Arrivée de Jean-Marc Morandini dans les locaux de CNews : la nouvelle provocation du groupe Bolloré
Malgré les condamnations pour corruption de mineurs, un nom radioactif dans les rédactions pour lesquelles il officie comme médiatiquement, Jean-Marc Morandini peut compter sur le soutien inconditionnel du groupe Bolloré. Symbole de la mainmise du milliardaire breton, chantre de l’extrême droite française et gestionnaire autoritaire de son empire médiatique, l’animateur profite d’une impunité longue de neuf années. Le média indépendant les Jours dévoile, dans une nouvelle enquête publiée mercredi 25 juin, qu’une énième barrière pourrait être franchie à la rentrée prochaine : l’installation de Jean-Marc Morandini au sein des locaux de CNews et – potentiellement – ceux d’Europe 1.
« Il sera physiquement rue des Cévennes, à Paris, dans le même immeuble qu’Europe 1, le JDD et tous les médias bollorisés », révèle média en ligne, qui annonce aussi que les élus syndicaux de Canal Plus ne seraient « pas au courant » de ce choix éditorial – et politique. Si cette arrivée se confirme, elle signera la victoire définitive de la ligne Bolloré sur ses rédactions, alors qu’un semblant de cordon sanitaire hérité du conflit avec la rédaction d’I-Télé tenait jusqu’ici. Le protocole de sortie de grève signé il y a neuf ans permettait aux salariés de « refuser de travailler pour toute émission présentée et/ou produite par Jean-Marc Morandini », interdisait la promotion de ses émissions et officialisait le droit de ne pas rendre compte de Morandini Live sur les réseaux sociaux.
« Un petit vent de panique au sein de la station »
L’animateur officie depuis dans un studio isolé des locaux du groupe. L’ancienne tête d’affiche de feu NRJ12 et d’Europe 1, dont il a été évincé en 2016 suite aux révélations des Inrockuptibles sur ses faux castings organisés dans son domicile, où il intimait des adolescents à se masturber face à lui, s’était néanmoins retrouvée sous le feu des projecteurs début juin, lorsque le non moins sulfureux Cyril Hanouna annonçait son retour sur les ondes de la radio bollorisée.
Jean-Marc Morandini devait alors assurer le remplacement de l’ancien présentateur-producteur de Touche pas à mon poste ! (TPMP) dans son émission On marche sur la tête, en instance de départ pour le groupe M6, le vendredi 9 juin et le lundi 16 juin. Un retour en force qui s’est prolongé, comme l’a révélé Mediapart le 17 juin dernier. « L’animateur officiait encore mardi 17 juin sur la tranche de Cyril Hanouna, suscitant un petit vent de panique au sein de la station », annonçait le média d’investigation. En cause : l’arrivée au même moment d’élèves de seconde pour un stage d’observation à Europe 1. Ces derniers ont été installés dans une salle située à « l’entresol » des locaux, et ont visité la rédaction lorsque l’animateur était absent.
Surtout, le directeur de l’information et directeur général d’Europe 1, Donat Vidal-Revel, a laissé la porte ouverte, lors d’un comité social et économique (CSE) organisé le 30 avril dernier, à un possible retour de l’animateur multicondamné. S’il « a bien conscience de sa situation judiciaire très complexe », il n’a pas hésité à louer Jean-Marc Morandini, « l’un des meilleurs journalistes radio qui soit », selon lui. Son arrivée sur les ondes d’Europe 1 faisait donc « partie des pistes envisagées, même si absolument rien n’est décidé pour l’instant ». Sauf que la direction d’Europe 1 a fini, selon les informations des Jours, par y renoncer. La radio du groupe Bolloré « devrait l’annoncer officiellement d’ici la fin de la semaine », annonce le média indépendant. Sauf si un certain propriétaire décide de nouvelle fois interférer en faveur de son protégé.
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