« Une question de survie » : ce que révèle l’alerte de l’ONU sur la fonte des glaciers
Les rapports sur le réchauffement climatique s’enchaînent et se ressemblent dangereusement, sans pour autant déclencher un changement de modèle d’ampleur. Pourtant, c’est « une question de survie », rappelle l’Organisation des Nations Unies (ONU) dans une nouvelle alerte.
À l’occasion de la première journée mondiale des glaciers le vendredi 21 mars, l’Organisation météorologique mondiale (OMM), institution spécialisée de l’ONU, a publié un communiqué alarmant : toutes les régions glaciaires ont enregistré une perte de masse nette en 2024, pour la troisième année consécutive.
L’équivalent d’un bloc de glace de la taille de l’Allemagne
Ils ont perdu dans leur ensemble 450 milliards de tonnes, selon l’OMM à partir des données du Service mondial de surveillance des glaciers (WGMS). La perte de masse a été relativement modérée dans des régions comme l’Arctique canadien ou les glaciers périphériques du Groenland, mais les glaciers de Scandinavie, du Svalbard et d’Asie du Nord ont eux connu la pire année jamais enregistrée.
En se fondant sur une compilation d’observations mondiales, le WGMS estime que les glaciers (à l’exception des calottes glaciaires continentales du Groenland et de l’Antarctique) ont perdu plus de 9 000 milliards de tonnes depuis le début des relevés, en 1975, soit l’équivalent d’« un bloc de glace de la taille de l’Allemagne et d’une épaisseur de 25 m », compare le directeur du WGMS, Michael Zemp, en conférence de presse.
Au rythme actuel, de nombreux glaciers de l’ouest du Canada et des États-Unis, de Scandinavie, d’Europe centrale, du Caucase, de Nouvelle-Zélande et des tropiques ne survivront pas au XXIe siècle, selon l’OMM, qui rappelle que l’assèchement des « châteaux d’eau » de la planète menace l’approvisionnement en eau de centaines de millions de personnes. « La préservation des glaciers n’est pas seulement une nécessité environnementale, économique et sociétale. C’est une question de survie », alerte en effet la secrétaire générale de l’OMM, Celeste Saulo, dans le communiqué.
Accélération du réchauffement climatique, montée des eaux, maladies…
Pour rappel, la zone boréale arctique s’est réchauffée environ quatre fois plus rapidement qu’ailleurs sur Terre ces quarante dernières années, selon une étude publiée le 16 janvier dans Geophysical Research Letters. Comme l’expliquait le glaciologue Jean-Baptiste Bosson dans l’Humanité, le 10 décembre dernier, la glace couvre « de couleur blanche 10 % des terres émergées de la planète, ce qui renvoie beaucoup de rayonnement solaire ». La fonte provoque ainsi moins de renvois de chaleur dans l’espace, et plus d’absorption terrestre.
Début mars, le réseau européen Copernicus révélait encore que l’étendue cumulée de la banquise autour des deux pôles avait atteint un nouveau minimum historique. Le 13 mars, la Nasa mettait en garde contre l’accélération de l’augmentation du niveau de la mer, notamment à cause de la fonte des glaciers. Avec une potentielle montée des eaux de 50 centimètres en 2050, 1 milliard de personnes dans le monde seront exposées, en particulier en Asie, dont les zones côtières sont densément peuplées.
Enfin, selon les scientifiques, la fonte du permafrost pourrait contribuer à l’apparition, à la circulation et au développement de nouveaux virus. Aussi appelé pergélisol, il correspond aux sols gelés, vieux de plusieurs millénaires, dont la température reste figée en dessous du seuil de 0 °C durant au moins deux années consécutives. Il recouvre environ 20 % de la surface terrestre, essentiellement dans les hautes latitudes, au Groenland, en Alaska et en Sibérie.
Le permafrost agit comme une prison de glace : il renferme un monde microscopique ancien et méconnu. Avec son dégel, les virus et bactéries qu’il contient peuvent se libérer, entraînant un risque sanitaire pour l’homme. À ce jour, aucun consensus scientifique n’a en fait émergé sur ce problème, bien que de nombreuses études existent sur ces micro-organismes endormis.
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