Kamala Harris sur CNN: une première interview en tant que candidate, sans prise de risque

Washington

C'était sa première grande interview depuis qu’elle est devenue la candidate démocrate, et donc un test important. En fait, cet entretien de Kamala Harris sur CNN aux côtés de son colistier Tim Walz, qui a duré moins de 30 minutes, a ressemblé davantage à une présentation de la vice-présidente au public américain qu'à une interview. Elle est restée vague sur les mesures qu'elle souhaitait mettre en place une fois à la Maison-Blanche, si elle est élue, se contentant de généralités - «renforcer la classe moyenne», réduire le coût des denrées alimentaires, maintenir et accroître les crédits d'impôt pour enfants, investir dans le logement social…

Kamala Harris n'a pas cherché à se différencier de Joe Biden, même si elle appelle à «tourner la page» . Elle a salué son «intelligence, son jugement, son engagement et sa disposition à servir les Américains». Elle a estimé qu'économiquement, il avait fait «du bon boulot», même s'il y a «encore du travail à faire». Et alors que dans le passé, l’actuelle vice-présidente s'était montrée plus critique que le président à l'égard d'Israël et de la crise humanitaire à Gaza, elle a clairement dit qu'elle n'entendait pas mener une politique différente. Elle a insisté sur son soutien «indéfectible» à Israël et son droit à se défendre, avant d'ajouter que «bien trop d'innocents Palestiniens avaient été tués».

Quant aux critiques qui lui reprochent d'avoir changé de position et de ne plus soutenir l'interdiction de la fracturation hydraulique, ou la décriminalisation des migrants illégaux, comme lors de sa candidature aux primaires en 2020, Kamala Harris a répondu que «ses valeurs n'ont pas changé». L'administration Biden-Harris n'a pas interdit le fracking et a poussé à une loi qui aurait sérieusement durci la politique d'immigration, s'est-elle défendue. Et la vice-présidente a soutenu le plan Biden d'investissement sur la lutte contre le réchauffement climatique qui contenait des mesures pour doper l'exploration pétrolière sur les terrains fédéraux, a-t-elle ajouté.

Présidente de «tous les Américains»

Kamala Harris, à son habitude, a répété qu'elle voulait être la présidente de «tous les Américains» et qu'elle était prête à recruter un Républicain dans son administration, pour avoir des «vues différentes». Elle a refusé également d'attaquer Donald Trump qui l'a accusée d'être «devenue noire» par calcul politique. «Même vieille tactique éculée», s'est-elle contentée de dire. Le seul moment où elle est un peu sortie de sa réserve et a donné une touche personnelle, c'est quand elle a évoqué la photo de sa petite-nièce en train de la regarder parler à la Convention. Elle a reconnu que cette scène l'avait «profondément touchée». «Ça rend très humble», a-t-elle reconnu.

L'enjeu de l'interview était important. C'était la première fois que l'Amérique voyait la candidate démocrate s'exprimer sans téléprompteur. Il lui fallait aussi faire taire les critiques des Républicains qui n'ont cessé de clamer qu'elle avait fait exprès de tarder à accorder une interview parce qu'elle était incompétente et avait peur de répondre aux questions. Kamala Harris, au début de sa vice-présidente notamment, avait en effet accordé quelques interviews peu réussies.

Cette fois cependant, elle est apparue souriante, sûre d'elle, relativement à l'aise... Bref, présidentielle. Cela va-t-il lui attirer des voix ? Pas sûr, car au final, elle n'a rien annoncé de précis. Surtout, ces trente petites minutes ne disent pas si elle sera capable d'affronter Donald Trump lors du débat normalement prévu le 10 septembre. Ce dernier a commenté sa prestation sur son réseau social par un seul mot : «ENNUYEUX». Ce qui est sans doute le meilleur des compliments pour Kamala Harris, qui voulait avant tout éviter les couacs.