Au Brésil, verdict imminent dans le procès de Jair Bolsonaro pour tentative de coup d’État et menaces contre Lula
Le démêlé judiciaire de Jair Bolsonaro touche à sa fin. Ouvert le 19 mai 2025, le procès pour « tentative de coup d’Etat » contre l’ancien président brésilien entame sa phase décisive ce mardi 2 septembre. Le verdict de la Cour suprême fédérale, à Brasilia, est attendu d’ici une dizaine de jours.
Cinq juges de la plus haute instance judiciaire brésilienne ont ouvert les audiences ce matin pour déterminer la peine. Parmi eux, Alexandre de Moraes, farouche adversaire institutionnel et cible régulière des attaques publiques de Bolsonaro, qui l’avait qualifié de « canaille ».
Jair Bolsonaro jugé pour coup d’État et complot contre Lula
Déjà en 2019, ce juge avait été le rapporteur de « l’inquérito das fake news » (enquête judiciaire sur les fake news) visant à identifier les réseaux de désinformation soutenant l’ancien président.
Aujourd’hui, l’enjeu est d’une toute autre ampleur : juger l’aventure putschiste de l’ex-président d’extrême droite, à la tête du pays de 2019 à 2023.
Le fait de juger un ancien président pour de tels faits est une première depuis la dictature militaire (1964-1985), dont Jair Bolsonaro se réclame parfois nostalgique, et d’aucuns voient en ce procès un test majeur pour la capacité des tribunaux brésiliens à sanctionner des dérives anti-démocratiques.
Il risque jusqu’à 43 ans de prison. Jair Bolsonaro est poursuivi, aux côtés de sept anciens collaborateurs – dont trois généraux, un amiral et deux chefs du renseignement — pour avoir conspiré afin de garantir son « maintien autoritaire au pouvoir ».
« Ne voulant pas accepter sa défaite, Jair Bolsonaro a tenté un coup d’État. L’enquête a même révélé un plan visant à assassiner le président de la République, Lula, son vice-président ainsi que le président de la Cour suprême » (Alexandre de Moraes, NDLR) expliquait il y a peu à à l’Humanité, Luciana Santos, ministre brésilienne des Sciences, de la Technologie et de l’Innovation et présidente du Parti communiste de la première puissance économique latino-américaine, tout en se demandant « si en Europe l’on se rend compte de l’extrême gravité des faits ».
Donald Trump prend parti pour l’ancien président brésilien
De son côté, l’intéressé nie toute accusation et préfère dénoncer une « persécution politique ». Assigné à résidence depuis un mois, soumis à un bracelet électronique en raison de ses prises de parole répétées sur les réseaux sociaux malgré un interdiction judiciaire et surveillé par une voiture de police après que la police a découvert qu’il envisageait de fuir vers l’Argentine de Javier Milei, Bolsonaro ne comparaîtra pas en personne devant la Cour suprême, selon ses avocats.
Le sort de l’ancien président continue de diviser profondément l’opinion publique brésilienne ; Luciana Santos soulignant dans no colonnes que l’ère Bolsonaro a laissé « un héritage délétère » sur les valeurs démocratiques du pays. « Un radicalisme s’est propagé aux fondements mêmes de la société, avec un extrémisme et des concepts pouvant nuire aux échanges civilisés et respectueux entre personnes ».
Malgré les nombreuses preuves – dont plusieurs témoignages accablants – présentées contre Jair Bolsonaro, des milliers des partisans continuent d’exprimer leur soutien dans les rues, réclamant son amnistie et allant jusqu’à saluer les mesures prises par le gouvernement de Donald Trump, qui n’avait pas hésité à s’inviter dans cette affaire.
Prenant fait et cause pour l’ex-président autoritaire, la Maison blanche avait notamment « puni » le gouvernement du président Lula, début août, en imposant – dans le cadre de sa guerre commerciale – jusqu’à 50 % de surtaxes douanières à une bonne part des exportations brésiliennes vers les États-Unis, au motif de la supposée « chasse aux sorcières » visant Bolsonaro. L’issu de ce procès, déjà historique, pourrait encore attiser les tensions entre le géant du Nord et celui du Sud.
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