Brésil : Jair Bolsonaro condamné à 27 ans de prison pour tentative de coup d’État
Видео по теме
Un procès historique. Malgré les tentatives d’intimidation de Donald Trump, l’ancien chef de l’État brésilien Jair Bolsonaro (2019-2022) a été condamné, jeudi 11 septembre, à 27 ans et trois mois de prison pour tentative de coup d’État. Sur les cinq juges de la Cour suprême, quatre se sont prononcés en faveur de la condamnation de l’ancien dirigeant d’extrême droite, alors qu’un seul magistrat a voté pour la relaxe. Il encourait une peine de quarante-trois ans de prison.
Jair Bolsonaro a été reconnu coupable du chef d’une « organisation criminelle » ayant conspiré pour assurer son « maintien autoritaire au pouvoir ». Jugé avec sept anciens proches collaborateurs dont plusieurs ex-ministres et généraux, Jair Bolsonaro était sur le banc des accusés pour avoir voulu empêcher le retour au pouvoir de l’actuel président de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, après sa défaite, lors de l’élection de la fin 2022. Ses coaccusés ont été condamnés à des peines allant de deux à 26 ans de prison.
Cinq jours pour faire appel
Inéligible jusqu’en 2030, l’ancien dirigeant était assigné à résidence depuis le mois d’août. Selon ses conseils, il n’était pas présent à l’audience, pour motif de santé. Sa défense a qualifié la peine d’« incroyablement excessive » et a annoncé qu’il ferait appel, « y compris au niveau international ». Selon une source de la Cour suprême, la défense aura cinq jours pour faire appel, une fois le jugement publié. Jair Bolsonaro ne pourrait être envoyé en prison qu’une fois tous ses recours épuisés, a expliqué à l’Agence France-Presse Thiago Bottino, professeur de droit pénal à la Fondation Getulio Vargas.
Le fils aîné de l’ancien dirigeant, le sénateur Flavio Bolsonaro a de son côté indiqué que l’ancien chef de l’État gardait « la tête haute pour affronter » ce qu’il a qualifié de « persécution ». Il a affirmé que leur camp politique allait mettre « toutes ses forces » pour « unir le Parlement » autour d’un projet d’amnistie incluant son leader, et que son entourage planchait déjà sur de possibles recours contre une condamnation, rapporte l’AFP.
Des tentatives d’intimidations des États-Unis
En parallèle, les partisans de Jair Bolsonaro tentent de faire approuver au Parlement une loi d’amnistie, au bénéfice de l’ancien dirigeant et des centaines de personnes condamnées pour avoir pris d’assaut, le 8 janvier 2023, les trois principales institutions démocratiques du Brésil : le Congrès, le Tribunal suprême fédéral et le Palais présidentiel de la place des Trois-Pouvoir à Brasilia.
Dans la foulée de l’annonce de la condamnation de Jair Bolsonaro, le secrétaire d’État des États-Unis Marco Rubio a promis des représailles : « La Cour suprême du Brésil a injustement décidé d’emprisonner l’ancien président Jair Bolsonaro », a-t-il déclaré, jeudi 11 septembre, sur X, ajoutant que les États-Unis « répondront en conséquence à cette chasse aux sorcières ». Une énième ingérence de l’administration états-uniennes en soutien à son allié d’extrême droite à laquelle le ministère brésilien des Affaires étrangères a répondu : « Des menaces comme celles proférées aujourd’hui par le secrétaire d’État américain Marco Rubio (…) n’intimideront pas notre démocratie. », a-t-il écrit sur le réseau social X.
Les États-Unis avaient déjà orchestré une tentative d’intimidation deux jours plus tôt. La porte-parole du gouvernement, Karoline Leavitt, avait rappelé que ce dossier était « une priorité pour le gouvernement » tout en ajoutant que le président Donald Trump n’avait « pas peur d’utiliser la puissance économique et militaire des États-Unis pour protéger la liberté d’expression dans le monde entier ». Elle précisait toutefois qu’aucune « mesure supplémentaire » n’était prévue contre le Brésil, qui s’est déjà vu infliger 50 % de surtaxes douanières, soit les plus élevées infligées par l’administration Trump à ses partenaires commerciaux.
Oui, on s’en doute : vous en avez assez
Voir ces messages d’appel au don, ça peut être pénible. Nous le savons. Et on doit bien vous avouer que nous préférerions ne pas avoir à les écrire…
Mais voilà : c’est crucial pour l’Humanité. Si ce titre existe toujours aujourd’hui, c’est grâce au financement régulier de nos lectrices et lecteurs.
- C’est grâce à votre soutien que nous pouvons exercer notre métier avec passion. Nous ne dépendons ni des intérêts d’un propriétaire milliardaire, ni de pressions politiques : personne ne nous dicte ce que nous devons dire ou taire.
- Votre engagement nous libère aussi de la course aux clics et à l’audience. Plutôt que de chercher à capter l’attention à tout prix, nous choisissons de traiter les sujets que notre rédaction juge essentiels : parce qu’ils méritent d’être lus, compris, partagés. Parce que nous estimons qu’ils vous seront utiles
À l’heure actuelle, moins d’un quart des lectrices et lecteurs qui viennent plus de 3 fois sur le site par semaine nous aident à financer notre travail, par leur abonnement ou par leurs dons. Si vous voulez protéger le journalisme indépendant, s’il vous plaît, rejoignez-les.