Intermarché revient sur sa promesse : 28 magasins rachetés à Casino risquent la fermeture et près de 700 emplois sont en danger

La longue déchéance de Casino se poursuit indirectement, alors que le groupe de grande distribution a été scindé au gré des ambitions de concurrents prêts à mettre le grappin sur le patrimoine du groupe criblé par plus de 6 milliards d’euros de dette. C’est ainsi que les enseignes Lidl, E. Leclerc, Auchan et Intermarché s’étaient ainsi partagé plusieurs centaines d’hypers et supermarchés Casino, fin 2023. Une vingtaine de magasins ont quant à eux fermé définitivement leurs portes, faute de repreneurs, causant le départ d’environ un millier de salariés.

Le dernier cité, Intermarché, avait notamment mis la main sur 294 magasins, en jouant la carte de l’offre « sociale », qui devait sauver le plus d’emplois possible – près de 4 000 sur les 50 000 que comptait Casino. Réalisée conjointement avec Auchan, l’offre se composait d’un prix affiché de 1,2 milliard d’euros et de l’inclusion d’un tiers des entrepôts. Pourtant, près d’un an plus tard, les promesses sont passées à la trappe.

Loyer trop important, défaut de clientèle et désinvestissement

Selon les informations du média spécialisé la Lettre, la société les Mousquetaires prévoit finalement de fermer 28 anciens hypers et supermarchés estampillés Casino. Un plan qui pourrait coûter leurs emplois à 500, voire 700 salariés. En cause : aucun repreneur – les Mousquetaires est un groupement composé d’adhérents indépendants – ne s’est manifesté pour tenter de sauver ces magasins disséminés à travers la France.

Loyer trop important, défaut de clientèle, désinvestissement de longue haleine demandant une somme importante de renflouage… Ces 28 hypers et supermarchés issus du groupe piloté par le duo de milliardaires Marc Ladreit de Lacharrière et Daniel Kretinsky n’ont pas plus intéressé la concurrence. La taille de certains d’entre eux – comme l’hypermarché situé à Lucé, en Eure-et-Loir, et ses plus de 90 salariés au compteur – va amener à un plan social d’ampleur dans des régions précises.

La fermeture d’autres magasins, plus modestes, va quant à elle impacter des municipalités menées par des pontes d’envergure nationale – qui pourraient donc peser de leurs poids -, comme le premier ministre François Bayrou à Pau, ou le républicain Jean-François Copé à Meaux. La Lettre ajoute que ces derniers ont ainsi été prévenus par le groupe derrière Intermarché.

Une « opération déminage » a donc été lancée auprès du gouvernement au sein de la direction des Mousquetaires, « avec l’appui extérieur de la communicante de crise Anne Méaux, patronne d’Image 7 », révèle la Lettre. Le cabinet d’Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail, a ainsi été informé par les représentants des Mousquetaires du plan social à venir, dès le 28 janvier 2025. Une seconde rencontre avec les ministères du Commerce et de l’Économie doit suivre.

« Les émissaires du groupe devraient également s’entretenir avec deux proches collaborateurs du premier ministre François Bayrou, son conseiller spécial, Éric Thiers, et son directeur de cabinet, Nicolas Pernot, fin connaisseur des territoires », résume la Lettre. L’objectif serait alors, pour les différentes parties prenantes des négociations, de se donner jusqu’au mois de mai, afin de trouver une solution et d’éviter une énième casse sociale au sein de Casino.

Le tout avec l’idée que certains hypers et supermarchés échappent au plan social envisagé. Si aucune solution n’est trouvée, ces magasins Casino s’ajouteront aux quinze que l’Autorité de la concurrence a supprimé de la liste initialement dévolue à Intermarché, en novembre 2024. Des magasins que Carrefour, Lidl et Coopérative U tentent, eux, de récupérer.