Prison de Saydnaya : les recherches se terminent dans l’« abattoir humain » de Bachar Al Assad, emportant l’espoir des familles
Depuis la chute du régime dimanche, ils étaient des milliers de Syriens massés autour de la prison de Saydnaya afin de retrouver leurs proches disparues dans les geôles de Bachar Al Assad. Alors que des images sur les réseaux sociaux ont montré des dizaines d’hommes, visages émaciés, certains portés par des camarades car trop faibles pour avancer seuls, sortir de la prison et déferlé dans les rues de Damas, nombre de familles gardaient espoir de retrouver les leurs.
À l’instar de Mohammad al-Jabi, 40 ans, à la recherche de quatre de ses proches. « Ils ont tous été arrêtés sous l’accusation de terrorisme, dont mon neveu qui avait 14 ans à l’époque », a-t-il raconté à l’AFP. « Ils les ont pris de leurs maisons et nous leur avons rendu visite une seule fois. Puis ils nous ont dit qu’ils sont morts et ont demandé qu’on vienne prendre leurs cartes d’identité », ajoute cet homme qui, n’ayant jamais eu « aucune preuve », espère « toujours qu’ils sont vivants ».
Depuis le début du soulèvement en 2011, plus de 100 000 personnes ont péri dans l’immense complexe pénitentiaire syrien, notamment sous la torture, estimait en 2022 l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Amnesty International a, de son côté, recensé des milliers d’exécutions et dénonce « une véritable politique d’extermination » à Saydnaya devenu un « abattoir humain ».
Pas de « lieux secrets ou cachés » retrouvés à Saydnaya
Les familles des détenus restaient, lundi, convaincues qu’un grand nombre de prisonniers étaient encore enfermés dans des cachots secrets dans les sous-sols de cette prison. Mais, mardi 10 décembre, les Casques blancs ont annoncé, dans un communiqué, « la conclusion des opérations de recherches (…) sans avoir trouvé de lieux secrets ou cachés ».
Si la prison de Saydnaya est devenue le symbole des pires exactions du régime de Bachar Al Assad, des membres des groupes rebelles ont également déclaré à l’AFP avoir trouvé lundi une quarantaine de corps portant des traces de torture dans la morgue d’un hôpital près de Damas, entassés dans des sacs mortuaires.
« J’ai ouvert la porte de la morgue de mes propres mains, c’était un spectacle horrible : une quarantaine de corps étaient empilés, montrant des signes de tortures effroyables », a décrit Mohammed al-Hajj, auprès de l’Agence France-Presse qui a pu voir des dizaines de photographies et de séquences vidéo que ce combattant des factions du sud dit avoir prises lui-même, et qui montrent des cadavres présentant des signes évidents de torture : yeux et dents arrachés, éclaboussures de sang, ecchymoses.
Publication d’une liste de tortionnaires
Les groupes islamistes qui ont pris le contrôle du gouvernement en Syrie vont publier une liste « des plus hauts responsables impliqués dans des tortures contre le peuple », a également annoncé mardi leur commandant, Abou Mohammad al-Jolani. « Nous poursuivrons les criminels de guerre et demanderons qu’ils soient remis par les pays où ils se sont enfuis afin qu’ils puissent recevoir leur juste châtiment », a-t-il affirmé sur sa chaîne Telegram officielle, promettant « des récompenses à quiconque fournira des informations sur les hauts responsables de l’armée et de la sécurité impliqués dans des crimes de guerre ».
« Nous nous sommes engagés à nous montrer tolérants à l’égard de ceux dont les mains ne sont pas tachées du sang du peuple syrien, et nous avons accordé l’amnistie à ceux qui étaient astreints au service obligatoire », a également écrit le chef du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS).
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