« L’argent, rendez-le nous ! » : à la Fête de l’Humanité, Fabien Roussel tacle les plus riches

Fabien Roussel a pris la parole à l’occasion de son meeting annuel à la Fête de l’Humanité ce samedi 13 septembre. Comme lors d’un déjeuner de presse tenu vendredi, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) a souhaité s’inscrire dans cette rentrée sociale, entre les dates charnières du 10 et du 18 septembre. « La prise de conscience que les riches nous font les poches, une conscience de classe oserais je dire, grandit dans le pays », a-t-il lancé de l’estrade du stand national du PCF. « On a assez donné ! L’argent, rendez-le nous ! », a-t-il déclaré, alors que depuis 2017 le patrimoine des plus grosses fortunes a doublé.

Face à ces inégalités qui se creusent chaque jour un peu plus, quelle réponse à gauche ? Pour le maire de Saint-Amand-les-Eaux (Nord), celle-ci réside dans le mouvement social, aussi bien sous sa forme syndicale que plus hétéroclite et spontanée, comme il a pu s’exprimer le 10 septembre. Le communiste en a ainsi profité pour rendre hommage à la « belle mobilisation jeune, joyeuse et créative » qu’a été le mouvement « Bloquons tout ». « Il y avait plus de 1 000 grèves, se réjouit-il. Honte à Bruno Retailleau, et à la provocation policière qui a eu lieu dans le pays. Le bloqueur en chef, l’ingénieur du chaos, c’est Emmanuel Macron. »

Le dirigeant du PCF a par la suite invité ses militants à répondre en masse à l’appel de l’intersyndicale, dont la mobilisation est prévue pour le 18 septembre, et qui devrait mobiliser encore plus de monde.

« Les mêmes causes produiront les mêmes effets »

Sur le terrain plus institutionnel, Fabien Roussel avait déjà présenté, vendredi, ses lignes rouges à l’intention du nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu. Il a profité de son allocution pour les rappeler : ⁠l’abandon du budget Bayrou, l’augmentation générale des salaires, l’abrogation de la réforme des retraites et la taxation des plus riches et des grandes entreprises. Sous peine de censure pour celui qu’il considère comme une pâle copie d’Emmanuel Macron et un facsimilé de François Bayrou : « Bayrou et Lecornu c’est chou vert et vert chou ! ».

« Sans rupture claire et franche, les mêmes causes produiront les mêmes effets, estime Fabien Roussel. Nous n’avons pas peur de la censure. Et si cela veut dire dissolution, et bien dont acte nous n’avons pas peur de retourner devant le peuple. »

D’où, selon lui, « le besoin d’un État plus fort, stratège, social, qui joue son rôle, qui fait de la planification écologique, qui nationalise quand c’est nécessaire ». Fabien Roussel a cité en exemple la situation des universités françaises, dont il a rencontré plusieurs présidents. « Elles sont presque toutes en faillite, alerte l’élu communiste. Je le répète à la jeunesse : nous n’abandonnerons pas nos étudiants ni la science et nos chercheurs. »

Il en va de même, selon lui, pour le mouvement associatif, particulièrement menacé par le budget austéritaire poussé par le camp macroniste. Il est enfin revenu sur la réforme des retraites tant décriée et à l’origine d’un mouvement social d’ampleur. « Quand les retraites augmentent, elles ne partent pas dans les paradis fiscaux, rappelle-t-il. Les retraités consomment. Il faut redonner de l’air aux travailleurs et aux boomers. »

« Il est possible d’adopter la taxe Zucman, de rétablir l’impôt sur la fortune, de demander des comptes aux grandes entreprises qui touchent 211 milliards d’aides publiques !, énumère Fabien Roussel, en guise d’exemples. D’autres pays comme l’Allemagne n’hésitent pas à sortir le bazooka budgétaire pour faire des investissements massifs. C’est le chemin que doit prendre la France. »

C’est pourquoi le Parti communiste français soutient un “pacte pour la France” sous la forme d’un plan de relance à 100 milliards d’euros annuels sur cinq ans : « Nous baisserons le prix du train, de l’électricité, des logements par l’investissement et le développement des infrastructures. »

« Il faut que toute la gauche soit au rendez-vous »

C’est à ce moment que les priorités de l’Élysée, dont les ambitions militaristes ne cessent d’être privilégiées, doivent être remises en cause. « Je préfère que l’on mette l’argent dans les écoles plutôt que dans les bombes, lance Fabien Roussel. Il vaut mieux remplir les têtes que de couper les têtes. »

Pour contrer la mainmise de l’Union européenne (UE) – elle-même soumise aux volontés des États-Unis -, le secrétaire national du PCF propose la mise en place d’un référendum. L’objectif : échapper à cet accord « de soumission » conclut entre l’UE et la Maison Blanche.

Toujours sur l’international, Fabien Roussel a fait applaudir la Palestine, victime d’un « génocide » et de la politique « terroriste » du premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou. « Lui, comme le Hamas, devront rendre des comptes à l’humanité tout entière », a déclaré Fabien Roussel, avant d’enfiler un keffieh offert par un cadre de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le dirigeant du PCF a ensuite relayé l’appel à manifester le 21 septembre prochain en hommage au peuple palestinien.

Fabien Roussel a conclu son discours en ouvrant sur les perspectives à venir. La vague brune qui s’empare de l’Hexagone, comme de l’Europe, doit être un signal d’alarme, estime le dirigeant communiste. « Pour lutter contre l’extrême droite, il faut que toute la gauche soit au rendez-vous », annonce-t-il, alors que plusieurs représentants des partis de gauche, dont le socialiste Olivier Faure, sont présents dans la foule.

« Nous ferons tous, nous communistes, pour être au diapason des rassemblements les plus larges, les plus efficaces et les plus proches du terrain. » Fabien Roussel l’assure : « Nos désaccords sont une richesse. Ne faisons pas des élections des affaires de casting et débattons entre nous, mais aussi avec vous. » Le secrétaire national du PCF, qui pour le moment préfère éluder la question de la présidentielle, avait déjà déclaré, vendredi, que l’accord de 2024 du Nouveau Front populaire ne serait pas reconduit en cas de législatives anticipées, mais qu’il faut un « nouvel accord » avec des négociations par département.

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