Médias : les abonnés Canal + forcés de regarder CNews pour pouvoir se connecter ?

Des abonnés Canal + ont été contraints de regarder CNews pendant dix à quarante minutes pour rétablir leur accès aux chaînes du groupe, selon une enquête de Médiapart du 20 juin dernier. La procédure aurait été lancée lors des législatives de 2024, et aurait duré jusqu’au 6 juin dernier. L’affaire est clairement scandaleuse : CNews, vitrine idéologique du groupe Canal Plus, propriété de Vincent Bolloré, a une lecture de l’actualité qui se situe clairement à l’extrême droite.

Face aux signalements reçus par L’Arcom, l’autorité qui régule les médias, la direction du groupe s’est justifiée : il ne fallait pas laisser ces personnes « face à un écran noir » en attendant qu’elles puissent à nouveau accéder aux services du groupe, qui sont payants. CNews serait la seule chaîne en français de Canal + à être accessible quelle que soit l’offre souscrite, plaident-ils.

La guerre d’audiences

Mais certains abonnés ont résolu le problème autrement : le site internet de Canal +, mis à jour voici six mois, indique qu’il suffit de laisser le décodeur allumé pendant une heure sur le canal 4, celui de Canal + jusqu’à ce 6 juin, en cas d’abonnement ADSL ou par le câble. L’un des abonnés interviewés par Mediapart s’est même vu recommander par le service clients de se brancher à n’importe quelle chaîne du groupe.

Inciter les abonnés à regarder CNews pour restaurer leurs droits est une décision qui s’inscrirait donc dans la guerre d’audiences à laquelle se livrent les chaînes d’information en continu, et la guerre idéologique du groupe Vivendi dirigé par Bolloré. En tête des audiences depuis l’année dernière, CNews ne cesse de creuser l’écart avec BFMTV. Et ce, malgré le changement de numérotation de la TNT survenu le 6 juin dernier.

Si la procédure n’est plus d’actualité depuis fin mai selon la direction, nombreux sont les abonnés déçus qui ont pris conscience de ce qui se joue réellement. Si certains affirment n’avoir pas vraiment d’autres choix que de rester abonné, d’autres ont préféré résilier leur abonnement.