Réchauffement climatique : les objectifs des plus grandes entreprises françaises ne permettraient de réduire leurs émissions que de 12 %

Alors que la Commission européenne a présenté le 26 février le projet de loi « Omnibus », actant un retour sur les principales avancées du Green Deal et surtout sur le devoir de vigilance des entreprises, Notre Affaire à Tous publie la cinquième édition de son « Benchmark de la vigilance climatique des multinationales ».

Dans cette analyse de 26 grandes entreprises françaises (EDF, ENGIE, TotalEnergies, AXA, BNP Paribas, Crédit Agricole, Natixis, Société Générale, Air Liquide, ArcelorMittal, Bolloré, Schneider Electric, Veolia, Aéroports de Paris, Airbus, Air France – KLM, Michelin, Renault, Stellantis-PSA, Bouygues, Eiffage, Vinci, Auchan, Carrefour, Casino, Danone), l’association de défense de l’environnement conclut que les objectifs affichés par ces multinationales « ne permettraient de réduire leurs émissions que de 12 % en 2030, loin des 50 % requis par l’accord de Paris ».

Loi « Omnibus » et détricotage du Green Deal

Le Green Deal, ou « Pacte vert pour l’Europe », présenté par la Commission Européenne en 2019 et mis en œuvre en juillet 2021, vise à la réduction d’au moins 55 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030, par rapport à 1990, et s’engageait à la neutralité carbone (équilibre entre les émissions de GES et leur absorption via les puits de carbone naturels, notamment les forêts et les océans) en 2050. La loi « Omnibus » présentée le 26 février a dans son viseur certaines des mesures phares du Green Deal, notamment la directive sur le reporting extra-financier des entreprises (CSRD) et le devoir de vigilance des entreprises (C3SD).

Si ces acronymes peuvent paraître abscons, il s’agit pourtant des plus importantes normes environnementales et sociales en Europe visant à faire respecter par les multinationales les droits humains et prévenir les atteintes à l’environnement. Notre Affaire à Tous souligne même « l’extrême importance » de les maintenir et « exhorte le Parlement européen et les États membres à rejeter massivement les propositions catastrophiques de la loi Omnibus présentée le 26 février par la Commission Européenne ».

« Sans normes contraignantes, les entreprises ne sont pas au rendez-vous »

Dans son « Benchmark de la vigilance climatique des multinationales », Notre Affaire à Tous analyse les mesures de vigilance climatique de 26 grandes entreprises françaises et dresse un constat clair : « l’autorégulation est un échec et sans normes contraignantes dont l’application est contrôlée, les entreprises ne seront pas au rendez-vous de la transition ». En France la loi sur le devoir de vigilance oblige les entreprises à identifier les risques d’atteinte aux droits humains et à l’environnement et à prendre des mesures propres à éviter la survenance de ces risques, rappelle l’association qui utilise le droit comme un levier stratégique de lutte contre la crise environnementale. Mais, sans contrôle et surtout sans réelle ambition politique, cette loi n’est toujours pas appliquée.

Il s’agit pourtant d’un enjeu central : ces 26 grandes entreprises pourraient agir « à elles seules sur 4,51 % des émissions mondiales de GES », selon le calcul de l’association, qui montre que « les entreprises ne s’estiment pas tenues de faire leur part pour limiter le réchauffement à 1,5 °C ». En effet l’étude de Notre Affaire à Tous dévoile que la plupart des entreprises tentent de se déresponsabiliser, notamment en renvoyant au caractère global du réchauffement climatique, en refusant d’admettre qu’elles contribuent activement au phénomène, ou encore en prétextant avoir besoin (encore) de subvention publique, malgré leurs profits colossaux.

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