« Un terrain de jeux pour les services algériens » : Avec l’expulsion de 12 agents consulaires, le gouvernement Macron replonge dans la crise diplomatique
La réponse à la réponse de la réponse… Après la décision d’Alger, dimanche 13 avril, d’expulser douze fonctionnaires français de son territoire – motivé par l’arrestation de trois de ses ressortissants en France -, Emmanuel Macron réplique. L’Élysée a décidé d’expulser « douze agents servant dans le réseau consulaire et diplomatique algérien en France ». L’ambassadeur français Stéphane Romatet a, lui, été rappelé à Paris pour consultations.
« Les autorités algériennes prennent la responsabilité d’une dégradation brutale de nos relations bilatérales », a estimé la présidence de la République française, dans un communiqué. La veille, le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, avait promis une réponse ferme. Cette dernière maintenant annoncée, le locataire du Quai d’Orsay a par la suite déclaré, mercredi 16 avril au micro de France Inter, qu’« il nous faudra un jour ou l’autre revenir à un dialogue franc, lucide et exigeant ».
La désescalade puis l’escalade
Cette annonce intervient après une relative désescalade entre Paris et Alger consécutive à une grave crise de plusieurs semaines alimentée par des récupérations de la droite et de l’extrême droite françaises, sous fond de politique répressive à l’encontre des ressortissants visés par une obligation de quitter le territoire (OQTF) comme d’un rapport néocolonial à l’Algérie. L’arrestation, à l’aéroport d’Alger, de l’écrivain Boualem Sansal, haut fonctionnaire à la retraite proche du magazine d’extrême droite Frontières, le 16 novembre 2024, a aussi échauffé les esprits. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, soutien affiché de groupes d’extrême droite et acteur du racisme systémique en France, s’est notamment placé au cœur du conflit diplomatique, enchaînant les outrances et les menaces.
Celui qui est donc l’un des principaux artisans de la crise diplomatique en cours, obsédé à l’idée de maintenir un bras de fer avec Alger, n’a pas hésité à a remettre de l’huile sur le feu mardi 15 avril : « Il est inadmissible que la France soit un terrain de jeux pour les services algériens. » Interrogé sur la stratégie politique de son homologue, mercredi sur France Inter, Jean-Noël Barrot a temporisé et minimiser les effets de la ligne Retailleau sur les relations diplomatiques entre Paris et Alger. « Il n’a rien à voir avec une décision judiciaire parce qu’en France la justice est indépendante », a répondu le locataire du Quai d’Orsay, à propos de l’expulsion de diplomates algériens, insistant sur le fait qu’il « n’y a qu’une seule ligne au gouvernement. ».
La dernière prise de parole du ministre de l’Intérieur apparaît pourtant à contre-courant de la communication de l’Élysée. Pour rappel, les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune avaient renoué le dialogue, par téléphone, le 31 mars dernier, avant que Jean-Noël Barrot ne parte à Alger le 6 avril pour entériner la reprise d’une relation apaisée. Mais désormais, la France rejette à nouveau la faute sur l’Algérie et appelle son gouvernement à « faire preuve de responsabilité » pour « reprendre le dialogue ».
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