Fabrice Balanche : « La Russie et l’Iran ont douté de la capacité de Bachar al-Assad à restaurer son pouvoir »
Dans son dernier ouvrage les Leçons de la crise syrienne (éditions Odile Jacob), paru au mois de mars, Fabrice Balanche donnait déjà à comprendre les ressorts d’une situation humainement terrible, qui vient d’aboutir à la chute de Bachar al-Assad. Il dégage ici quelques pistes d’explications sur la rapidité de cet effondrement et ses répercussions nationales et régionales.
Comment expliquer qu’en seulement douze jours le régime syrien soit tombé ?
Il est tombé comme un fruit mûr parce que ses alliés, l’Iran et la Russie, n’ont pas jugé utile de le défendre. Ils savaient que la partie était perdue. Du fait de l’état calamiteux de l’économie syrienne, de la corruption généralisée, les gens se sont détournés quasi unanimement de ce régime incapable de gagner la paix et de restaurer l’économie. Il s’était complètement isolé malgré les ouvertures des pays arabes.
Certes, il avait été réintégré dans la Ligue arabe, mais il n’y a pas eu de dividendes économiques. Assad a placé la barre trop haut à l’égard des Saoudiens en leur demandant de payer la facture de la reconstruction, arguant que c’étaient eux qui avaient envoyé des djihadistes en Syrie. Et puis, il a continué à produire de la drogue, inondant les pays du Golfe avec le captagon.