Violence institutionnelle persistante
La Défenseure des droits vient de rendre publics les résultats d’une étude sur l’accueil des personnes dans les commissariats et gendarmeries. Le rapport pointe entre autres une forme d’incapacité à regarder comme des victimes potentielles certains publics, dont les femmes subissant des violences sexistes, surtout lorsqu’elles sont en situation irrégulière, racisées, et/ou en situation de handicap… Quelle surprise !
Selma déclare ainsi : « La première fois [que j’ai appelé la police], il avait fait un trou dans le mur. Mais énorme. La table, la porte, la fenêtre… cassées. Je vais voir la police, voilà j’essaye d’appeler, et on me dit : “Mais la maison, c’est à lui aussi…” Quand j’appelle la police, je leur dis : “Bon, c’est de la violence quand même !” Et l’agent me dit : “Oui, mais monsieur il est chez lui, il a le droit de casser ce qu’il veut parce que c’est votre domicile conjugal.” » C’est notamment cette incapacité à reconnaître les victimes pour ce qu’elles sont qui explique pourquoi tant de plaintes finissent dans les limbes judiciaires.
Quand une femme franchit la porte d’un commissariat, elle cherche protection, reconnaissance et justice. En retour, elle se heurte à des questions déplacées, des insinuations culpabilisantes et parfois même au refus pur et simple de prendre sa plainte. Alors, certes, le refus est très rarement explicite, mais se concrétise plutôt par une invitation à prendre rendez-vous et revenir plus tard. Le rapport pointe timidement en ce sens : « Un certain nombre d’obstacles persistants, potentiellement sources d’une victimisation secondaire et d’humiliations supplémentaires, ont été identifiés. Les causes de ces obstacles sont structurelles. »
Par ailleurs, une brigadière de police semble oublier que c’est à elle de faire une enquête, et souligne : « T’as beau avoir l’intime conviction que la personne ne te ment pas, si t’as pas d’éléments qui prouvent que cette personne ne te ment pas, ça sert à rien. » La parole des femmes devrait déclencher automatiquement une série d’actes d’investigations. Ce n’est pas à la plaignante de rapporter seule les preuves : c’est à la justice de chercher les éléments à charge ou à décharge. Tant que nous n’investirons pas massivement dans cette transformation, et cela implique des moyens financiers conséquents, nous continuerons à produire des rapports qui s’empileront sur les étagères ministérielles.
En conclusion, les constats de la Défenseure des droits viennent confirmer ce que nous connaissons trop bien : chaque plainte non traitée est plus qu’un simple dossier archivé, c’est une vie meurtrie et une confiance dans l’institution érodée. Il est grand temps de transformer ces constats en actes concrets, à commencer par réformer nos textes pour que chaque plainte déclenche une série d’actes d’investigations.
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