Syrie : les tueries de civils provoquent un tollé international, Ahmed al-Charaa ordonne une enquête
Le dirigeant Ahmed al-Charaa a ordonné, dimanche 9 mars, une enquête sur les "exactions" ayant visé des civils dans des violences sans précédent depuis la chute de l'ancien dictateur Bachar al-Assad, qui suscitent inquiétudes et condamnations internationales.
"Nous devons préserver l'unité nationale, la paix civile autant que possible", a déclaré le nouveau maître de Damas, à la tête d'un pays multiethnique et multiconfessionnel, déchiré par plus de 13 ans de guerre civile.
S'exprimant dans une mosquée de la capitale, il a annoncé la formation d'une "commission d'enquête indépendante" sur "les exactions contre les civils", afin d'en identifier les responsables et de les "traduire en justice".
Plus tard dans la soirée, il a promis de poursuivre "fermement et sans indulgence" tous ceux impliqués "dans l'effusion de sang des civils (...) ou qui a outrepassé les pouvoirs de l'État", dans une vidéo publiée par l'agence de presse officielle syrienne Sanaa. Il a affirmé ne pas vouloir permettre à des "forces extérieures ou locales" de plonger le pays "dans le chaos ou la guerre civile".
"Aujourd'hui, nous nous portons garants de tout le peuple syrien et de toutes les confessions, et nous protégeons tout le monde de la même manière", a assuré de son côté le chef de la diplomatie syrienne, Assaad Al-Chaibani, en déplacement à Amman.
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Dans la capitale, les forces de sécurité sont intervenues pour disperser un sit-in de protestation contre les tueries, après l'irruption d'une contre-manifestation réclamant un "État sunnite", émaillée de slogans hostiles aux alaouites.
D'après un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, 830 civils alaouites ont été tués "par les forces de sécurité et des groupes alliés" depuis jeudi.
Les violences ont été déclenchées par une attaque sanglante ce jour-là par des partisans du président déchu contre les forces de sécurité à Jablé, près de la ville de Lattaquié, berceau de la minorité alaouite, branche de l'islam chiite à laquelle appartient la famille Assad.
Les autorités ont ensuite envoyé des renforts dans les provinces voisines de Lattaquié et Tartous, pour soutenir des opérations des forces de sécurité contre les pro-Assad.
Au moins 481 membres des forces de sécurité et combattants pro-Assad ont aussi péri, selon l'OSDH.
Condamnations internationales
Côté international, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio a condamné les "terroristes islamistes radicaux" pour ces "massacres", et appelé les autorités syriennes à en poursuivre les auteurs, après un appel de l'ONU à la fin immédiate des "tueries de civils".
Berlin "choqué" a demandé "instamment à toutes les parties de mettre fin aux violences".
"Le gouvernement de transition a la responsabilité d'empêcher de nouvelles attaques, d'enquêter et de demander des comptes aux responsables", a insisté le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy a condamné les tueries "horribles" et appelé "les autorités à Damas" à "assurer la protection de tous les Syriens et tracer une voie claire vers la justice transitionnelle".
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"Les tueries de civils dans les zones côtières du nord-ouest de la Syrie doivent cesser, immédiatement", a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme dans un communiqué. Il a évoqué des informations "extrêmement inquiétantes" faisant état de familles entières tuées.
La France avait "condamné" samedi "avec la plus grande fermeté les exactions qui ont frappé des civils sur une base confessionnelle et des prisonniers" en Syrie.
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères français a appelé "les autorités syriennes intérimaires à s'assurer que des enquêtes indépendantes puissent faire toute la lumière sur ces crimes et que leurs auteurs soient condamnés".
Avec l'AFP