Au Brésil, le procès de Bolsonaro fait déjà date
Le verdict du Tribunal suprême fédéral (TSF) du Brésil fera date à bien des égards. La plus haute instance judiciaire est en train de statuer sur le sort de l’ex-président Jair Bolsonaro, accusé d’être à la tête d’une « organisation criminelle » qui a fomenté une tentative de coup d’État en janvier 2023. Cet ancien capitaine raciste et homophobe n’a jamais digéré sa défaite à la présidentielle face à l’emblématique figure de la gauche, Luiz Inacio Lula da Silva.
Il encourt une peine de quarante-trois ans de prison. C’est donc peu dire que, depuis ce mardi, les yeux sont rivés sur cette place des Trois-Pouvoirs qui abrite le TSF, que les partisans de Bolsonaro chauffés à blanc avaient violemment investie, à la manière des nervis de Trump lors de leur prise du Capitole en 2021.
Quelle que soit la sentence – qui devrait tomber d’ici au 12 septembre –, ce procès est déjà historique. Jamais auparavant, les auteurs de putsch contre l’ordre démocratique et institutionnel n’avaient été traduits en justice. Pas même les dignitaires de la dictature militaire.
D’aucuns veulent y voir un gage de maturité de la jeune démocratie du géant économique sud-américain. Il est surtout le signe de la régénérescence de la justice, hier encore cheval de Troie de l’extrême droite. Transformée en un instrument politico-répressif contre la gauche, elle avait conduit Lula derrière les barreaux, malgré un dossier vide, pour ouvrir le chemin de la présidence à Bolsonaro.
L’internationale néofasciste, au chevet de son ami, redouble de pressions et d’ingérences. Donald Trump qualifie la procédure de « chasse aux sorcières » à même de justifier ses surtaxes douanières de 50 % contre le Brésil. Washington est même allé jusqu’à infliger des sanctions économiques au juge Alexandre Moraes, en charge du procès.
Pas de quoi impressionner ce magistrat, convaincu que l’ancien militaire projetait d’instaurer une « véritable dictature ». La probable condamnation de Bolsonaro ne signe pas pour autant la fin du bolsonarisme, ni celle de l’extrême droite brésilienne. Au sein même de son clan et dans les rangs de l’ultradroite, on affûte déjà les couteaux dans la perspective de la présidentielle de 2026.
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