Guerre entre Israël et le Hamas : ce qu'il faut retenir de la journée du 19 février
Après avoir progressé depuis le nord de la bande de Gaza, les soldats israéliens se trouvent désormais non loin de Rafah, où Israël a annoncé préparer une offensive terrestre. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié la ville de "dernier bastion" du Hamas et s'est dit déterminé à poursuivre l'offensive "jusqu'à la victoire complète" et la libération des otages. Mais la perspective de cette intervention inquiète la communauté internationale, alors que la région est devenue un gigantesque campement abritant dans de désastreuses conditions sanitaires 1,4 million de personnes, poussées à se réfugier dans le sud de l'enclave palestinienne pour échapper aux combats. Voici ce qu'il faut retenir de la journée de lundi 19 février.
Les pays de l'UE, sauf la Hongrie, demandent une "pause humanitaire" à Gaza
Vingt-six pays sur les 27 membres de l'Union européenne ont parlé d'une seule voix. A l'exception de la Hongrie, tous ont réclamé, lundi, une "pause humanitaire immédiate" dans l'enclave palestinienne, pilonnée par l'armée israélienne depuis les attaques terroristes du 7 octobre. A l'issue d'une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères de l'UE, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a précisé lors d'une conférence de presse que cette demande visait un "arrêt des combats" afin de permettre ensuite un cessez-le-feu durable. Selon ce dernier, les 26 pays se sont dits "très préoccupés" par l'éventualité d'une offensive à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.
Ces Etats demandent à Israël de ne pas lancer d'action militaire à Rafah, où sont massés près d'un million et demi de civils palestiniens, a affirmé de son côté la ministre des Affaires étrangères belge, Hadja Lahbib, sur X.
Un rapport s'inquiète de la malnutrition dans l'enclave palestinienne
Trois agences de l'ONU ont signalé lundi une "montée en flèche" de la malnutrition dans l'enclave palestinienne, soulignant qu'un enfant de moins de deux ans sur six souffrait de "malnutrition aiguë" dans le nord de Gaza, une région presque totalement privée d'aide humanitaire. Selon ce rapport de l'Unicef, de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du Programme alimentaire mondial (PAM), 95% des femmes enceintes ou qui allaitent sont dans une situation de "grave pauvreté alimentaire" et 95% des foyers limitent leur quantité de nourriture. Au moins 90% des enfants de moins de cinq ans souffrent d'une ou plusieurs maladies infectieuses et 70% ont eu la diarrhée ces deux dernières semaines.
Dans ce contexte, les combats se sont poursuivis dans la bande de Gaza, le ministère de la Santé du Hamas dénombrant 107 morts en 24 heures dans des dizaines de frappes, notamment sur Rafah et sur la ville voisine de Khan Younès, dans le sud de l'enclave. Si ce bilan ne peut être vérifié de manière indépendante, la communauté internationale s'inquiète d'une possible offensive terrestre à Rafah, devenue un gigantesque campement abritant 1,4 million de personnes, selon l'ONU.
Israël menace de poursuivre les combats si les otages ne sont pas libérés d'ici le ramadan
"Si, d'ici au ramadan, les otages ne sont pas à la maison, les combats continueront partout, y compris dans la région de Rafah", a prévenu dimanche le ministre israélien Benny Gantz, membre du cabinet de guerre de Benyamin Nétanyahou. Le ramadan, le mois saint des musulmans, doit commencer le 10 mars. Après avoir progressé depuis le nord du territoire, les soldats israéliens se trouvent désormais non loin de cette ville du sud du territoire, où Israël a annoncé préparer une offensive terrestre.
Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 30 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.
La Cour internationale de justice consultée sur les conséquences de l'occupation israélienne
Le chef de la diplomatie palestinienne, Riad Al-Maliki, a déclaré devant la Cour internationale de justice que son peuple subissait le "colonialisme et l'apartheid" sous l'occupation israélienne, appelant la Cour à déclarer cette occupation illégale. "Certains s'indignent de ces paroles mais ils devraient s'indigner de la réalité qui est la nôtre", a-t-il déclaré alors que la plus haute juridiction de l'ONU tient à partir de lundi des audiences sur les conséquences juridiques de l'occupation par Israël de territoires palestiniens depuis 1967.
Un nombre inédit de 52 pays sont appelés à témoigner. Les Etats-Unis, la Russie ou encore la Chine s'adresseront aux juges lors d'une session répartie sur une semaine au Palais de la Paix à La Haye, siège de la CIJ. Le 31 décembre 2022, l'Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution demandant à la CIJ de prononcer un "avis consultatif" non contraignant au sujet de l'occupation.
De nouvelles attaques en mer Rouge
Le transport maritime dans les eaux stratégiques de la mer Rouge a de nouveau été visé. Les rebelles houthis, qui contrôlent de vastes régions du Yémen et bénéficient du soutien de l'Iran, ont pris pour cible "deux navires américains" dans le golfe d'Aden, a déclaré le porte-parole militaire des Houthis, Yahya Saree, dans un communiqué. Depuis début décembre, les attaques des rebelles yéménites visant des navires de pays qu'ils accusent d'être liés à Israël, se sont multipliées, portant un coup sévère aux échanges commerciaux dans la zone. Les Houtis déclarent agir en solidarité avec les Palestiniens dans la bande de Gaza.
Toujours dans un communiqué, le porte-parole des rebelles yéménite a déclaré qu'ils ont également pris pour cible "un navire britannique dans le golfe d'Aden, le 'Rubymar', avec des missiles navals".
Face à la poursuite de ces attaques et à leurs conséquences sur le transport maritime, l'Union européenne a annoncé, lundi, le lancement d'une mission de protection du trafic maritime en mer Rouge. Alors que les perturbations touchent notamment les livraisons d'hydrocarbures, le ministre de l'Energie du Qatar, Saad al-Kaabi, a affirmé lundi que la "racine du problème" en mer Rouge était "l'invasion israélienne de Gaza", appelant à un cessez-le-feu dans l'enclave palestinienne.
Après les déclarations de Lula, la crise diplomatique entre le Brésil et Israël se poursuit
La crise diplomatique provoquée par les déclarations du président brésilien Lula comparant la guerre à Gaza à la Shoah s'est envenimée lundi : Lula est désormais "persona non grata" en Israël, dont l'ambassadeur a été convoqué par le gouvernement de Brasilia. "Les propos tenus par le président brésilien Lula lorsqu'il a comparé la juste guerre de l'Etat d'Israël contre le Hamas, qui a assassiné et massacré des Juifs, à Hitler et aux nazis sont une honte et une attaque antisémite grave contre le peuple juif et l'Etat d'Israël", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, lors d'une visite au mémorial de la Shoah Yad Vashem à Jérusalem, où il avait convoqué l'ambassadeur brésilien en Israël.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait dénoncé dimanche des propos "honteux et graves". Le ministre brésilien des Affaires étrangères a répliqué en convoquant lundi l'ambassadeur israélien au Brésil. "Face à la gravité des déclarations de ce matin du gouvernement israélien, le ministre Mauro Vieira (...) a convoqué l'ambassadeur israélien Daniel Zonshine" à Rio de Janeiro, a fait savoir le ministère brésilien dans un communiqué. Il a en outre "rappelé pour consultations l'ambassadeur brésilien à Tel-Aviv, Frederico Meyer, qui partira pour le Brésil" mardi.