut-il vraiment continuer ce consternant catalogue ? Cette coalition de soutiens à Marine Le Pen rappelle la véritable identité de l’extrême droite, qui, même derrière le visage d’une femme, reste profondément hostile à nos droits. Car n’en déplaise aux tenants des conservatismes politiques et/ou religieux, l’émancipation des femmes demeure l’un des marqueurs les plus fiables d’une démocratie authentique, que les régimes autoritaires s’empressent de remettre en cause.
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